DISTRICT 9 (Neill Blomkamp)

Le changement de filmage s’explique aussi par l’élargissement de la problématique. On n’est plus seulement dans la métaphore de l’apartheid (qui serait bien limité, faut le reconnaître), mais dans le plus vaste problème du choc des cultures. Là, ce sont deux sociétés qui s’affrontent, et qui, chacune, sacrifie ses pions et utilise ses marionnettes pour vaincre l’autre.
Dans cette perspective, la structure de récit initiatique que suit le héros permet de mettre en évidence que face à l’adversité, la seule réponse à laquelle songent les gens, c’est la violence. Et c’est une violence qui vient de l’intérieur des sociétés, des « victimes », des pions, des marionnettes.
D’où l’image de l’intériorité (rentrer sous terre, rentrer dans le vaisseau, faire sortir la technologie…) mais aussi de la greffe, qui tourne mal : c’est une greffe biologique sur le corps humain, mais c’est aussi une greffe culturelle sur le corps biologique.
Le film parle de rejet de greffon, de transformation, de mutation, et d’inadaptation.
D’une certaine manière, malgré les sourires, les moqueries, les notes d’espoir, c’est un film très sombre.

Jim