Le 23 octobre 2022, BBC One diffuse l’épisode spécial The Power of the Doctor de la série Doctor Who, diffusée entre 1963 et 1989 puis relancée à partir de 2005 (avec au milieu un téléfilm comme essai de relance inaboutie, et quelques coupures entre 2005 et 2022).
L’on y voit Jodie Whittaker incarnant la 13e version du Docteur qui se régénère en 14e Docteur… qui a le visage de David Tennant et une allure proche du 10e, qu’il a incarné précédemment avec un grand succès.
Confirmé comme 14e Docteur officiel, David Tennant reprend le rôle pour des événements caritatifs dans une capsule humoristique Comic Relief 2023 et un passage dans Children in Need 2023 (avec une « nouvelle version » de Davros, créateur des Daleks). On le verra aussi dans CBeebies Bedtime Stories le 24 novembre 2023, pour un rendez-vous pour les enfants.
Surtout, le 14e Docteur apparaît dans trois épisodes spéciaux les 25 novembre, 2 décembre et 9 décembre 2023, où il se « bi-régénère », avec ainsi le 15e Docteur incarné par Ncuti Gatwa qui prend le relai dans une série relancée à la première saison, et ce 14e incarnant « la continuité » qui prend une retraite méritée et apaisée.
Cependant, entre son apparition à la fin de The Power of the Doctor et The Star Beast, premier spécial du 25 novembre 2023, le personnage a vécu une « vraie aventure » dans les pages du Doctor Who Magazine.
En effet, entre le 10 novembre 2022 et le 9 novembre 2023, quatorze segments sont réalisés par Alan Barnes (scénario), Lee Sullivan (dessins), James Offredi (couleurs) et Roger Langridge (lettrage). Tous narrent une seule et même histoire, la première du 14e Docteur, qui a été rassemblée dans un grand volume par Panini UK et publié le 23 novembre 2023.
L’histoire se nomme Liberation of the Daleks, où l’on voit le 14e Docteur fraîchement régénéré, qui rentre dans le TARDIS et est alerté par un bruit d’alarme. Il répond à un signal d’alerte, et se retrouve à Wembley en pleine finale de Coupe du Monde de football de 1966 (Angleterre vs Allemagne).
Il recherche qui est en danger, et trouve des touristes temporels cachés sous des boucliers psychiques… mais aussi une attaque de Daleks dans des soucoupes volantes, qui se mettent à anéantir toute la foule ! Le 14e Docteur cache la jeune Georgy (avec la Coupe Jules Rimet) dans le TARDIS, et enquête, puis finalement découvre… le Dalek Dome.
L’on apprend en effet que cette attaque est une illusion, une attraction en réalité du Dalek Dome, un parc de loisirs qui a réorienté son activité avec une partie du staff mi-humains, mi-animaux mais surtout un focus sur les Daleks. Ils ont en effet trouvé douze Mutants Kaled, dont les capacités et mémoires permettent de créer des environnements en psychoplasme, où les touristes se déplacent pour le « fun » de découvrir des Apocalypses factices dans plusieurs environnements (Wembley 1966, Camelot vs Daleks, etc.). Le 14e Docteur désapprouve, notamment quand sa rencontre avec les Daleks dans Wembley 1966 les pousse à venir dans la Réalité, puis à chercher un moyen d’y demeurer (car leurs formes psychoplasmiques n’y tiennent guère). Georgy, la réfugiée dans le TARDIS, est un double de Georgette, responsable du Dalek Dome, et une intense quête pour vivre, survivre et échapper à des affrontements fratricides entre Daleks commence, jusqu’à ce que le 14e Docteur achève les combats par un mouvement qui anéantit les Daleks psychoplasmiques arrivés dans la Réalité pour protéger l’Univers.
Bon, on le comprend, Liberation of the Daleks est une grosse aventure du Docteur contre des Daleks, sous une forme différente ici. Alan Barnes livre un récit avec des qualités, mais deux défauts principaux : c’est à la fois trop long, avec des chapitres trop courts.
En effet, l’intrigue est sympathique et prenante, mais rallongée pour tenir jusqu’à la fin 2023 et ainsi arriver « pile » au moment où The Star Beast va débuter. Ce n’est pas ennuyeux, mais il y a un bon ventre mou, avec la lecture en bloc qui rend le tout un peu redondant, avec un peu de stagnation avant la toute fin. Les chapitres sont eux-mêmes courts (six pages à chaque fois), avec un rien « trop » de cliffhangers, « trop » de rapidité pour évacuer chaque segment. C’est le jeu d’une telle publication, mais cela se sent.
Et c’est dommage, car c’est réussi dans l’ensemble. J’aurais aimé voir plus des « mondes » du Dalek Dome, mais j’ai bien souri à Wembley 1966 et les bagarres de Daleks et entre Daleks sont assez cool. Surtout, je trouve que le scénario traite bien le 14e Docteur, dont je retrouve les éléments principaux : l’empathie, l’envie d’aider autrui, mais aussi un rejet de ceux qui le trahissent ou agissent en menaçant autrui, un côté expéditif pour se débarrasser des menaces, un peu de cynisme, des blagues et de la légèreté qui s’écaillent quand le danger grandit.
C’est cohérent avec ce que l’on voit de lui autrement, et l’ensemble fonctionne bien avec les dessins clairs, agréables, dynamiques et lisibles de Lee Sullivan. Celui-ci a quelques passages à vide vu la masse à dessiner, mais il s’en sort bien, garde du dynamisme et illustre plutôt joliment le visage du 14e Docteur, souvent bien calqué sur David Tennant sans être abusivement copié/collé dessus.
En définitive, un grand volume de Panini UK agréable à lire, qui n’est à réserver qu’aux fans de Doctor Who voire à ceux du 14e Docteur. Celui-ci me plaisant beaucoup (par son interprète, par ses liens avec le 10e qui est mon favori, par ses « défauts » et crispations qui me plaisent), c’est une belle et bonne découverte, et un bon complément aux quelques apparitions le concernant* !
*: il y a également une bande-dessinée courte sans nom, sept nouvelles, deux jeux et deux apparitions dans des articles explicatifs.