Je viens de lire le TPB, qui assemble donc les six épisodes sortis en solo (à ma connaissance) et sa suite et fin. D’ailleurs, la composition est assez étonnante, parce que les premiers chapitres respectent le découpage des fascicules, mais les deux derniers sont assemblés par grosses tranches d’une cinquantaine de pages : je me demande dans quelle mesure la série était avancée avant son interruption (j’avais les premiers, mais à l’époque, c’était pas si facile à suivre…).
Bref.
Hé bien c’est vachement bien.
Les premiers chapitres fonctionnent sur un postulat simple : la créature de Frankenstein a repris le nom de son créateur, ainsi que ses recherches, tentant de mettre la science au profit de l’humanité. En gros, il est devenu une sorte de Tom Strong qui combat les monstres.
Sauf que Tom Strong est populaire, alors que « Frankie » attire les foudres (hihihi) de l’église qui, au début de l’histoire, parvient à nouer une alliance avec les pouvoirs politiques. Donc première épisode, attaque de l’aviation de l’Église, deuxième épisode, défaite du héros… Ça va vite, ça bastonne, c’est plein d’idées mais, en soi, ça roule dans le sillon creusé par un Warren Ellis (pour l’ambiance scientifique, la réécriture des mythes littéraires et la décompression) ou par un Garth Ennis (pour les blagues pipi-caca).
Et puis à un certain moment, ça dérape. Un peu comme dans Matrix où le réveil de Néo est le moment où l’histoire bascule, il se passe un événement qui remet en cause les convictions de Frankie, mais également d’un de ses adversaires. Les personnages sont amenés à faire ce qu’on n’attend pas d’eux, et l’intrigue prend une tournure toute différente. On pensait avoir un délire scientifique, mais en fait, le vrai sujet, c’est la religion.
Et là, le récit part dans une direction différente, qui donne une part colossale à l’humour et à la satire, mais qui est également un tremplin pour la réflexion. Je n’en dirais pas plus pour ne pas priver les curieux du plaisir de la découverte, mais les Wachowski arpentent les terres d’un Preacher ou d’un Planetary, pour donner un vague aperçu du projet.
Bref, un sacré morceau, à certains moments à hurler de rire, à d’autres propice à une réflexion tous azimuts. Avec un Steve Skroce encore en forme qui s’essaie à un éventail assez variée de traits. Recommandé à tous les lecteurs nantis d’un mauvais esprit.
Jim