FAIS ATTENTION BEN, CHARLIE ARRIVE ! (Michele Lupo)

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REALISATEUR

Michele Lupo

SCENARISTES

George Eastman et Sergio Donati

DISTRIBUTION

Giuliano Gemma, George Eastman, Vittorio Congia, Giacomo ROssi-Stuart, Marisa Mell…

INFOS

Long métrage italien
Genre : western/comédie
Titre original : Amico, stammi lontano almeno un palmo
Année de production : 1972

Les fondus de bisseries ritales connaissent bien la grande carcasse de George Eastman. De son vrai nom Luigi Montefiori, l’ancien graphiste se laissa tenter par les sirènes de Rome suite à sa rencontre avec des producteurs impressionnés par sa carrure (le bonhomme est très, très grand) et son sourire carnassier. Eastman débute au cinéma dans des petits rôles dans des westerns spaghettis (Django tire le premier en 1966), puis gravit très vite les échelons puisqu’il obtient des rôles de premier plan dès l’année suivante (Poker au colt, Trinita prépare ton cercueil).

S’il joue occasionnellement des personnages sympathiques, son physique imposant le destinera le plus souvent aux rôles de méchants en tout genre (ça…et son jeu qui se fera de plus en plus cabotin au fur et à mesure des années).
Les années 70/80 le verront donc au générique des plus beaux fleurons du nanar transalpin…les habitués de ces colonnes l’ont d’ailleurs déjà croisé en homme préhistorique coiffé d’une tête de lion dans Ironmaster, la guerre du fer, en guerrier du futur sodomite dans Les Nouveaux Barbares, en camionneur psychotique dans Atomic Cyborg ou encore en marchand d’armes à l’accent improbable dans Les Barbarians. Bref, la classe…

Mais Eastman a également traîné dans les bas-fonds les plus cradingues du bis italien en collaborant régulièrement avec le tacheron Joe D’Amato, roi du gore trash et du porno crapoteux. Sa participation à Anthropophagous, qu’il a lui-même écrit comme la plupart des films qu’il a tournés avec D’Amato, lui a valu le surnom de L’Homme qui se mange lui-même.

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Car George Eastman ne s’est pas contenté de faire l’acteur. Mario Bava, qui l’a dirigé dans Rabid Dogs, a d’ailleurs dit de lui qu’il était « trop intelligent pour être acteur ». S’il a tâté à quelques occasions de la réalisation, George Eastman s’est vite mis à l’écriture de scénarios, activité qu’il a privilégié à partir des années 90, après s’être retiré des plateaux de tournage.

Après une collaboration non créditée au western Ciak Mull de E.B. Clucher (dans lequel il a aussi joué) en 1970, le premier long métrage officiellement co-écrit par George Eastman fut donc Fais attention Ben, Charlie arrive de Michele Lupo en 1972. Il y partage les crédits avec Sergio Donati, prolifique scénariste dont l’un des titres de gloire fut le Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone.

Fais attention Ben, Charlie arrive fait partie de cette vague de westerns au ton humoristique qui a suivi le succès de On l’appelle Trinita avec le célèbre duo Terence Hill et Bud Spencer. On y retrouve le même genre de couple mal assorti, un chien fou, beau gosse et gouailleur qui se met toujours dans les pires ennuis et un grand gaillard taciturne qui se retrouve toujours dans les plans les plus foireux à cause de son pote. Le grand gaillard, c’est bien sûr Eastman. Le beau gosse, c’est Giuliano Gemma, sympathique acteur vu dans de nombreux films de genre, d’une flopée de westerns au péplum (Les Titans) en passant par la série des Angélique en France.

Très efficacement réalisée par Michele Lupo (Arizona Colt, déjà avec Giuliano Gemma), la pelloche est menée tambour battant, entre quiproquos amusants, bagarres de salon endiablées, gunfights pétaradants et chevauchées fantastiques. Pas de temps morts, ici…Michele Lupo maîtrise son affaire et fignole de très jolis plans tout en s’amusant avec les figures imposées (et crasseuses) du genre.

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La dynamique entre les deux acteurs principaux est savoureuse et prétexte à un humour qui fait mouche sans tomber dans les gags à base de fayots et de grandes tartes dans la gueule des Trinita (mais bon, j’aime bien les Trinita aussi). Le reste de la distribution comprend une belle galerie de tronches patibulaires qui font tout le sel du western italien. Et comme dans tout bon spaghetti, le thème musical est sacrément entraînant…

Je suis loin d’être un grand fan de la période trash de l’activité scénaristique de George Eastman (et je ne connais pas du tout son travail à la télé italienne), mais ce western mâtiné de comédie s’est révélé être un divertissement tout à fait recommandable et réjouissant.