DOOM PATROL t.1-3 (Grant Morrison / Richard Case)

Très certainement.
Si Morrison s’est bien calmé depuis, à l’époque en interview il n’hésitait pas à égratigner son « aîné », histoire de tuer le père sur le plan artistique, on peut l’imaginer… C’était parfois totalement puéril, parfois un peu plus étayé.
Parallèlement, il a souvent glissé des références au Mage de Northampton dans ses propres travaux, et même bien après « Doom Patrol » (il le fait dans « Seven Soldiers » par exemple, dans la première moitié des années 2000 en gros).

Pfiou! Je viens de terminer ce second volume et les 2 derniers épisodes (49 et 50) sont dingues avec ce retour de la Confrérie du Dada. Cet arc part très très bien, c’est un gros trip sous LSD.
Vivement la suite! J’imagine que le gros bus scolaire américain va être transformé en « Further », celui qui a traversé les États-Unis d’Est en Ouest avec Ken Kesey et ses Merry Pranksters (et Neal Cassady au volant).

Oui, Doom Patrol est certainement ce qu’a fait de mieux Morrison. Selon mes propres goûts en tout cas. Si Zenith se classe ex-æquo avec cette série dans mon palmarès tout ce qu’il y a de plus personnel, DP se démarque plus nettement de l’influence de Moore.
Doom Patrol a aussi, me semble-t-il, l’avantage d’avoir encore un contrôle éditorial. Ou dit autrement un œil extérieur. Morrison y est écrit encore, plus pour très longtemps, pour des lecteurs.

Oui, c’est ce que je lui reproche sur des productions plus récentes. J’ai souvent l’impression d’être totalement mis de côté par ce qu’il raconte malgré quelques fulgurances que je trouve géniale.
Merci à @Photonik d’avoir recommandé cette série, que je connaissais de nom et de réputation, dans Tumatxa ! Le nom de Morrison freinait mon intérêt.

Je trouve la formule très discutable (mais ça n’étonnera personne qu’on ne soit pas d’accord). D’une part parce que, de façon générale, les accusations d’ « illisibilité » professées çà et là à l’encontre de Morrison me semblent souvent exagérées, d’autre part parce que je ne suis pas nécessairement convaincu qu’il y a une évolution « chronologique ».

Par exemple parmi les récits les plus abscons de Morrison, je classerais volontiers son Arkham Asylum (1989) et son Kid Eternity (1991), et c’est contemporain de son run sur la Doom Patrol (1989-92). — Le premier est aussi l’un de ses plus gros succès commerciaux (voire son plus gros succès commercial ?) et le titre qui l’a rendu célèbre. — Alors qu’il y a un tas de titres plus récents qui se lisent sans difficulté particulière (en vrac, la JLA, les New X-Men, All-Star Superman, NOU3, l’essentiel de son run sur Batman, sa Wonder Woman, son run en cours sur Green Lantern, et j’en oublie), ou des difficultés, disons, très surmontables (surtout si on n’a pas de problème avec Doom Patrol), pour finalement une minorité de titres où le lecteur peut vraiment avoir l’impression qu’il doit se poser avec un tube de paracetamol et son dictionnaire des symboles à côté s’il veut comprendre de quoi ça parle.

Ceci posé, je suis tout à fait d’accord pour considérer Doom Patrol comme un des meilleurs titres de Morrison, une sorte d’opus magnum précoce où il place, et met en place, quasiment toutes les thématiques qu’il va continuer d’explorer pendant les trente années suivantes (Multiversity, à l’autre bout de la chaîne, étant un peu, à mon sens, l’oméga de cet alpha, une grande récapitulation).

Je ne me suis pas précipité sur le T.2 avant la fermeture des librairies (ce que je regrette un peu, maintenant, pour ce titre, même si ma Pile À Lire a de quoi me tenir occupé un moment) ; mais confinement aidant je sens que je ne vais pas tarder à me lancer dans la relecture VF de la série grâce au T.1 d’Urban, en tout cas.

Mais pas supervisés par le même editor.

Les deux moins bons titres (à mon goût) le sont par Karen Berger (je crois), et la Doom Patrol par Tom Peyer.

Les tiroirs de références ne sont pas (pour moi) le problème, c’est surtout que la lecture est pénible.

Pour blaguer (?), une rumeur circulait sur je ne sais plus lequel des titres que Morisson écrivait alors ; laquelle disait en substance qu’après avoir écrit son scénario, il en enlevait des pages, au hasard, avant de l’envoyer au dessinateur.

C’est exactement l’impression que certaines histoires me laissent.

Maintenant si quelqu’un a une appréciation différente, je l’envie.

:rofl: Tu es trop bon.

Si je me souviens bien, cette rumeur date de Final Crisis et est en fait affiliée au passage de l’histoire où le temps s’effondre sur lui même. Les évènements n’ont plus vraiment d’ordre ou disparaissent d’eux-mêmes. Dans l’exercice comme dans le résultat, ça me semblait faire sens à l’époque.

Oui, maintenant que tu le dis, ça me semble daté de cette période.

J’entame le premier tome et je viens de lire le 1er épisode par Momo. Pas grand chose pour l’instant à dire si ce n’est que c’est bien.

Par contre le Secret Origins qui précède me rappelle un truc concernant Byrne. C’est à quel point le barbu est doué dans l’exercice du résumé. Que ce soit en début d’un épisode que lorsque celui-ci est entièrement dédié à cela (le fameux épisode du départ de Cyclope après la mort de Jean). Je ne sais pas à quoi ça tient dans la construction, la mise en page, la manière de cerner l’image la plus importante qui résume le tout mais à chaque fois que je tombe sur ce type d’histoire, je me régale à la lecture tant bien même je connais le truc par cœur. Chose que je ne fais pas forcément quand c’est d’autres personnes au commande.

(oui je sais que cet épisode est écrit par Kupperberg)

Oui, ça pourrait être raccord avec la nature même du chapitre final (hé hé) de « Final Crisis », comme tu le décris, mais je crois me rappeler de mon côté que ça concernait en fait l’épilogue de « Seven Soldiers », un titre sur lequel Morrison s’était pris la tête avec le staff éditorial ; il aurait prévu un épilogue deux fois plus long et on le lui a refusé. De rage, il aurait « au hasard » fait sauter la moitié des pages du script.
A la lecture du résultat final, je n’y crois pas une seconde : cet épilogue est remarquablement construit, et sa nature (interactions « à distance » entre tous les persos) ne permet pas à mon sens de faire sauter des pages de script au petite bonheur la chance… J’aurais plus mordu si c’était effectivement de « Final Crisis » qu’il s’était agi.

D’après la rumeur là encore, cet épisode serait d’ailleurs entièrement du fait de Byrne, Claremont n’étant probablement intervenu qu’à la toute fin pour le texte… Ce qui confirmerait ce que tu dis sur la faculté de Byrne à exceller dans ce type d’exercice, que j’adore aussi par ailleurs. Anecdote perso : c’est le premier épisode des X-Men (Uncanny X-Men 138, dans Spécial Strange 34 en VF, si je ne m’abuse) que j’ai lu, tout gamin (vraiment gamin).

Pour le coup, je rajouterais à ta courte liste l’incroyable « Bible John - A Forensic Meditation » (son « From Hell » à lui), très exigeant et difficile d’accès. Paradoxalement, je le considère comme une des réussites majeures (cachées) de sa bibliographie : c’est une tentative de BD incroyablement originale ; l’originalité ne suffit certes pas, mais en l’occurrence on aurait bien du mal à trouver une BD qui ressemble à « Bible John » (même « From Hell » : c’est ce que je préfère dans le corpus de Moore, mais disons que ça reste, malgré la maestria et la portée thématique, une BD relativement « classique » dans son storytelling, aussi poussé soit-il, alors que « Bible John » largue les amarres par rapport à tous les codes connus…).

Oh moi aussi :grinning:

Une porte d’entrée idéale, n’est-ce pas !!!

Et surtout vu que je lisais déjà Spidey, ça donnait grave envie de combler les trous

Doom_Patrol_Vol_2_63
*couverture à venir

Doom patrol tome 3

Le pays est pris de folie tandis que Monsieur Personne se lance dans une campagne électorale surréaliste au sens propre ! Cliff Steele pense que la Doom Patrol doit agir, mais Crazy Jane n’est pas convaincue de la nécessité d’un combat. Et Rebis, que ses équipiers ont connu sous le nom de Larry Traynor, quitte l’équipe afin de préparer un mystérieux avènement dont il ne veut rien dire. Privée de deux de ses membres, la Doom Patrol semble démunie face à la folie qui se répand, et l’aide d’un certain Willoughby Kipling ne sera pas de trop !

Âge : 15+

Collection : Vertigo Essentiels

Série : Doom Patrol

INFOS

SCÉNARISTE : GRANT MORRISON - DESSINATEUR : RICHARD CASE
  • Date de sortie : 23 avril 2021
  • Pagination : 424 pages
  • EAN : 9791026817703
  • Contenu vo : #51-63
  • Prix : 35 €

Si vous avez aimé les deux premiers tomes, et que vous n’avez pas lu la VO, sachez que ce dernier volume dépasse encore de la tête et des épaules ce qui a précédé. Au menu, des twists gargantuesques et un crescendo démentiel autour du dernier « big bad » du run de Morrison. Cerise sur le gâteau, la fin de cette prestation toute en ambiguïté est à pleurer de beauté…
Je l’ai dit 20 fois mais je le redis : pour moi, c’est dans le top 3 des meilleurs runs de comics « mainstream » de tous les temps, aux côtés des FF de Lee et Kirby et des X-Men de Claremont. Morrison est en bonne compagnie sur ce coup.

1 « J'aime »

Encore plus impatient de le lire avec ton commentaire ! :astonished:

Ah, ce n’est pas pratique pour le ranger dans la bibliothèque, du coup !

Tori.

Haha bien vu!
Je m’en veux de l’avoir raté ! :sweat_smile: