Juste, pour revenir sur cette idée d’introduction d’ironie ou de réflexion sur le genre au sixième film, il faut rappeler/savoir que la franchise Fast & Furious a quand même une histoire très, très étrange.
Le premier film, bourrin surfant sur la mode des courses de voiture de nuit (l’idée du film est d’ailleurs partie d’un article de magazine dessus), avait une histoire ultra-classique du flic infiltré chez des voyous qui se prend d’amitié et se retourne contre une hiérarchie lourde et finalement injuste. Le deuxième film, suite directe mais sans Vin Diesel (qui à l’époque craint de s’enfermer dans des franchises comme ça ou xXx et préfère se concentrer sur Riddick, sans succès finalement), est encore plus con, avec Paul Walker accompagné de Tyreese Gibson (le black qui conduit dans le 6) qui essayent de refaire comme le premier, en moins bien.
Le trois, trois ans après, tente un retournement brutal pour retourner aux bases de la franchise : plus de Paul Walker, (quasiment) plus de Vin Diesel (petit cameo à la fin), un perso’ inconnu et de nouveau des courses de voitures (le deuxième film était plus un petit film de petits voleurs, le premier tirait là-dessus sur la fin) ; c’était naze, l’acteur principal n’a aucun charisme et la décentralisation à Tokyo était trop brutale.
Du coup, on pouvait légitimement penser que ça allait s’arrêter là, mais paf!, surprise. Le quatrième débarque trois ans après, avec le casting du premier film. Le film essaye de donner une cohérence, un historique général au machin, en instituant son histoire cinq ans après le premier film et en faisant plus un film de voleurs contre un cartel que de vrais conducteurs de voitures. C’est le début de l’orientation actuelle, avec une « Fast & Furious Family », des personnages qui se considèrent comme frères et soeurs (bon, la soeur du perso’ de Vin Diesel est mariée avec le perso’ de Paul Walker…) et essayent de se sauver les uns les autres. Ca apparaît à la fin du quatrième, où le perso’ de Vin Diesel est « injustement » mis en prison puis libéré par Paul Walker, qui lâche définitivement le côté flic.
Arrivent alors cette « trilogie » du 5-6-7, considérée comme le meilleur de la saga ; et c’est pas faux. Oubliés les films sur les courses de voitures, bonjour l’équipe (le 5 voit l’arrivée de tous les personnages de la saga, excepté le perso’ principal du 3 mais avec le « mentor » asiatique du 3) de voleurs internationaux et doués avec les voitures. Et, mine de rien, ça change beaucoup.
Du coup, avec cette orientation, la franchise change elle-même : Vin Diesel est une sorte de Danny Ocean moins classe et plus brutal, Paul Walker est son fidèle lieutenant ; il y a le petit génie mécano, le petit con blagueur, les nanas sexy et douées, etc. On est sur un film de groupe, un film choral, avec à chaque fois un « méchant » qui change à chaque film.
Dans le cinquième, l’équipe est opposée à The Rock. Dans le sixième, l’équipe intègre The Rock pour s’opposer à Luke Evans. Dans le septième, l’équipe avec définitivement The Rock est contre Jason Statham.
On est vraiment dans une dynamique de groupe, de pseudo famille. Les films traitent autant de l’action, des vols que des relations entre personnages : le dilemme de Paul Walker de continuer dangereusement ou de rester avec sa famille, la mort puis le retour de Michelle Rodriguez, l’exil des personnages, le besoin de retour, etc.
Je ne dis pas que c’est une franchise géniale ; je ne la goûte pas plus que ça, mais je trouve ça efficace et surtout impressionnant. On passe d’un bête film tiré d’un article sur les courses de nuit pour devenir une franchise de groupe, d’équipe de voleurs type Ocean’s Eleven plus bling-bling, avec une vraie tentative de faire des interactions entre les personnages et de créer un univers cohérent - quitte à opter pour une chronologie tarée.
Après tout, dans l’idée, la chronologie est ainsi : The Fast & The Furious (1er film) > 2 Fast 2 Furious (2e film) > Fast & Furious (4e film) > Fast Five (5e film) > Fast & Furious 6 (6e film) > The Fast and the Furious: Tokyo Drift (3e film) > Furious 7 (7e film). En effet, le troisième film est placé ainsi car le perso’ du « mentor » qu’on voit dedans meurt, et cet événement est récupéré comme conséquence du sixième film, quand le frère du méchant du sixième commence à se venger. D’où une « super-réunion » des survivants dans le sept contre Statham. Et on parle de Kurt Russel en gros méchant des 8-9-10 !
Encore une fois, la franchise ne me parle pas plus que ça, elle est efficace mais très basique et limitée, mais une telle évolution, une telle volonté que ça fonctionne sans rebooter et que tous les personnages soient concernés et réutilisés m’impressionne et, au fond, plaît beaucoup au fan de comics et d’univers partagé qui est en moi.