FEAR THE WALKING DEAD (Saisons 1-8)

Oui, quel phénomène…10 millions de spectateurs pour le pilote de Fear the Walking Dead. Encore un record…

Et il ne m’a pas particulièrement emballé, ce pilote. La comparaison avec le premier épisode de The Walking Dead est inévitable, et celui-ci se révèle moins percutant que le réveil de Rick Grimes dans un monde cauchemardesque.
Les trois premières minutes sont pas mal du tout. Comme pour la série-mère, on commence par un personnage qui s’éveille (ici, un jeune drogué) et des visuels horrifiques assez forts. Sauf que là, on n’arrive pas après les faits. Le monde est encore debout et du coup, le jeune s’interroge : est-ce qu’il a bien vu ce qu’il a vu ou est-ce le résultat d’un mauvais trip ?
Le problème, c’est que le spectateur connaît la réponse et qu’il n’y a pas du tout de suspense de ce côté-là.

Ce premier épisode sert surtout à présenter les personnages et est centré sur une famille recomposée et dysfonctionnelle (ben, tiens) : la conseillère d’orientation divorcée qui s’est mise en couple avec un prof de littérature lui-même divorcé et dont le fils ne veut plus entendre parler, le fils junkie et la fille qui aimerait vraiment être très loin de tout ça. Et c’est long, très long et pas particulièrement original. Au moins, les acteurs sont très bons, Kim Dickens et Cliff Curtis en tête.
Les auteurs font monter graduellement l’intrigue secondaire, en faisant s’interroger les héros sur la véracité des infos qu’ils reçoivent via la télé, la toile et les réseaux sociaux. Sans que ce soit vraiment palpitant, la tension ne s’accentuant vraiment que dans le dernier quart d’heure. C’est qu’à part le chouette pré-générique, ça manquait vraiment de zombies, tout ça…

C’est bien évidemment encore trop tôt pour juger pleinement ce retour aux origines de l’apocalypse zombie…il y a de bonnes idées dans ce pilote, deux ou trois moments efficaces malgré un recours à quelques effets un peu faciles, et globalement une bonne interprétation. Mais il y a aussi un gros creux un peu ennuyeux…

Oui, c’était quand même moins bon que les débuts de la bande à Rick Grimes…

Pas énorme mais déjà, le casting est béton. Pas de super intérêt, la montée en puissance du phénomène est radine en détails mais ça se laisse voir.

Moi, j’ai bien aimé. Ca n’est que de la mise en place. Donc, difficile de dire ce que ça va donner sur la durée, mais, pour l’instant, c’est plutôt positif. Les acteurs sont tous convaincants, la mise en scène efficace. Les seuls bémols concernent les scènes dans l’église : on se demande bien ce que le beau-père va foutre là-bas en plein milieu de la nuit et par quel miracle (vous me direz, normal pour une église) il y a toujours des bougies allumées dans un lieu déserté. J’ai toujours du mal à comprendre comment on peut sacrifier la vraisemblance sur l’autel de la photographie. Mais bon, c’est du détail. Pour l’essentiel, c’est du solide.

C’est pas désagréable. Certes, le portrait de la famille n’est pas original, mais il fonctionne bien.

Il y a des choses intéressantes, aussi : la famille est unie, il n’y a pas de condamnation morale lourdingue, on est plutôt sur un registre de la solidarité, de la présence parentale (la gestion des emplois du temps est un fil de la narration, notamment). Ça, c’est bien, pas de personnage qui font les gros yeux, c’est reposant.
Un autre truc intéressant, c’est que nous sommes dans une Amérique sécuritaire, où la présence policière est palpable. On voit bien le petit monde de l’école, qui a des relents carcéraux (vigiles, détecteurs de métaux). Et pourtant, cette société sécuritaire encadrée de partout, elle s’effondrera. La confrontation des deux images est pas mal.
Le truc qui m’a paru le plus démonstratif, et donc le plus lourd, c’est la leçon de littérature. De quoi Jack London nous parle dans Construire un feu (texte que j’adore, au demeurant) ? De survie ? Wahou, quelle analyse, quelle métaphore, quel clin d’œil subtil ! Mais bon, ça permet de caractériser le personnage de Cliff Curtis, acteur que j’apprécie au demeurant beaucoup.
Autre petit clin d’œil agréable, tous les renvois au monde de l’information immédiate : le geek obsédé par les conspirations, les gens rivés sur leurs écrans, il y a un parallèle entre la contamination biologique et la contamination mentale. Le terme « viral » prend ici une polysémie astucieuse.

Après arrive la question du rythme. Personnellement, j’aime bien. La mise en scène utilise les sirènes de police, les arrière-plans, les petites touches dans le décor, les coups d’œil en biais vers des silhouettes louches, pour démontrer le lent pourrissement des alentours. C’est un peu ce que la première saison de The Strain avait entrepris, mais je trouve que ça fonctionne mieux ici, sans doute parce que, paradoxalement, c’est plus graduel. Dans The Strain, on a la sensation que ça n’avance pas, que c’est toujours à peu près pareil, une errance de gens contaminés. Là, on a plutôt l’impression que les signes sont là et que la contamination se propage. Je sais pas comment dire, mais dans The Strain, je trouvais que ça tournait au procédé.
J’imagine qu’ils vont utiliser les six épisodes de cette première saison pour mener la contamination à son apogée. Donc on aura encore un ou deux épisodes où la situation ne sera pas identifiée et où les trains continueront à rouler, comme on le voit à la fin de cet épisode.
Et si c’est le cas, ça fait un parti pris plutôt pas mal. Une famille qui doit survivre alors que tout s’écroule. Ce qui sera intéressant, c’est de voir à quel moment s’opère le basculement. Le passage du « on se barricade » au « on s’en va ». Et je suis curieux de les suivre justement dans ce rythme assez lent, lié à la découverte et l’incrédulité des personnages.

Jim

C’est aussi trash que la série-mère ?

Beaucoup moins.
Mais pour l’instant, on n’est qu’au début de la contamination, donc les liens sociaux, les conventions, les convenances, les règles, tout est encore en place. C’est ce délitement qui sera intéressant à regarder, je pense.

Jim

Le second épisode m’a bien plu, je l’ai trouvé nettement plus accrocheur que le pilote. En revenant à la durée usuelle de 40 mn, le rythme un peu lent est mieux maîtrisé, avec une tension palpable et une bonne gestion du suspense. Encore de bonnes idées, avec notamment la séparation du couple vedette, qui permet d’avoir une vision d’ensemble du cauchemar qui monte en puissance et d’introduire de nouveaux personnages par la même occasion.
Les silences oppressants succèdent aux scènes de foules prêtes à exploser, alors que tout s’écroule petit à petit. Vraiment pas mal du tout…

Très bon même.

Pour moi, bien supérieur à TWD. En terme de réalisation, de jeu d’acteurs, d’écriture et de construction scénaristique. C’est blindé de petites idées, de petits plans qui nous ramènent à l’incrédulité des personnages. À leur humanité. C’est là ou la série-mêre pêche parfois, les personnages étant un peu trop égaux. Ok, ils sont en mode survie depuis longtemps, mais bon, ce sont tous des putains de durs à cuire. Et même s’ils ont des profils variés, il se fondent dans une grisaille commune qui élime vraiment les différences.

Dans The Walking Dead, c’est le ton et l’ambiance qui priment. Ici, les personnages passent devant. Le registre émotionnel est plus grand. Ça tient à la découverte de la situation, à l’effervescence qui en découle, mais pas seulement. La direction artistique et la qualité du cast - en particulier les jeunes comédiens - sont vraiment très supérieures à la moyenne.

Dans le même registre (la fin de la civilisation… un sujet terriblement porteur qui en dit long sur notre époque), The Strain - qui ne finit pas de s’enfoncer - passe pour une sous-série B grotesque.

Très chouette deuxième épisode.
Avec des plans assez forts (le ralenti sur les gamines portant des masques), des personnages sympa (elle est bien, cette famille dysfonctionnelle qui se serre les coudes), une véritable mise en scène de la dissolution sociale, du suspense solide…
Le personnage du geek boutonneux est assez épatant. Il est à la croisée du cliché et de la fonction narrative, et il parvient à être intéressant et sympathique, à dépasser sa seule utilité au sein du récit. Plutôt bien joué.
Et la scène où la mère ferme les rideaux et bloque la porte pour empêcher sa fille de voir ce qui se passe « là dehors », purée, c’est costaud.

Jim

**S1 E03 :**On arrive déjà à la mi-saison avec un twist final qui jette un autre regard sur la façon dont l’apocalypse zombie a progressé. Il n’y a une nouvelle fois pas de suspense pour le spectateur qui sait déjà que ça ne fera qu’aller de mal en pis…pourtant ça peut être intéressant pour creuser un peu plus les réactions des personnages, entre ceux qui sont prêt à aller jusqu’au bout pour survivre et ceux qui ont encore de l’espoir. Les événements de ce 3ème épisode donnent déjà une bonne idée, mais ça peut encore évoluer.
En espérant quand même que la tension ne retombe pas trop après deux épisodes un peu plus palpitants que le pilote…

Je ne partage pas ton opinion positive. Les personnages sont sympa, les dialogues sont pas mal, on commence à voir comment tel ou tel personnage se positionnera (et on aura sans doute des surprises, parce que dans ce genre de récits, c’est pas toujours le plus déterminé et le mieux armé qui s’en sort, c’est parfois celui qui fuit le plus vite…), mais au-delà de ça, la dynamique du récit, surtout dans les scènes d’action, est quand même capillotractée à un haut degré.
La sortie de l’échoppe, sérieux, elle tient que sur la gentillesse du spectateur. Un échafaudage s’écroule ? How convenient. La scène de la maison dresse le portrait d’une famille de crétins : ils sortent tous les trois ensemble, ils laissent la porte ouverte alors qu’ils se barricadent depuis la fin de l’épisode précédent, ils reviennent tous en même temps, ils se séparent au milieu du jardin, ils sont pas capables de ramasser les cartouches… Alors bon, je comprends l’enjeu de la scène, c’est pour montrer que ce sont des gens normaux, qui ne sont pas préparés, qui paniquent et prennent les mauvaises décisions, et qu’on verra devenir des survivants au prix de grands sacrifices gnagnagna… Mais en même temps, ça ne colle pas tellement à cette famille unie qui a déjà appris à être dur, à affronter la drogue, à prendre des décisions difficiles.
L’aspect caricatural de la scène de la maison détruit pas mal la cohésion et le portrait fait dans les deux premiers épisodes. Dommage.
Après, l’épisode a des images saisissantes. La ville qui s’éteint à l’horizon, c’est impressionnant. La scène de la barrière avec la voisine et le marteau est forte. Le surgissement des bidasses est pas mal, aussi. Et les acteurs sont plutôt bons, donc ils portent le récit.
Mais si les scénaristes se permettent ce genre de facilités dès le troisième épisode, ça n’augure rien de bon.

Jim

Ca fait quand même pas mal de points positifs…et je partage ton avis sur la puissance de ces images. J’aime beaucoup le jeu de Kim Dickens, lorsqu’elle observe sa voisine sans dire un mot, et dans la scène du marteau. Je rajoute aussi la réalisation des scènes de l’hôpital, lorsque les personnages regardent le chaos depuis leur voiture.

Pour ce qui est des scènes de la maison, je mets ça aussi sur le compte de la panique. Et même si leurs actes dans le feu de l’action peuvent paraître idiots, j’ai bien aimé la tension qui s’en dégage. Ca m’a manqué dans le premier épisode…que j’ai moins apprécié que toi, d’ailleurs…

Par contre, c’est franchement le final qui me fait douter. Même si l’idée est intéressante, j’ai un peu peur que les auteurs ne diluent un peu les choses jusqu’au final qui va arriver bien vite…j’espère me tromper…

[quote=« Le Doc »]
Ca fait quand même pas mal de points positifs…[/quote]

Oui, mais c’est des petits points positifs face à un gros point négatif, pour moi.
Qui m’a pas mal gâché l’épisode, je dois l’avouer.

Ah oui, belle trouvaille aussi. Avec la voiture (caméra) qui passe devant un objet juste au moment de la balle dans la tête, si bien qu’on voit pas bien, qu’un doute s’installe, c’est pas mal.

Je sais.
Mais pour moi, il n’y avait plus de tension, tout était préécrit, la porte ouverte, le chien, tout ça. Enquiquinant. Le coup des balles, c’était la cerise, vraiment.

Déjà, ça crée un faux départ. Ils vont partir, et puis finalement ils partent pas. M’ouais.
Ensuite, tel que je vois le truc, on finit sur une note genre « la cavalerie est là, on est sauvé », et logiquement, ils vont donc le jouer genre « même la cavalerie ne peut rien ». Reste à voir le comment. Et c’est ce comment qui m’inquiète un peu (alors qu’un épisode avant, je n’aurais pas été trop inquiet). On verra la semaine prochaine.

Jim

Bon, voilà, première saison terminée.
Dans l’ensemble, c’est pas mal, acteurs convaincants (est-ce qu’ils vont faire comme la série mère, à savoir flinguer les personnages joués par les meilleurs acteurs en premier ?), découpage assez prenant (malgré quelques raccourcis un brin cavaliers), situation intéressante. Le parti pris consiste à raconter en détail comment la merde s’installe à grande échelle, mais en prenant son temps. Le scénario montre le pourrissement d’une situation, avec les petites lâchetés et les incompétences banales.
Il reste encore un petit côté conservateur (la reconstruction de la famille), un questionnement moral qui n’est qu’effleuré (partir et laisser les autres…), des personnages qui sont encore hésitants sur le positionnement à prendre.
Question zombies, il faut attendre le sixième épisode pour avoir la grosse charge de morts-vivants de « fin de film ». Le cinquième épisode est d’ailleurs notable par l’absence totale de zombie, ce qui permet de concentrer l’action sur les intervenants humains. Il y a des trucs un peu outrés (fatalement, l’allié sud-américain ne pouvait qu’avoir des liens avec un passé politique douloureux, comme c’est pratique…), mais grosso modo une bonne ambiance, et des images fortes qui compensent les quelques lenteurs.
Le dernier épisode a quelques finesses. Le « final » n’est pas en fin d’épisode mais laisse le temps d’avoir un véritable épilogue. Il y a quelques pistes intéressantes (qui est ce personnage si riche qu’il a une planque avec des blocs électrogènes ?), et il y a un moment vraiment surprenant dans le récit, assez imprévisible.
L’ensemble de la série est pas mal, permet de poser les personnages et de créer des pistes intrigantes. Il y a un certain style visuel, avec des idées (le plan sur le lit du fleuve est impressionnant), ça se regarde avec plaisir, et ce petit sentiment qu’il y a un truc qui manque.
Reste un ensemble cohérent sur six épisodes, dont l’essai demande à être transformé.

Jim

S1 E04 à 06 : Je n’ai pas été totalement transporté par l’ensemble de la saison, surtout à cause de ses problèmes de rythme, mais il est vrai que ce retour aux premières heures de l’apocalypse zombie ne manque pas de qualités. Comme Jim, j’ai apprécié l’interprétation, avec des premiers rôles solides et des ajouts tardifs qui ne demandent qu’à être approfondis par le suite. Il y a pas mal de bonnes idées de mise en scène et presque chaque épisode contient son lot d’images fortes et saisissantes.
Cette lente description d’une société qui s’effondre passe par beaucoup de questionnements, et même si on peut noter certaines grosses ficelles, les personnages sont bien campés et donnent envie de les suivre pour la seconde saison.
L’aspect horrifique et les visuels gores sont un peu plus dilués que dans la série principale, avec un dernier épisode tout de même très efficace dans ce domaine.

Au final, une première saison en forme d’introduction souvent un peu longuette, tout en formant il est vrai un ensemble cohérent dans son propos et dans sa forme. De très bons acteurs, une vraie identité visuelle et pas mal de possibilités à développer…c’est prometteur…

Je crois que j’ai mis le doigt sur le petit truc qui me manque. Et ça tient aux personnages « rapportés », qui arrivent en milieu de saison. Cela tient aussi à mes attentes personnelles.
En fait, je m’attendais à avoir un truc genre « destins croisés », à suivre plusieurs personnages différents, avec des parcours séparés, de sorte qu’ils se quittent et se retrouvent. C’est ce que je croyais pressentir avec le personnage du jeune geek du tout début. Et il m’aurait paru intéressant, justement, de suivre en parallèle un médecin, un soldat, bref des gens venus d’autres horizons et d’autres endroits, afin d’observer d’autres expériences.
Parce que, en suivant une famille croisant quelques personnages périphériques, on retombe dans un schéma bipolaire, en mode « eux contre le monde », les autres personnages apparaissant soit comme des alliés potentiels soit comme des ennemis potentiels, mais sans qu’on ait réellement le fond de leurs motivations.
La saison est peut-être passée à côté d’une véritable structure chorale, avec une écriture polyphonique. Je crois que ça aurait été un plus. Même si ça n’enlève rien aux qualités de l’ensemble.

Jim

oui je pensais aussi qu’ils allaient profiter d’être dans les prémices pour proposer plusieurs points de vues

Au contraire, je trouve cette série décevante et parfaitement dispensable. Après un premier épisode très décevant et soporifique, la suite ne m’a guère mieux transporté (même s’il y avait du mieux quand même) et j’ai du mal à m’intéresser à cette famille.
La mise en place du fléau, l’arrivée de l’armée, l’adaptation des gens à la situation, rien de bien folichon qui ne sorte de ce que l’on pouvait imaginer.

Pas glop.