DERNIÈRES LECTURES COMICS

En fait je n’y avais pas pensé comme ça, plutôt dans le sens d’un self-made-coutry (si je peux me permettre).

En substance Turner, explique que c’est la Frontière c’est-à-dire la conquête (et la transformation) du pays qui a transformé les Européens en des Américains pur sucre (pour le dire très vite).
Theodore Roosevelt pense et écrit quelque chose de similaire mais y ajoute l’affrontement de deux races (attention, très schématiquement), et Buffalo Bill en fait comme Turner et Roosevelt, mais de façon très démonstrative et avec une simplicité qui touche des foules immenses, une épopée.

On n’a jamais tort de réfléchir à un sujet, reste à savoir de ce qu’on fait de toute cette « nouvelle matière » ? :wink:

Être orphelin c’est une conséquence si on veut des personnage autofondés, c’est la plus facile.
On peut aussi imaginer Dieu, qui lui aussi est autofondé (lui ça va encore plus loin par certains aspects), l’aspect principal, à mes yeux en tout cas, c’est de vouloir faire des self-made-man.
Des personnages qui ne deviennent ce qu’il finissent pas être que grâce « à la force du poignet » (sans jeu de mots).

Et il y a l’idée sous-jacente de Carlyle, très importante : « Tout ce qui est important est fait par un homme seul » qu’on retrouve derrière le deuxième amendement de la Constitution d’une certaine manière ; cette idée est la pierre angulaire du concept de self-reliance.

Un concept que l’on peut extrapoler par exemple au système de santé : ce n’est pas au collectif de s’occuper de ça, mais à chaque individu.
Idem pour la protection de la Terre, ce n’est pas une entreprise collective mutualiste, et surtout étatique qui y pourvoit mais Superman.
La police de Gotham, force collective représentative de l’Etat (même si aux Etats-Unis la police est surtout municipale), régalienne disons est supplantée par un « homme seul », autofondé Batman.
D’ailleurs d’une certaine façon, Gotham est une ville de la Frontière et son protecteur un vigilant, comme on en trouvait à une époque pas si lointaine aux Etats-Unis.

Je crois que les U.S.A ont depuis toujours donné l’image d’un pays où des individus seuls, toujours détachés de l’Etat pouvait résoudre les problèmes.

Voire à ce propos le détective privé, ce « personnage » qui a aussi une réalité sur notre plan d’existence (mais quand même très différente) n’a jamais été aussi important dans l’imaginaire collectif que lorsqu’il vient des Etats-Unis.

Même l’Angleterre qui a aussi inventé ce personnage (même si selon moi ils ne viennent pas de la même matrice si je puis dire), n’en n’a pas fait un stéréotype aussi présent, aussi puissant.
Même si certains d’ente eux se détachent aisément : Sherlock Holmes pour n’en citer qu’un.

Bref, je continue à travailler le sujet. :wink:

Je me souviens qu’il y avait, quand j’y allais, quelques fois, de belles affaires à faire chez Aapoum Baapoum, celui à côté de Boulinier avait toujours des piles de bouquins à tout petit prix.

Si c’est le cas, tente le coup, non ?

À toutes fins utiles pour ceux que cela intéresse, La Frontière dans l’Histoire des Etats-Unis a été traduit en français aux Presses Universitaire de France.

J’ai l’édition de 1963, ce qui est aussi intéressant d’un autre point de vue, car ça permet de voir sous quelle forme les livres étaient vendus à cette époque, notamment le massicotage des pages. :wink:

Très intéressant, tout ça. Le rapport au système de santé (mais je pense qu’on peut aussi regarder le système éducatif et d’autres aspects de la vie sociale) est passionnant. Merci.

Le thème de la frontière, j’y avais réfléchi il y a des années en travaillant sur l’histoire de la ville de Las Vegas. Pour moi, l’histoire de l’Amérique se « résumait » (c’est en partie faux, d’ailleurs, historiquement, mais d’un point de vue allégorique, ça marche assez bien) à une marche vers l’ouest. Mais une fois que l’océan est atteint, la marche rebondit sur ce mur d’eau pour ensuite repartir à l’est. Et je voyais, dans cette perspective, Las Vegas comme l’étape suivante (après la ruée vers l’or de la Californie, il y a la fondation de la « ville du péché » qui est en lien avec les lois sur le jeu et l’alcool, et qui sera associée à la bombe A avec les fameux « atomic cocktails »). Et je voyais l’histoire de l’Amérique continuer encore à l’est pour arriver finalement à Cap Canaveral, qui tient à la fois de la ville frontière (celle de l’espace), de la ville fantôme (c’est resté un cap avec des îlots d’urbanisation et les rampes de lancement, au bout) et de la ville artificielle (une partie est à visiter, comme dans un Disney World ou un Epcot). Et je me disais que c’était un peu comme une ville avortée, comme si l’histoire de l’Amérique marquait le pas.
Bon, c’était des réflexions plus métaphoriques qu’autre chose, davantage une idée de scénario allégorique qu’une réelle documentation, mais c’est en lisant des choses sur Las Vegas que j’ai rencontré la théorie de la frontière de Turner pour la première fois, il y a une dizaine d’années. Bon, depuis lors, je n’ai pas bien creusé. Merci pour la référence.

Chose intéressante, les policiers (shérifs et autres agents du FBI) avaient la part belle dans les fictions télévisuelles américaines. Mais après le Watergate, le glissement vers le détective privé est plus grand. Alors c’est pas net, hein (ça a peut-être commencé avec la fin des années 1960 et l’angoisse générée par le Viêt-Nam). Mannix existait depuis 1967, et Starsky & Hutch naît après le Watergate, mais disons qu’entre le scandale qui coûte son siège à Nixon et l’avènement de l’Amérique reaganienne, il y a une grosse poussée du privé au détriment du représentant officiel de l’ordre. Ce qui me semble correspondre à une méfiance envers les choses publiques / collectives, et l’affirmation de la « confiance en soi » et de l’homme seul que tu évoques.
Là encore, ce n’est qu’une idée qui conviendrait d’être soutenue par un chiffrage précis des séries de l’époque (car notre perception de la production est déjà déformée par le prisme de ce qui a été diffusé en France), mais je crois que l’idée résisterait à l’analyse.

Jim

Oui c’est intéressant.
Sur un plan plus prosaïque, juste après la « fermeture » de la Frontière on passe aux Philippines, puis Cuba par exemple.
L’idée d’un empire commencé avec le rachat de la Louisiane, puis l’expédition « Lewis et Clark », le Far West, etc. continue outre-mer si je puis dire.

Merci.
Ça demande à être creusé.
Las Vegas me fascine, pour ma part : tant de moyen pour tant de gâchis, de mauvais goût, de gaspillage, il y a un aspect « côté obscur de l’Amérique » qui m’étourdit.

Oui, les rapports à Cuba (mais pas que…) sont passionnants.
J’ai vu ce matin un documentaire sur la Statue de la Liberté (à l’occasion de quoi on croise Bartholdi, Eiffel, Pulitzer, Gaget et quelques autres), et le rapport au monde extérieur m’y a semblé passionnant.

Jim

C’était déjà presque fait quand tu as écrit ces lignes, y a plus qu’à lire !

…. **[size=150]P[/size]**ortes inter-dimensionnelles, clones, savant “fou”, romances adolescentes, mort(s) prématurée(s), etc., Dan Slott fin connaisseur de l’éventail que peut proposer la littérature d’évasion montre, avec la série AVENGERS : Initiative un beau savoir-faire.
Entretenant plusieurs intrigues qui avancent sur un rythme imprévisible, au sein d’une structure scénaristique modulaire, le scénariste ne ménage pas sa peine pour captiver ses lecteurs.
Il nous entraîne sous des azimuts où les surprises le disputent au suspense, en compagnie de personnages dont l’existence nous intéresse autant que les intrigues qu’il a ourdies avec talent.

…. Au moment de la sortie de la mini-série Skrull Kill Krew le scénariste Grant Morrison avait alors expliqué comme il voyait les meilleures équipes de super-héros des Big Two (Marvel & DC) :

• Les Quatre Fantastiques = Une famille
• Les Avengers = Une équipe de football
• La Doom Patrol (alias La Patrouille Z) = Un groupe de thérapie
• Les
X-Men
= Une bande d’adolescents à l’école
• La JLA = Un panthéon de dieux
• La Skull Kill Krew = Un gang de motards

**Dan Slott ** envisage pour sa part l’Initiative sous la forme d’un groupe paramilitaire, et son sergent-instructeur rappelle par bien des points celui du film Officier et Gentleman (1982).
Les recrues, pour la plupart adolescentes, vont faire connaissance avec l’adage qui veut que « la sueur épargne le sang », cela sera-t-il suffisant pour limiter les pertes et éviter que ne se reproduisent les événements qui ont conduit à la création du camp Hammond dans le Connecticut ?

La réponse et d’autres que je ne m’étais pas posées, se trouvent dans la première partie du run du futur scénariste de Spider-Man (AVENGERS : Initiative #1 à 12) traduit par Jérémy Manesse et lettré par Gianluca Pini.

Dire que le plaisir que j’y ai pris est une surprise n’est pas tout à fait exact.
Dan Slott est un scénariste dont j’ai déjà eu le plaisir de lire les histoires ; toutefois il surprend par l’aisance avec laquelle il transforme un pitch plutôt convenu en une histoire passionnante.

(Bizarrement, le jeu de mots entre le nom de ce personnage : Michael Van Patrick et son nom de code MVP des lettres qui sont à première vue les initiales de son patronyme, mais qui sont aussi et surtout, les initiales d’une distinction dans le sport étasunien Most Valuable Player et qui signifient littéralement « joueur de plus grande valeur », un nom de code qui fera sens dans AVENGERS : Initiative, n’est pas expliqué ?) -_ô]

(À suivre …)

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Certainement une de mes séries favorites de la période Post Civil War/pré Secret Invasion (les épisodes de Gage ne déméritent pas non plus).
Globalement Slott était très inspiré durant cette période (She-Hulk, Spider-Man/Human Torch, Great Lake Avengers) et c’est toujours le cas aujourd’hui.

…. **[size=150]E[/size]**n citant dans mon commentaire©™ précédent la Skrull Kill Krew, je ne pensais pas que j’allais la retrouver dans la série de Dan Slott quelques numéros plus tard.

L’origine de cette équipe ou plutôt de ce « gang » telle qu’imaginée par Grant Morrison & Mark Millar est plutôt tordue.

Des Skrulls, cette race d’extraterrestres métamorphes & belliqueux, ayant eu maille à partir avec les Quatre Fantastiques au tout début de la carrière de ses derniers, sont contraints par Red Richard d’adopter la forme de vaches (Cf. Fantastic Four #2) ; celles-ci, à un moment donné, entre dans la chaîne alimentaire humaine et leur viande est consommée par des habitants d’une ville appelée King’s Crossing.

[size=85]Fantastic Four #2 (Editions Panini)[/size]

Contre toute attente certains des habitants de cette ville n’obtiennent pas que le super-pouvoir de modifier leur apparence à l’image des Skrulls, ils obtiennent aussi d’autre super-pouvoirs.
Entre autres la faculté de pouvoir voir la véritable forme des Skrulls déguisés en humain, et des pouvoirs bizarres, très morrisonniens pour le coup : l’un d’entre peut ainsi exploser si on utilise son bras comme le levier d’une machine à sous… et ils développent une aversion pour les Skrulls.
Toute ressemblance avec la « maladie de la vache folle » ne saurait être fortuite.
Avec cette série (1995), Grant Morrison montre encore une fois son appétence pour les épisodes les plus loufoques de la Continuit鏙©, une inclination qui trouvera certainement son acmé lors de son run sur Batman.

…. Quelques numéros avant celui où apparaît le Skrull Kill Krew, AVENGERS : Initiative nous a furtivement montré une autre « bizarrerie » du monde de la BD U.S..
Quand je disais que l’imaginaire collectif avait la structure d’un multivers (Pour en savoir +), je ne croyais pas si bien dire.

En effet l’Exorciste (*aka *Devil-Slayer) est personnage à l’itinéraire pour le moins mouvementé.

Inventé en 1975 par Rich Buckler (le créateur de Deathlok) à l’époque où il travaille pour Atlas/Seaboard (un éditeur surnommé « Vengeance Inc. ») sous le nom de code de Demon Hunter (dans un comic book éponyme qui ne connaîtra qu’un seul numéro), ce personnage passera à l’ennemis si j’ose dire, en allant chez Marvel sous le nom de Devil-Slayer (toujours sous l’égide de Buckler).

Ce qui est assez cocasse puisqu’à l’origine l’éditeur Atlas/Seabord (dont certaines séries ont été publiés dans Titans chez l’éditeur lyonnais LUG et dans la revue de BD Scorpion chez l’éditeur Sagédition) avait été mis sur pied pour concurrencer Marvel par Martin Goodman qui avait pour ainsi dire en travers de la gorge, le sort que l’éditeur de Spider-Man avait réservé à son fils après qu’il eut vendu Marvel, la maison d’édition qui lui appartenait et qu’il avait créée.

Dans à peu près les mêmes conditions Scorpion, un personnage inventé par Howard Chaykin pour Atlas/Seabord, ira vivre des aventures au sein de la Maison des Idées sous le nom de Dominic Fortune.

[size=85]Un petit clin d’œil à Stan the Man ?[/size]

Toutefois l’histoire de Devil-Slayer (alias l’Exorciste) connaîtra une nouvelle incarnation en 1980 dans le premier (et seul) numéro de la revue de bande dessinée Galaxia (créer par Rich Buckler) sous le nom de Bloodwing.

…. Mais Dan Slott, secondé par Christos Gage au scénario, ne se contente pas de convoquer le ban et l’arrière-ban du cheptel marvelien, il s’intéresse aussi aux nouveaux venus de l’Initiative.
Notamment Bloqueur (alias Emery Schaub) dont le super-pouvoir aussi stupéfiant soit-il, semble plus être un obstacle pour qu’il devienne un super-héros efficace.
Une chouette histoire toute en émotion.
Le traitement de 3-D Man, qui n’est certes pas vraiment un nouveau venu, est lui aussi joliment travaillé.

… Le gros morceau des numéros dont je parle aujourd’hui (#13 à 19 parus dans les numéros de Marvel Heroes n°17 à 23 chez Panini) est, vous le savez peut-être, constitué par Secret Invasion l’événement d’alors, l’un de ces events dont semble raffoler Marvel (ainsi que la majorité des lecteurs américains) puisque nous y avons droit chaque année.

Slott & Gage réussissent pour le coup à produire des numéros qui participent à Secret Invasion, mais dont le scénario peut être lu sans pour autant lire les autres séries qui y prennent part.
C’est du moins comme ça que je les ai lus.

Une tripotée de dessinateurs, d’encreurs et de coloristes se partagent la tâche d’illustrer ces numéros, et le résultat est plutôt pas mal dans le genre blockbuster.

Si on a droit à du « grand spectacle », il s’agit quand même d’une invasion extraterrestre, les deux scénaristes ménagent quelques histoires à taille humaine du plus bel effet.
La dernière page du #19 est une une belle manière de conclure cet arc.

… Après 19 numéros (pour l’instant), la série AVENGERS : Initiative montre une belle constance en terme récréatif.

(À suivre …)

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Au sujet des Skrulls « bovinisés », il me semble que Morrison ne rebondit pas directement sur cette idée délicieusement incongrue du tandem Lee/Kirby, mais sur une idée plus tardive signée John Byrne.
Celui-ci, dans « Fantastic Four Annual 17 » (en 83), baptise King’s Crossing la petite ville anonyme de FF 2, et confronte la « first family » à une épidémie de mutations, due non pas à la consommation de viande skrull bovinisée, mais à celle du… lait des fameuses vaches de l’espace.
Byrne a très étrangement opté pour un climat quasi horrifique pour cette histoire, tout en semant discrètement quelques pincées d’humour de ci de là. J’en garde en tout cas un bon souvenir.

Merci de ta précision.

[size=50]Avengers The Initiative in Marvel Heroes n°23[/size]

…… [size=150]À[/size] partir du #21 (traduit dans le Marvel Heoes n° 25) c’est Christo Gage qui s’occupe de la destinée d’AVENGERS : Initiative ; le numéro précédent (numérotation étasunienne) est une sorte d’épisode de transition (avec la série Mighty Avengers dont Slott reprend justement l’écriture ?) encore écrit par Slott & Gage du style : « on range les jouets » après Secret Invasion.

Gage abandonne manifestemnt l’aspect formation de l’Initiative pour quelque chose de plus traditionnel, l’implication de la série dans l’événement Dark Reign n’est peut-être pas étranger à cette nouvelle direction.
En tout cas il laisse en plan ce que j’avais pris pour un rebondissement qui aurait mérité d’être plus amplement développé.

Si la série AVENGERS : The Initiative est né des retombés d’un event (« événement »), leur succession presque ininterrompue : Secret Invasion, Dark Reign puis Siège, sur une période d’une trentaine de numéros rien que pour la série qui nous intéresse ici, fait plus de dommages qu’elle n’entraîne, sur le long terme, de bonnes conditions d’écriture.

Gage ne réserve que peu de surprise (à mon goût) lors de son premier arc solo, même la révélation d’une identité tenue secrète depuis le début de la série (ou presque) m’a fait l’effet d’un pétard mouillé.
Ce n’est pas non plus mauvais mais je m’attendais à mieux.

De ces épisodes (#21 à 25/Marvel Heroes n°25 à 30 - sauf le n°29 qui ne contient aucun épisode d’Avengers : The Initiative) ce que je retiens plutôt c’est le côté artistique de l’entreprise et plus particulièrement la colorisation par Edgar Delagado (sur des dessins d’Humberto Ramos) et l’utilisation d’un encrage pour les ombres, qui s’apparente au rendu d’un crayon de mine :

…. Fort heureusement le scénariste reprend assez vite la main et montre que les grands questionnements moraux sont le piment indispensable aux effets pyrotechniques des super-pouvoirs en présence.

L’une de ses plus belles réussites est à mes yeux le traitement (grâce à des effets de texte fort bien amenés) qu’il réserve à 2 ou 3 de ses protagonistes, réussissant à en faire des personnages attachants et intéressants.
On dit souvent qu’une bonne histoire, c’est souvent un « bon vilain », Gage démontre que c’est aussi de bons seconds couteaux.

Cependant, la participation obligatoire d’AVENGERS : The Initiative à un nouvel event (Siège en l’occurrence) qui secoue l’univers partagé de l’éditeur, ruine ce qui potentiellement aurait pu être du même ordre que ce qu’avait fait en son temps Kurt Busiek avec les Thunderbolts.

Une occasion ratée pour le coup.

[size=50]L’arrivée de Sandoval sur le titre donne aussi de belles pages[/size]

…. **[size=150]T[/size]**outefois le bilan de cette série (qui se termine donc au numéro 35, dans la revue de l’éditeur Panini Marvel Heroes n° 39) est loin d’être négatif, et les bons moments l’emportent largement sur ceux un peu en dessous de mes attentes.

Une série globalement satisfaisante, avec des arcs de très grandes qualités, et des personnages que Gage a joliment ripolinés ; tout à fait recommandable. -_ô]

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…. [size=150]J[/size]’ai déjà mentionné lors d’un de mes commentaires ©™ précédents l’heureuse formule qu’avait eu Grant Morrison au sujet des Avengers lorsqu’il disait que cette équipe de l’écurie Marvel n’était ni plus ni moins, qu’une équipe de football (Pour en savoir +).
Aujourd’hui je dirais que le scénariste écossais avait vu « petit » ! -_ô]

En effet, les Vengeurs c’est plutôt un immense mercato sans cesse de retour ; et les annonces de ces derniers jours : Occupy Avengers, Avengers par Mark Waid,** Avengers 1.1** … ; confirme ma nouvelle perspective.

…. Du neuf avec du vieux

…. **[size=150]L[/size]**orsque Dan Slott reprend The Mighty Avengers (au #21/Marvel Heroes n°24 chez Panini) il active comme il se doit un nouveau un nouveau « marché des transferts ».
Astucieusement, il s’appuie pour construire sa nouvelle équip sur une formule qui a déjà fait ses preuves par le passé, tout en y ménageant une modalité originale du plus bel effet.
Comme le dit la sagesse populaire, « rien ne se créé, rien ne se perd, tout se transforme ».

Et les trois premiers numéros du nouveau scénariste ont tout l’air d’un essai diablement bien transformé.

L’épisode #24 quant à lui redistribue les cartes et consolide la place du leader de l’épique.
Un personnage sur lequel Dan Slott s’était attardé lors de son run sur Avengers : The Initiative (Pour en savoir +).
Un homme plein de ressources - dont une foultitude de concepts S-F comme je les aime - qui sont autant de promesses d’aventures, et un caractère volcanique dont les irruptions n’en doutons pas, seront tout aussi productives en rebondissements dramatiques que ses ressources technologiques.

Le numéro suivant s’essaie à la géopolitique fiction, et s’invente dans la grande tradition du genre un ennemis.

Vous le savez si vous me lisez déjà, que l’une de mes théories sur les super-héros, veut qu’ils s’inventent des ennemis – et non pas le contraire : ce n’est pas l’apparition d’une menace qui entraîne l’apparition d’une contre-mesure positive en la personne d’un super-héros, mais au contraire l’apparition d’un super-héros qui génère des « super-menaces ».
Une manière, entre autres, de prolonger leur existence ad vitam æternam. Ou presque.

Or donc les Mighty Avengers s’inventent donc un ennemi, et pas n’importe lequel !

En cela ils sont tout à fait dans l’air du temps où, au lieu de s’opposer à des super-vilains, les super-héros d’aujourd’hui combattent plus volontiers leurs homologues.

… En tout état de cause, Dan Slott (avec une flopée d’artistes) donne un joli potentiel à son équipe, et une dynamique qui procure vraiment l’envie d’en savoir plus.
À ce propos, écrire des épisodes qui suscitent à la fois suffisamment d’intérêt tout en excitant suffisamment la curiosité pour en poursuivre la lecture sur plusieurs numéros n’est certainement pas aussi simple que cela en à l’air.
Et pourtant Slott s’en sort haut la main.

…. Je pense donc je suis

…. **[size=150]D[/size]**an Slott, en plus de faire du neuf avec du vieux de manière très élégante au niveau scénaristique, dote ses personnages d’une vielle astuce de siouxe largement tombée en désuétude : la bulle de pensée.

Je me souviens avoir lu les propos d’un « professionnel de la profession » qui disait tout le mal qu’il pensait de ce type de phylactères en avançant l’argument suivant : si le scénariste utilise des bulles de pensées, il doit montrer toutes les pensées des personnages et pas seulement celles qui font sens avec la situation du moment.

Certes, mais tout autant que les scénaristes sélectionnent si je puis dire les moments qu’ils montrent aux lecteurs, ainsi que tel ou tel dialogue et non pas la totalité de leurs actions ou tout ce que les personnages disent, les bulles de pensées peuvent n’apparaître que lors de certains moments.
Et loin de n’être qu’un béquille pour scénaristes en mal d’idées, elles peuvent aussi être des artifices intéressants à utiliser.

Une histoire ne tient debout pour ainsi dire, que grâce à une convention, un pacte que les auteurs passent avec les lecteurs.
Et les bulles de pensées peuvent tout aussi bien que le reste faire partie de ce pacte.

Et pour le coup Slott fait un bel usage de ces phylactères.

Or donc, cinq excellents numéros traduits par Jérémy Manesse et lettrés par Gianluca Pina disponibles dans la revue Marvel Heroes (n°24 à 28)

(À suivre …)

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Ce qui est complètement con. Une BD ne retranscrit pas tous les dialogues, elle sélectionne, souvent par le biais d’ellipses (de scène à scène, voire de case à case). Les fictions, en général, recourent à des dialogues sélectionnés, qui servent à faire avancer l’action et la caractérisation (ou à les parasiter, mais ça revient au même). C’est lié à la notion de « temps du héros ». Et de toute façon, même des artifices comme les « overlapping dialogs » rentrent dans cette logique.
À partir de là, pourquoi les bulles de pensées jouiraient-elles (ou subiraient-elles) d’un traitement différent ? Elles interviennent dans le cadre de la narration, en rajoutant des couches de sens. De là, le scénariste a le droit de les utiliser ou pas, et d’en sélectionner selon ses critères à lui.

Entièrement d’accord avec ton idée du « pacte ». Et entièrement d’accord également avec le fait que les épisodes de Dan Slott sont vraiment excellents. Un bouffée d’air frais et l’impression de relire, enfin, une aventure des Vengeurs.

Jim

Je suis bien d’accord…
Même dans la littérature, on a certaines pensées (ou paroles) des personnages, mais pas l’intégralité.

Tori.

Et pourtant, on voit peu de bulles de pensées de nos jours, plutôt des récitatifs.

Moi c est vrai que les avengers je les voyais plus comme un « vrai » boulot:
non seulement, ils ont souvent une indemnités mais ce sont des personnages qui sont « obligés » de travailler ensemble et souvent avec les autorités.
c est pour ca que c est aussi une équipe que je trouvais plus dans relations « normales »… cad que tu dois faire avec des gens que tu n apprecies pas forcément.
Equipes de foot c est pas si loin…

… S’il est possible de voir, comme je l’ai dit (Pour en savoir +), les différentes équipes d’Avengers comme des équipes de football évoluant dans un grand mercato, Slott en fait aussi - pour continuer à paraphraser Grant Morrison - une sorte de panthéon à la JLA.
Comme le scénariste écossais l’avait fait pour la Justice League of America Dan Slott imagine pour ses Vengeurs des menaces bien au-delà des contingences humaines.
Voyez plutôt : Cube cosmique, concept incarné, civilisation cachée, magie, mythologie, magie,etc.

Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie

… Le scénariste profite de son run pour dresser aussi une taxonomie des scientifiques de l’univers Marvel : l’explorateur, l’ingénieur et le magicien.
Cette volonté de caractériser ses personnages on la retrouve aussi chez les Mighty Avengers et les Avengers de l’Initiative.
Si Slott s’est occupé des deux équipes il a eu l’intelligence (et le talent) d’en faire deux équipes différentes.
Chez lui, pas de nivellement ; s’il s’inspire de formules (ce que je crois) il sait pour ainsi dire les « customiser » et les adapter aux « pitch » qu’il développe.
Les nouvelles recrues du camp Hammond ne sont pas les Puissants Vengeurs.

The Mighty Avengers montre aussi que le scénariste sait efficacement gérer ses enthousiasmes, et les intégrer intelligemment à ses desseins.

Docteur comment ?

… Pour qui s’intéresse à la bande dessinée américaine, ce qui est un minimum lorsqu’on se propose de la commenter ou de la critiquer…

[quote]En effet il me semble juste de connaitre le sujet dont on parle - et pas seulement de façon superficielle : quels sont les auteurs importants du médium, qu’ont-ils écrit, dessiné ? Quels sont les modes de publication outre-Atlantique, quel est le travail des lettreurs, qui sont-ils ? Celui des traducteurs ? Quand sont apparus les comic books ? etc.

Bref de mon point de vue, commenter ©™ un ouvrage requière non pas un travail équivalent à ce qui a permis à celui-ci de paraître, mais au moins un travail de fond sérieux, toutes choses égales par ailleurs. [/quote]

Or donc, pour qui s’intéresse à la BD U.S. disais-je, il est notoire que Dan Slott est un fan de la série télévisée Doctor Who et, d’une certaine manière, son run sur The Mighty Avengers bénéficie de l’ombre portée amicale du célèbre extraterrestre.

Dan Slott fait du docteur Pym une sorte d’alter ego marvelien du héros de la BBC et les références sont suffisamment nombreuses et explicites pour ne pas être que des coïncidences.

Même l’idée du « scientifique suprême » qui fait sens dans l’univers 616 (l’univers Marvel de référence), ne me semble pas très éloignée de celle de « Seigneur du temps » (Time Lord).
Surtout de la manière dont cela est fait dans le numéro en question.

On retrouve aussi sous une forme « customisée » le « tournevis sonique », et même le TARDIS trouve son équivalent dans la « Manoir Infini ». Un rapprochement qui saute au yeux si on veut bien prendre en compte la place qu’occupe Jocaste dans sa conception, et la nature même du TARDIS. Ainsi bien sûr que leur finalité : QG et « moyen de transport ».

[size=85]Doctor who ?[/size]

… L’un des aspects les plus agréables de la série est la manière dont Slott soigne ses personnages, il leur donne toujours à un moment ou à un autre l’occasion de justifier leur présence grâce à des caractéristiques qui les rendent indispensables à l’histoire.
Il démontre qu’il est capable de donner de l’envergure à n’importe quel personnage, et valide l’idée que tous les personnages, si l’auteur veut s’en donner la peine, sont dignes d’intérêt.
(Voilà pourquoi je suis en priorité des auteurs, et pas des personnages).

… Deux regrets toutefois, le passage de Dan Slott sur la série est très court (il me reste encore deux épisodes à lire et c’est tout), et il n’a pas eu de collaborateurs artistiques à mon goût.

(À suivre …)

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… **[size=150]J[/size]**e parlais dans mon précédent commentaire©™ de la caractérisation des personnages, Dan Slott utilise aussi une autre astuce que j’aime beaucoup qui consiste à fournir des informations sur des situations comme autant de brèves aux actualités et qui caractérise son équipe :

En une double page dont je propose un extrait ci-dessus, le scénariste donne de l’ampleur à la réputation de son équipe avec une belle économie de moyens.

Encore dans mon précédent commentaire sur la série The Mighty Avengers je citais la troisième loi dite de Clark, Slott la remet en pratique dès le #35 :

C’est une idée que j’aime bien : considérer la magie comme une sorte de technologie, et en outre ça complète bien le titre de « scientifique suprême » lorsqu’on le met en relation avec celui de « sorcier suprême ».

Dans c’est deux derniers épisodes on peut aussi voir à l’oeuvre comment la théorie freudienne est devenue, passez-moi l’expression : un réservoir à pitch.
Le complexe d’Œdipe est tellement ancré dans l’imaginaire collectif qu’il est devenu une évidence, alors qu’il s’agit encore d’une théorie (plutôt fumeuse de mon point de vue mais là n’est pas la question).
C’est d’ailleurs ce m’a poussé à m’intéresser de près à la psychanalyse freudienne, c’est un bréviaire très utile, voire indispensable, pour qui se targue de commenter des œuvres de fiction.

Si je continue de voir en Pym un « avatar » du Doctor Who, son adversaire de fin de run trouve aussi une correspondance dans la galerie des ennemis du Time Lord (et ce n’est sûrement pas un hasard).

Je me plains assez souvent de lire des histoires qui gagneraient beaucoup à être plus "ramassées, en un mot : plus courtes.
Mais dans le cas de cette reprise des Puissants Vengeurs pas Dan Slott, j’aurais bien aimé voir ses idées développées sur un peu plus de numéros.

… En conclusion The Mighty Avengers aura été une très chouette lecture, qui m’aura entre autres choses donné envie de me remettre à lire les aventures de Spider-Man écrites par Slott (malgré la déception - relative - des épisodes écrits autour de Morlun et des « spider-men »).
Cette série, The Mighty Avengers, et Avengers : The Initiative montre, s’il en était besoin, que Dan Slott est vraiment un très bon scénariste de mainstream.

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Tout a fait. Et je ne pense pas que tu as encore lu la série Silver Surfer (le Surfer d’Argent) où les allusions au Docteur sont encore plus flagrantes.

Je suis étonné d’ailleurs, la passion de Dan Slott pour la série Doctor Who étant de notoriété publique, que l’éditeur Titan Comics n’a pas pris contact avec le scénariste, même pour un projet mineur. C’est le genre d’auteur qui doit avoir des idées sous le bras à faire pâlir les showrunners.

Je ne sais pas qui on doit pointer du doigt mais c’est une occasion manquée. Peut-être parce que l’éditeur privilégie uniquement des auteurs anglais (citons l’excellente série sur le onzième Docteur de Al Ewing & Rob Williams, puis avec Si Spurrier). (Ça se comprend pour la production télévisée, c’est déjà plus dommageable que de ne pas laisser les meilleurs auteurs s’exprimer sur le comics.) Ou peut-être que Slott n’a pas de temps à consacrer à d’autres projets parce que :

La formule ne peut pas être plus juste. Le fait est que Slott est l’un des rares scénaristes qui préfèrent travailler sur les personnages des autres (en l’occurrence, les icônes des « big two ») plutôt que de jouer avec ses propres créations. L’auteur loupe aussi l’occasion de collaborer avec d’autres maisons d’éditions (comme Titan Comics, par exemple). La seule exception étant Big Max #1 avec son ami Ty Templeton.

En tout cas, c’était le cas jusqu’à… cette année. Car la rumeur veut que Slott travaille actuellement sur un projet secret avec le dessinateur Stephen Byrne pour le compte d’Image Comics :