DER SAMURAI (Till Kleinert)

[quote]DATE DE SORTIE FRANCAISE

15 juillet 2015

REALISATEUR & SCENARISTE

Till Kleinert

DISTRIBUTION

Michel Diercks, Pit Bukowski, Uwe Preuss…

INFOS

Long métrage allemand
Genre : horreur
Année de production : 2014

SYNOPSIS

Jakob est la risée des motards de son petit village du Brandebourg, en raison de son manque de virilité. Alors que ce jeune policier doit neutraliser un loup qui rôde aux alentours, c’est un jeune homme athlétique, vêtu d’une robe et armé d’un sabre de samouraï, qu’il rencontre dans les bois ! Ivre de vengeance, ce samouraï compte bien tout laminer sur son passage : les chiens, les nains de jardin et la population homophobe locale. Le doux Jakob, soudain pris d’un brûlant désir sexuel, hésite à interpeller le maniaque, ou s’offrir plutôt à lui et l’accompagner dans son odyssée meurtrière…[/quote]

La bande-annonce :

Bonne réputation en provenance de divers festoches pour ce film au pitch pour le moins singulier. Une curiosité assez bien foutue, paraît-il.

C’est clair que le pitch calme! Mais ca fait envie! ^^

Il est vraiment surprenant, mais en même temps plutôt rassurant, que des péloches comme « Der Samurai » parviennent encore, même péniblement (expédiée en plein été pour cette sortie-ci), à se frayer un chemin vers les salles. Perso, ça me manque de ne plus du tout avoir la possibilité, ou presque, de se prendre une baffe imprévue en provenance d’une petite production singulière, peut-être mal foutue mais couillue et généreuse. Et encore, je n’ai pas connu les glorieuses années 60 et 70, où ce type de bonnes surprises avait lieu chaque semaine ou presque…

C’est déjà ça, mais ça ne sera pas beaucoup plus malheureusement pour ce premier long signé Till Kleinert (à la base c’était même son projet de fin d’études, ai-je cru comprendre), trop maladroit voire balourd pour dépasser le cadre de la curiosité sympathique.
Il y a quelque chose de gonflé à vouloir ainsi créer d’emblée une figure originale de pur cinéma (je veux dire par là : un rapprochement original de deux images, le samourai et le travesti ; c’est en soi une opération de montage…), et à tenter de l’iconiser immédiatement (et en quelques occasions, le cinéaste parvient à faire mouche, comme lors de cette brève mais mémorable scène ferroviaire, et lors de ces brefs combats à la « Kill Bill » mais hors-champ, pour ainsi dire).
Et ce sous-texte sur l’homo-érotisme et la découverte douloureuse de sa sexualité est peut-être lourdaud dans son approche et un peu faussement transgressif, mais je trouve la démarche intéressante quand même ; ça change pour le moins de l’imagerie naturaliste qui prévaut habituellement dans ce genre de récit, et c’est très juste à mon sens dans sa description d’une sexualité naissante comme terra incognita bizarre, violente et assez terrifiante. C’est pataud mais ça marche quand même, si vous voyez ce que je veux dire.

Le tout est malheureusement pas très beau (sauf en de rares occasions, comme cette superbe rencontre silencieuse avec un loup en forêt), et vraiment fauché comme les blés. On oscille entre le gros bis et le Z, par moments, avec d’inévitables passages involontairement (ou pas ? le film se risque avec bonheur sur le terrain de l’humour noir, à deux trois moments…) comiques, comme l’impayable séquence de drague dans le bar.
Attention, je ne suis pas contre les petits budgets, bien au contraire, j’en aime même le rendu particulier sur certains points (comme ici les séquences de nuit, qui ressemblent vraiment à des scènes nocturnes, et pas à des fêtes foraines multi-kilowattées comme sur les grosses prods…). Mais là c’est vraiment un peu trop juste, tout comme la direction d’acteurs (malgré une sacrée trogne à l’ancienne dans le rôle-titre), et l’écriture, qui malgré les points intéressants relevés plus haut tire vraiment trop à la ligne avec ce scénario de court étalé sur la durée d’un long (un long très court, quand même : 79 mn !!! c’est vrai que ça compense un peu…). Une tare qui aurait la tendance malheureuse à se généraliser un peu trop, d’ailleurs, de manière très marquée, dans ce type de cinoche notamment.

Bon, c’est pas encore très convaincant tout ça, mais vous aurez remarqué qu’en vilain optimiste je fais tout pour insister sur les bons points ; encore une fois, ça fait vraiment plaisir par les temps qui courent de voir ce type de films somme toute barrés s’immiscer, à défaut de proliférer, sur le grand écran. Rien que pour ça, j’adhère.