FABULER LA FIN DU MONDE - LA PUISSANCE CRITIQUE DES FICTIONS D'APOCALYPSE (Jean-Paul Engélibert)

Omniprésentes, les fictions d’apocalypse – littéraires, cinématographiques, télévisuelles – imprègnent plus que jamais les tissus profonds de nos imaginaires. Apparues avec la Révolution industrielle, elles accompagnent les désillusions politiques des XIXe, XXe et XXIe siècles. Elles prennent racine dans un désespoir issu d’abord de l’échec de la Révolution française, puis d’une critique de l’idéologie du progrès. Bien avant qu’on forge les concepts d’anthropocène et de capitalocène, elles ont exprimé la prise de conscience de l’empreinte du capital sur la planète.
Ainsi, contrairement à ce qu’on pourrait croire, elles ne sont pas nihilistes. Figurer la fin du monde, c’est opposer au présentisme et au fatalisme contemporains une autre conception du temps et une autre idée de la lutte. C’est chercher à faire émerger un horizon encore invisible, une promesse ouverte, indéterminée et en tant que telle nécessaire à l’invention politique : l’utopie.

Cet essai est sorti l’année dernière et je viens d’en lire quelques critiques plutôt bonnes.

Est-ce que quelqu’un du forum l’a déjà lu?

Oh, ça m’intéresse bien, ça.

Jim

Moi aussi. Je ne l’ai pas lu, donc, Vinch. :slight_smile:
Mais ça m’intéresse à l’aune du petit texte que tu as mis dans la présentation, parce que j’ai précisément une vision pratiquement opposée du soubassement idéologique du genre post-apo : j’ai tendance à le voir, certes, comme un produit naturel de la grande ère capitaliste/consumériste que nous traversons (comme l’auteur semble aussi le penser), mais je vois les fictions qui en découlent plus comme des « préaparations » précisément à l’idée que tout le monde ne s’en sortira pas, et que, dans ce cadre, mieux vaut oeuvrer à sa propre survie, point barre. Une sorte d’accompagnement idéologique du capitalocène, donc. Je schématise à gros traits, bien sûr, là…
Bien sûr, je ne demande qu’à être détrompé sur la question, ça me permettrait de résoudre un petit paradoxe personnel (pourquoi ce genre de fictions m’attire alors que son fond idéologique semble me poser problème).

En gros, en tant qu’homme de gauche, tu trouves bizarre de te sentir attiré par des fictions de droite ?
:wink:
J’ai le même sentiment.

Bon, je crois déjà qu’il faut relativiser, en ce sens que le sentiment d’une fin imminente et la nécessité d’y répondre, de se créer un mythe, un roman (qui n’est plus « national », mais c’est la même idée), fait écho à des préoccupations de droite comme de gauche. Si l’on regarde dans la vie réelle, et que l’on se penche sur les « survivalistes » d’un côté et les « collapsologues » de l’autre, on peut tracer une division droite-gauche assez évidente, les premiers considérant que l’effondrement amènera à une loi du plus fort et qu’il faut s’armer pour survivre, les seconds estimant que c’est par l’union et l’organisation sociale qu’on s’en sortira (partage, entraide, mise en commun des ressources). J’aurais tendance à penser que ces derniers ont raison, par le simple fait que même les plus durs des survivalistes suggèrent que l’union fera la force et qu’il faudra que tout le monde mette la main à la pâte, dans une logique de mutualisation des efforts qui feraient vomir les plus capitalistes d’entre eux.
Dans la fiction, je trouve que cette dualité est déjà très bien représentée dans New York ne répond plus, où les vergers sont convoités par les brutes régnant dans les rues, signe que la communauté d’agriculteurs a raison.

Quant à tension idéologique, je la résous tout simplement à la lumière de ce que je viens d’énoncer, à savoir que le problème est là et qu’il y a deux réponses possibles. Pas nécessairement antinomiques d’ailleurs (Robert Kirkman l’a bien énoncé dans Walking Dead, en décrivant à plusieurs reprises la communauté de Rick comme capable d’allier la résilience (par l’agriculture notamment) à une certaine forme de violence qui peut même rivaliser avec celle des agresseurs).
La tension réside dans l’idée de « sa propre survie » : survivre seul me semble une illusion, un truc pas tenable sur la durée. D’où la nécessité d’intégrer un groupe, une communauté. Le « soi » devient alors pluriel.

Enfin, il ne faut pas oublier qu’une fiction est intéressante quand il y a conflit. Une communauté qui vit tranquillement de la culture de ses légumes n’a pas beaucoup d’intérêt en soi. Je suis une légende version Will Smith (et version montage officiel) s’arrête quand les personnages trouve le petit village peinard dans sa forêt : la sécurité est là, l’histoire s’arrête. Dans The Postman, l’histoire devient légende quand les choses ont repris leur cours.
Ce qui est intéressant, c’est quand Mad Max rencontre un motard. Pas quand il roule tout seul sur le bandeau d’asphalte. Tant que les survivants n’ont pas atteint les villes désertées sur la côté, il y a une histoire. Quand ils y seront, ce ne sera plus intéressant : l’enfant sauvage a grandi, il a appris à parler, il a vieilli. Et visiblement, il a contribué à reconstruire la « civilisation », mais rien de marquant ne s’est déroulé.
Ce principe de fiction, en tant qu’amateurs de récits, on y est sensible. On aime quand ça dérape. Les cannibales de The Road ou de The Book of Eli sont là parce qu’ils incarnent le dérapage, les peurs qui y sont liées, la matérialisation du pire… et aussi le frisson d’observer l’horreur.

C’est un peu comme les Nazis : on les déteste, ils nous font peur, ils incarnent le pire du pire… mais qu’est-ce qu’ils sont cool dans Indiana Jones.

Jim

Ha ha ha !! Voilà qui est brutalement formulé, mais parfaitement résumé, en effet.

Et sinon, je suis d’accord concernant les tensions nécessaires au déroulement d’un récit. Je pensais à l’exemple de « Mad Max 2 » moi aussi, avec le fait que le perso prend parti pour les hippies idéalistes contre les punks nihilistes, au bout du compte…
Donc je suis d’accord avec tous les exemples que tu cites, sans problème.

Demeure cette petite sensation de démangeaison dans mon occiput : même si je ne suis pas fondamentalement en désaccord sur le constat (à l’aune de ce que j’en sais), j’ai du mal à avaler le fait que nous en sommes à développer des fictions qui actent la chute de la civilisation, comme si c’était joué, plié, acté, et qu’il n’y avait plus rien à y faire. J’y vois une forme de renoncement.
Et pourtant, encore une fois, ce type de récit m’attire énormément, et j’y vois des potentialités encore peu exploitées d’ailleurs, qui émergent de temps en temps (je pense au très original « The Rover » de David Michod par exemple, qui a des petites trouvailles orginales dans ce contexte, comme l’argent qui circule toujours de manière absurde, comme si les hommes étaient décidément incorrigibles là-dessus).
Sans parler du potentiel « mythologique » ; qui dit fin d’une civilisation dit éventuellement fondation d’une nouvelle.

Des hippies qui sont aussi des techniciens puisqu’ils ont apprivoisé le pétrole. Donc ça floute encore plus la parabole politique.
C’est aussi le charme des fictions : se nourrir de signes et de symboles contradictoires.

Concernant cette tension, je pense qu’elle est plus de l’ordre du psychologique. Ou plus précisément, que le psychologique se greffe au reste. La figure de l’homme providentiel existe chez nous (et parfois, c’est même une femme providentielle), mais en Amérique elle s’est muée en figure du héros solitaire, qui est devenue sa nouvelle forme quasi immuable, teintant l’ensemble de la fiction anglosaxonne. Ailleurs, elle connaît d’autres formes (c’est le héros picaresque, par exemple), mais en Amérique, elle a mué parce que ce jeune pays s’est construit une mythologie à part, et l’émergence de personnages comme Johnny Appleseed, Paul Bunyan ou d’autres (et ensuite Zorro ou Superman, vous voyez le genre) a donné une nouvelle dimension à l’idée de l’homme providentiel.
Et nous, je le dis parfois avec énervement et ici avec une douce ironie parce que je me reconnais dans ce portrait, nous sommes des colonisés culturels, et cette figure de l’homme providentiel exerce sur nous une certaine fascination (or, la fascination est toujours teintée sinon de dégoût du moins de méfiance).
C’est assez logique selon moi : l’homme providentiel, sans attache, qui a gommé son passé, qui arrive et perturbe les statu quo, ça ne s’emboîte que difficilement dans l’imaginaire collectif du pays des Lumières, de la Constituante et de la Sécurité Sociale.
La crise sanitaire actuelle, associée à une présidence américaine à nulle autre pareil (admirez l’euphémisme), met en évidence les différences culturelles de ces deux pays, et des écartèlements culturels quand les figures du Nouveau-Monde envahissent l’imaginaire du Vieux Continent.

Je crois que c’est dans Science-fiction : les frontières de la modernité que Raphaël Colson et André-François Ruaud évoque le cyberpunk comme un signal d’alerte (sur la privatisation du pouvoir politique, sur les dérives de la science, sur l’effondrement du climat et de la biodiversité…) qui a fini par habituer la conscience collective aux drames que les auteurs voulaient dénoncer et prévenir. En gros, le motif d’un contrôle informatique global était là, dans les pages des romans, et quand il arrive dans la vraie vie, la réaction est de dire « bah ouais, on le savait déjà… ». On peut sans doute appliquer ça à d’autres domaines de la société.
Est-ce que c’est un renoncement ? Je ne sais pas. Une inertie, bien évidemment, entretenue par les pouvoirs politiques qui, de quelque bord qu’ils soient, détestent avec une farouche unanimité les lanceurs d’alerte. Les gouvernements recrutent des écrivains de SF pour inventer les armes de demain, pas pour écouter leurs inquiétudes quant au climat ou à l’alimentation.
Je pense qu’on peut étendre ça au rapport à la science (on le voit bien en ce moment : la science est perçue avec un mélange de méfiance et d’attente messianique). Les premiers rapports sur le réchauffement climatique datent de presque une centaine d’années. Entre l’inertie des peuples et l’inaction des politiques, on a le même phénomène.
En revanche, aujourd’hui, quand on regarde la séquence de l’arbre famélique dans Soleil Vert, on se dit qu’on y est. Même les gens les plus inquiets éprouvent un sentiment de fatalité. C’est peut-être plus de la fatigue ou du désespoir que du renoncement.
Enfin, ça donne pas la patate, je suis bien d’accord.

À ce titre, je trouve Demolition Man assez brillant dans l’exercice consistant, sur le mode de la parodie, à décrire un monde d’après qui s’ingénie à copier le monde d’avant… en retournant dans tous les sens l’argument progressiste (la scène du burger à la viande de rat me fait toujours autant marrer). Mais au-delà du rire, le film s’interroge sur ce que pourrait être un monde post-apocalyptique. Et on sait déjà à quoi ça pourrait ressembler, parce que sur Terre, on en a, des exemples post-apocalyptiques, de Hiroshima (qui a été reconstruite) à Prypiat (qui a été abandonnée). De quoi nourrir un imaginaire complexe.

Jim

Ah, en fait, c’est dans Rétro-Futur : Demain s’est déjà produit, de Colson.

On en parle à partir d’ici :

Et en gros, l’idée, c’est que le motif (littéraire ou visuel) qui sert d’avertissement perd de son pouvoir d’alerte à mesure qu’il est démultiplié (un peu plus bas, je cite l’image de la Statue de Liberté, ensablée, prise dans les glaces ou décapitée au gré des films). La récurrence des images finit par nous habituer à celles-ci, et quand elles surviennent dans la vie réelle, on est déjà « habitués » au malheur. On perd un peu de notre capacité d’indignation.
D’une certaine manière, la sidération qui s’est emparée des gens au début du confinement (et qui m’a été confirmée par plein de gens dans le monde de l’édition…) témoigne du fait que cette « habitude » ne s’est quand même pas trop enracinée : on peut encore être surpris (et donc terrifiés, par exemple), ce qui me semble très sain.

Jim

Je suis complètement d’accord avec ce constat (et avec tout le reste de ce que tu développes brillamment, d’ailleurs), et je suis même un peu obsédé par cette question en ce moment, rapport à un travail en cours, dont l’objet, pour ma petite personne, serait d’arriver à « décoller » la figure de l’homme providentiel, que j’exècre sur le plan politique, de celle du héros, qui me fascine et me passionne depuis la petite enfance.
Pour moi, elles ne se superposent pas tout à fait.

A ce titre, j’ai récemment interviewé l’excellent Aurélien Lemant au sujet de son essai récent sur « Watchmen » (cf. le fil de discussion sur mon émission « Tumatxa! »), et il y développe une idée passionnante et assez contre-intuitive sur ce sujet, une idée qui contre la vieille antienne des anti-comics à la Michel Gondry du super-héros comme figure crypto-fasciste : c’est l’idée que le super-héros, au lieu de confisquer le « pouvoir au peuple », est au contraire un symbole du refus de la délégation du pouvoir, c’est-à-dire in fine du refus de sa confiscation. Autrement dit, une figure bien plus « horizontale » que « verticale ».
Un paradoxe très intéressant et brillamment développé par ses soins.

Mais cela nous éloigne un peu des fictions apocalyptiques. Quoique… Dans le climat un peu pré-apocalyptique des derniers mois, il est frappant de constater qu’en France tout du moins on s’est cherché une figure d’homme providentiel. Que ce soit un scientifique (je pense à Raoult, évidemment) est assez cocasse, je trouve ; la science est un domaine qui a peu produit de figures de ce type, je crois. Elle a plus souvent fourni des figures propres à déclencher une certaine panique, fût-ce au sein même de la corporation seulement.

Je suis d’accord.
Mais je crois aussi qu’elles apparaissent un peu en même temps. Je crois qu’on peut lire des figures mythologiques anciennes (je pense à Gilgamesh, mais sans doute aussi à quelques personnages bibliques, Noé en tête) comme des êtres incarnant les deux aspects, peut-être pas en même temps en fait. Le cycle arthurien, en intégrant toutes ces variantes, en est plein, de ces héros solitaires qui deviennent hommes providentiels et inversement (et se rajoute ici une dimension qu’on qualifiera de prophétique, pour aller vite).

Jim

Oui, c’est certainement exact. Mais quitte à remonter ainsi le fil de l’histoire des récits, je pense qu’on trouverait aussi des figures héroïques qui ne doivent rien ou peu à l’homme providentiel : c’est quand même le cas d’Ulysse, évidemment, mais c’est moins vrai pour un Hercule ou un Siegfried, il me semble.

Va falloir que je creuse la piste que tu indiques, parce que pour l’instant, je n’en saisis pas bien les contours. Pour ma part, je n’ai jamais vu le super-héros comme confisquant le pouvoir au peuple. Et encore moins comme une extension du fascisme. Dans la vaste majorité du corpus, à l’exception de certaines œuvres qui posent directement la question (Dark Knight, Squadron Supreme, Authority…), je crois que le super-héros est une représentation de l’initiative personnelle face à l’incurie / l’injustice / l’absence de loi. Et encore, si l’on se réfère aux premières aventures de Superman, ce n’est même pas ça : la loi et la justice existent (puisque Superman y conduit les méchants qu’il arrêtent), elles n’ont simplement pas porté leur regard dans la bonne direction. Superman est l’exemple de la mise en pratique du « citizen’s arrest ». Et en cela, là encore, c’est profondément américain.
Mais rien que cela me semble singulièrement anti-fasciste. Le fascisme est tout de même un sport de groupe. Il se manifeste par l’accession au pouvoir d’une caste qui a refusé le système des élites mais qui s’est constitué en élite à son tour. C’est un groupe organisé, là où le super-héros est un individu seul.
J’écoutais récemment l’interview radiophonique de Mathieu Lauffray, et il parlait de la figure du pirate, cet individu hors société, hors loi, hors système. Qui se recrée, à la fois au niveau de son nom, de ses attributions, de son apparence. Fatalement, je n’ai pas pu m’empêcher d’y voir une influence sur les super-héros, qui sont souvent marqués par la figure du cow-boy, mais il me semble que le pirate a aussi sa part de paternité dans l’affaire. Ce serait à creuser.

L’interview en question :
https://www.rfi.fr/fr/podcasts/20200715-mathieu-lauffray-repart-à-l-abordage-raven

Sur ce point, je rejoindrais l’approche d’un Serge Lehman dans La Brigade Chimérique ou d’un Xavier Dorison dans Sentinelles, qui font le constat que la Première Guerre mondiale a coupé l’élan du surhomme dans l’imaginaire européen, parce que la science a été associée à des horreurs (les gaz moutarde, les blindés). La deuxième couche a été le mythe du surhomme nazi, de la « race des seigneurs » à l’occasion de la Seconde Guerre mondiale, mais le précédent conflit a consommé la rupture entre l’imaginaire et la science.
Là où, aux États-Unis, la figure du scientifique a été absorbée dans la littérature populaire, avec notamment la vogue des « édisonades » dans les dime novels puis les pulps, où de vaillants inventeurs combattaient le mal et sauvaient le monde. Une tradition à laquelle appartiennent Reed Richards ou Tom Strong.
Chez eux, le scientifique est héroïque, chez nous c’est un savant fou.

Le retournement de situation récent que tu évoques est sans doute lié à la crise des élites actuelle. Une telle figure providentielle est introuvable dans la sphère de la politique ou de la finance, durablement associées à la corruption. La sphère du religieux est sensible et créatrice de tensions dont personne ne veut. Celles du militaire et de l’information pâtissent du désamour des autres (par un jeu complexe de collusions entretenu par une vision complotiste des choses). Reste la science, à défaut d’autre choix.
Du moins, c’est comme cela que je l’interprète. Et cette recherche d’une figure quasi messianique n’a d’ailleurs rien de bien scientifique. Au pays du cartésianisme, les réactions n’ont pas été très rationnelles.

Jim

Il faudrait que je trouve le passage en question dans son livre, mais je ne l’ai pas sous la main, là. Pour le reste, moi non plus je ne vois pas du tout la figure du super-héros comme confiscatrice du pouvoir ; ce serait même une figure « d’empowerment », pour utiliser une expression à la mode. Mais je pense que c’est ce qu’ont à l’esprit ceux qui hurlent à la figure crypto-fasciste…

Une figure globalement très sous-exploitée par la pop culture moderne, alors qu’il y aurait de quoi faire. William Burroughs est un des rares à l’avoir investie (dans « Les Cités de la Nuit Ecarlate », au début des années 80), en lui rendant tout son potentiel libertaire ; il est d’ailleurs cité à ce titre par le penseur anar’ Hakim Bey, l’auteur du concept des TAZ (« zones d’autonomie temporaire »).

J’ai lu récemment une préface d’Isaac Asimov à son propre travail, où il fait remonter le désamour du savant et de ses créations/créatures au mythe faustien, réactivé par Mary Shelley dans son fameux « Frankenstein ». Les progrès scientifiques ont été souvent associés à des dérives prométhéennes, comme l’expression de l’hubris antique : l’homme se prend pour un dieu et il se prend le retour de bâton en pleine gueule ; c’est une crainte un peu irrationnelle, mais elle a le mérite de faire rimer conscience et science. Il relève d’ailleurs lui-même que cette vision des choses convoyée par la littérature est contredite par le positivisme ambiant du dix-neuvième siècle.
Les choses s’aggravent comme tu le précises au début du 20ème siècle, avec les boucheries que l’on sait. Asimov avait l’impression, avec son « Cycle des robots », d’aller à rebours de la doxa en présentant des créatures artificielles « positives ». Je note que la création du super-héros est à peu près contemporaine de ce renversement.

Très clairement.

J’ai l’exemplaire d’un pote quelque part dans mon bureau, sur une pile… ou sous un tas. Je vais essayer de fouiner pour en savoir plus.

Qui bien souvent voient du fascisme partout, surtout là où il n’y en a pas. Ce qui conduit à s’interroger sur leur définition du terme.

Carrément.
Mais la découverte de Bey ne m’avait pas fait à ce point tilt, alors que les propos de Mathieu, si. Sans doute les hasards d’une pensée (la mienne) qui baguenaude.
Après, Moore a très bien compris le parallèle entre les deux figures : dans un monde où les super-héros existent, le mythe du pirate comme source d’évasion voire d’espoir devient évident.

Voilà. Positivisme qui s’implante sur le Nouveau-Monde mais qui prend un tour sinistre dans l’Europe ravagée par le conflit mondial.

J’aurais tendance à penser que son impression était fondée.

Jim

En dehors du jeux-vidéos je dirais

Absolument, et c’est suffisamment rare pour être souligné, je trouve.

Ah oui ? C’est très possible, mon inculture dans le domaine est assez crasse. Je penserais comme ça aux « Monkey’s Island » de chez Lucasfilm Games mais ça remonte un peu comme référence. :slight_smile:

C’est le seul à l’avoir compris puisque dans chaque adaptation ou autre, personne n’y fait référence.

Après, en sorties récentes, il n’y a pas grand chose côté « pirates ». Depuis Assasin’s Creed Blackflag (2013), c’est même plutôt le désert. Depuis , il y a juste eu des adaptations LEGO de « Pirates des Caraïbes » ou de « One Piece » et quelques tentatives de MMO.
Mais bon, le top (pour ma génération en tout cas) restera toujours la trilogie initiale des Monkey Island.

Sinon Jim et Photonik, vous vous êtes bien lâchés. Il va falloir que je prenne le temps de lire tout ça.

Il me semble qu’une des multiples versions de la bouse ciné comporte des scènes animées de cette partie non ?

En effet mais ça reste très marquant. Mais il y a plus récent, je pense par exemple à Assassin’s Creed IV : Black Flag qui te met dans la peau d’Edward Kenway, un jeune anglais qui va devenir pirate (et assassin également) dans les Caraïbes en 1715. Il côtoiera Edward Thatch, Laureano de Torres, Woodes Rogers, Benjamin Hornigold, Bartholomew Roberts, Mary Read, Anne Bonny, Jack Rackam ou encore Charles Vanel (et j’en oublie).

De par son fonctionnement (le jeu permet aux joueurs d’évoluer comme il le souhaite dans l’intrigue et donc de mettre de coté l’avancée de l’histoire pour se concentrer sur l’exploration de l’univers ou des actes de piraterie en eux-même), AC IV permet de développer à fond la figure du pirate, son environnement et l’histoire de l’age d’or. L’un des arcs scénaristique du jeu se concentre sur la volonté des pirates de créer sur Nasseau une république des pirates où ils pourraient vivre comme ils le voudraient.

On retrouve aussi la figure du pirate dans Assassin’s Creed : Odyssey (le dernier en date de la série) qui se déroule en 431 av JC. Le misthios pourra devenir aussi un pirate, le jeu permettant alors de se faire une idée de la piraterie à cette époque (qu’on oublie souvent)

L’utopie pirate est le sujet de la quête de Nathan Drake et, surtout, de son frère Samuel dans Uncharted 4 : A Thief’s End qui conclue la saga Uncharted (du moins la saga de Nathan Drake), un jeu d’aventure extraordinaire (cherchez pas, si l’aventure avait un nom elle s’appellerait Indiana Jones, si elle avait un fils elle s’appellerait Nathan Drake). Le 4ème opus donc voit les frangins tentés de trouver le fabuleux trésor de Henry Avery. En cours de jeu, ils découvriront que ce dernier a réussi à fonder une colonie libertaire avec tous les autres grandes figures de pirates. Une ile cachée du nom de Libertalia. L’aventure, parallèle du besoin de danger des Drake, nous permet de découvrir toutes l’histoire de cet age de piraterie et cette utopie.

Ça reste peu, cela dit je pense que j’en oublie, je cite là les deux énormes exemples de jeu qui ont fait des millions de ventes. La figure est infusée dans bien d’autres jeux.

C’est surtout, en fait, que ta remarque est juste et en même temps me fait dire qu’a chaque fois qu’on se penche sur la culture populaire dans son histoire, le jeu-vidéo reste un parent pauvre de l’étude alors qu’il est probablement la forme la plus populaire actuellement et c’est là que se développe le plus de reprise de certains genre. Le western par exemple, la piraterie avec les exemples cités mais aussi le cyberpunk avec un jeu (Cyperpuynk donc) très attendu et j’en oublie.

Pour revenir sur le sujet de la fin du monde, je suis étonné (en me basant sur le résumé du titre) que si l’ouvrage aborde les fictions littéraires, cinés ou télévisuelles, il n’aborde pas celles du jeu vidéo alors qu’elles sont omniprésente depuis des dizaines d’années. Je citerais Fallout par exemple (une référence) et tout plein de dérivés mais je pense aussi à l’extraordinaire Horizon Zero Dawn (où on évolue dans un monde post apo où animaux et machine ne font qu’un et où l’héroïne découvrira ce qui s’est passé à notre époque) et, surtout, les deux chef d’œuvre que sont The Last of Us I et II. Deux jeux (par le studio ayant crée Uncharted) se déroulant 25 ans après qu’une pandémie ai ravagée la planète (un champignon transformant les gens en zombie/infecté). Dans le premier on suit Joel un rescapé d’une cinquantaine d’année dont on comprend vite qu’il n’est pas un ange et qui va devoir aider une jeune fille, Ellie, à trouver un laboratoire tenu par une milice opposée à l’armée. Car Ellie semble être porteuse d’un anticorps pouvant détruire le virus.

Le jeu est un voyage qui voit le joueur partir de Boston jusqu’à Salt Like City. On est donc amené à découvrir tout un monde tentant de survivre avec des villes barricadé et tenu par l’armée ou bien des villes ravagés tenu par des gangs mais aussi des villes déserte dans lequel, par l’exploration des maisons, on découvre des multiples petites histoires lors de la chute de la civilisation ou après. Le jeu s’ouvre d’ailleurs sur cette chute, un début extraordinaire qui fait la nique à n’importe qu’elle œuvre en la matière. Il faut dire que le fait d’être acteur joue énormément à l’implication narrative et émotionnelle.

Aspect bien compris par les créateurs et encore plus sur The Last of Us part II puisque les choix narratifs pris par les auteurs font du jeu une des plus fortes et terrible analyses des mécanismes de haines qui peuvent pousser les individus et les groupes.

Ha ben tu fais bien de le citer. C’est ouf parce que je suis en train de le lire. One Pièce, manga ultrapopulaire au niveau mondial, commencé en 1997 et toujours en cours de publication et dont le sujet est la quête d’un jeune pirate pour découvrir un fabuleux trésors. Alors là si vous voulez de la figure de pirate vous êtes servis

Pendant longtemps le manga le plus vendu dépassé depuis peu par Demon slayer et One piece touche à sa fin. Son auteur voulant arrêter peu après le 100.