Ce deuxième numéro, comme le soulignait Tori, comporte les trois parties d’une autre saga que Morrison consacre au sixième Docteur : « The World Shapers ».
Tout commence avec l’arrivée du TARDIS sur une planète inconnue. En débarquent le Docteur, Peri et Frobisher. Très vite, le Docteur a le sentiment d’être déjà venu à cet endroit, sans toutefois identifier précisément ce souvenir.
Les choses se précipitent dans les premières pages, sans doute en partie à cause de l’écriture concentrée de Morrison. Toujours est-il que les visiteurs découvrent un mourant dont on comprend qu’il s’agit d’un Seigneur du Temps qui vit ses derniers instants, en accéléré. Le scénariste glisse quelques informations dans les dialogues, laissant entendre que les choses, d’ordinaire, se déroulent plus lentement, mais pour l’instant, le mystère reste palpable.
Qui dit Seigneur du Temps dit TARDIS, et les héros pénètrent dans une construction biscornue dont on devine, là aussi à mi-mots, qu’il s’agit d’un autre vaisseau spatio-dimensionnel.
La séquence s’articule selon un schéma morrisonien déjà évoqué plus haut, à savoir que des informations essentielles sont données (ici par le biais de la synthèse vocale de l’autre TARDIS) tandis qu’un dialogue entre Peri et Frobisher met en scène les conséquences du phénomène que le Seigneur du Temps défunt était venu identifier. En gros, les deux personnages n’écoutent pas ce qui se dit et concentrent leur attention sur les effets seulement. C’est plutôt élégant et astucieux.
À la fin de l’épisode, les trois compères remontent dans le TARDIS avec précipitation afin de ne pas subir l’accélération du temps qui frappe l’environnement, et se rendent ailleurs, auprès de quelqu’un dont le Docteur souhaite avoir les conseils. Morrison laisse entrevoir les silhouettes d’extraterrestres et montre l’atterrissage d’un couple de techniciens à l’endroit où s’étaient posés les héros. Que de mystères.
Dans le deuxième volet, le Docteur et ses compagnons vont retrouver Jamie McCrimmon dans l’Écosse du 18e siècle. Ce dernier, personnage issu de la série télévisée, est considéré par les villageois du coin comme un vieux fou. Cependant, s’il a vieilli (parce que le Docteur s’est bien entendu trompé dans ses calculs, arrivant quelque quarante ans trop tard), « Mad Jamie » a conservé toute sa tête et rappelle au Docteur que l’indice fourni par le Seigneur du Temps défunt, « Planète 14 », renvoie aux Cybermen.
Forts de ces nouveaux indices, les équipiers remontent dans le TARDIS et repartent dans l’espace-temps, afin de revenir sur la planète du début. Mais bien entendu, durant leur absence (qui, sur cette planète, n’a duré qu’une semaine), les choses ont bien changé, et les océans ont disparu.
Sur cette planète transformée, le Docteur et ses amis croisent le chemin d’un des deux techniciens aperçus dans l’épisode précédent. Ce dernier leur explique qu’il travaille sur des machines, les « World Shapers » (les « façonneurs de monde », dirons-nous), dont le fonctionnement est simple : elles accélèrent le temps afin de précipiter l’évolution des planètes. Ces outils d’une technologie avancée sont en général utilisés sur des planètes inhabitées, mais justement, celle-ci abrite la vie, et une vie qui pense.
Dans la troisième partie de cette saga, le Docteur remarque que ls autochtones, qu’il identifie comme étant des Voord, sont recouverts de parties cybernétiques. Écartant l’hypothèse que les créatures soient attaqués par les Cybermen, il en vient à la conclusion qu’en fait, les Voord sont les ancêtres des Cybermen.
Avec l’aide du technicien et de Jamie, le Docteur monte à l’assaut du « World Shaper » dont les Voord / Cybermen se sont emparés. Jamie se sacrifie (Morrison donne ici une fin héroïque à un personnage créé pour la télévision) puis parvient à s’enfuir dans le TARDIS, pour finir par rencontrer les Seigneurs du Temps, alertés par tout ce salmigondis temporel.
Ces derniers s’opposent à la volonté du Docteur de mettre fin à l’évolution des Cybermen. Le héros repart donc, et la dernière planche est consacrée aux Maîtres du Temps qui envisagent l’évolution des Cybermen sur le long terme, percevant ce qu’ils deviendront en définitive, une pensée désincarnée, la race la plus évoluée de l’univers, qui illuminera les autres. Une dernière page qui définit la différence entre le Docteur et ses congénères, le premier restant à hauteur d’homme et luttant pour sauver les gens de leurs souffrances du quotidien.