*Quatre femmes de ménage d’origine latine travaillent pour de riches familles au coeur de luxueuses villas de Beverly Hills. Lorsque l’une de leurs amies est tuée dans des circonstances mystérieuses, elles s’interrogent sur leurs rêves et leurs espoirs déçus, sur leurs patrons, tous plus névrosés les uns que les autres, et sur leur avenir…
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[quote]CREATEUR
Marc Cherry, d’après une telenovela mexicaine
DISTRIBUTION
Ana Ortiz, Dania Ramirez, Roselyn Sanchez, Judy Reyes…
INFOS
Série américaine
Série en production - 2 saisons
Genre : comédie / drame
Format : 43 mn[/quote]
Tiens, je note qu’il n’y a pas de sujet sur Devious Maids. Après avoir vu un ou deux épisodes ces deux derniers samedis, je m’apprêtais à réagir, mais je n’ai rien trouvé. Ou alors j’ai mal cherché (ce qui ne sera pas la première fois).
Bref.
J’ouvre la discutt, je sais qu’il y aura quelqu’un pour faire un joli post avec toutes les infos qui vont bien.
Pour aider, voici la fiche IMDB ainsi que la fiche Wikipedia (en nangliche : faut ce qu’il faut si on veut de vraies bonnes infos…).
Pour info, c’est une création de Marc Cherry, le mec responsable de Desperate Housewives. Donc ceux qui aiment sont en terrain connu, ceux qui détestent aussi (mais ne sont pas obligés de rester).
Parce que, grosso modo, c’est la même chose. Mais ailleurs. Ce ne sont pas des ménagères désespérées que l’on suit, mais des bonniches frappadingues. Toutes avec des petits secrets, des visées obscures, tout ça tout ça… C’est un gang de nana (plus disparates et moins soudées que les ménagères…) et les intrigues se tissent en prenant comme point de départ une mort suspecte dans le joli quartier huppé de Beverly Hills.
Grosses différences : pas de voix off (qui avait une vertu de « chœur grec », en plus d’instiller pas mal d’ironie), une image nettement moins soignée, pour tout dire moins léchée et plus « vulgaire », et une construction parfois un peu forcée.
Mais la grosse qualité (déjà présente dans les meilleures saisons de Desperate Housewives, hein…), c’est les dialogues. Sur les deux soirées où j’ai jeté un œil, je n’ai vu à chaque fois qu’un épisode et demi (oh, j’ai dû voir trois épisodes, donc…), faute de temps pour me libérer. Souvent pour le repas. Et j’explose de rire en mangeant, j’explose de rire en faisant la vaisselle, j’explose de rire en rangeant. Vraiment, c’est succulent. Ça fuse de toute part, les personnages sont un peu caricaturaux mais ça tourne très bien, le sens de l’ellipse est à saluer, vraiment, c’est une machine formidablement huilée. Peut-être trop (c’est parfois un peu prévisible, un peu outré…), mais quelles réparties.
L’un des trucs qui me frappe, en fait, c’est que l’écriture (la construction, les personnages, le rythme, les péripéties, les enjeux) renvoie à deux choses assez anciennes. Et le fait d’utiliser des bonnes, et donc de mettre en place des rapports de force sociaux, les fait ressortir plus que dans Desperate Housewives, par exemple.
D’une part, ça renvoie au vaudeville. Le vaudeville du XIXe ou XXe siècle, celui de Feydeau, de Labiche. Vous me direz, le vaudeville, avec ses quiproquos, ses portes qui claquent, ses hilarités générales, c’est l’ancêtre des comédies de situation, des sitcoms. C’est pour cela que le mélange à la Marc Cherry prend si bien. Mais Devious Maids retrouve une qualité que les sitcoms ont parfois oublié, la vertu du commentaire social. Souvent, dans les sitcoms « à la Friends » (pour faire vite), les personnages appartiennent vaguement à un même milieu social, assez indéfini, assez moyen, assez entre deux eaux (ni riche ni pauvre, quoi…). Alors que le vaudeville, en recourant aux adultères, aux amours ancillaires, aux mariages hors condition et à diverses duperies encanaillées, joue à fond sur les différences sociales. Et permet un portrait de deux classes par un jeu de contraste. Dans Devious Maids, cette carte-là est jouée à fond.
D’autre part, je pense aussi à Molière. Ça, c’est plus diffus, mais y a quand même le thème de la filiation problématique, du fils pas encore prodigue, de la paternité contrariée, de la dilapidation des richesses, du personnage qui sort de sa condition, bref, de tout l’appareil narratif que Molière dresse autour de ses Frosine, Dorine ou Toinette.
Bien sûr, les récits de lutte entre puissants et soumis, où ces derniers recourent à la ruse pour railler voire bastonner les riches, ça ne date ni ne se résume ni à Molière ni au vaudeville. C’est là encore une émanation de la figure du Farceur, un peu Till L’Espiègle, un peu Robin des Bois (ouais, un peu Scapin, comme quoi tout se recoupe…).
Y a un peu de tout cela dans Devious Maids. Je ne sais pas si Marc Cherry a lui Molière, mais je ne peux m’empêcher d’y voir l’influence du ricaneur français dans les bouts d’épisodes que j’ai vus.
Rien que pour ça, et pour la perspective de me marrer, aussi, j’ai envie d’en regarder d’autres.
Jim