FIGHT CLUB 2 (Chuck Palahniuk / Cameron Stewart)

C’est toujours le cas, personne ne lit la même BD (ni ne voit le même film, ni n’envisage la « vie » de la même manière).
La manière dont on lit est subordonnée à ce qu’on est, notre expérience, nos envies, le moment où on lit, etc.

D’autant qu’ici on a plutôt droit à une analyse, donc au moins à une lecture au « deuxième degré ».

Ça ne l’empêche pas d’avoir eu l’ambition de remettre les pendules à l’heure si je puis dire :

[quote=« Chuck Palahniuk »]That was another reason for doing the free comic book day. Because it allowed me to depict the last portion of the novel, as opposed to the movie. And in doing so introduced readers to what these characters would look like in the new medium.

"C’était une autre raison de participer au « free comic book day » (jour ou des BD gratuites - réalisées spécialement pour cet événement - sont proposées dans les magasins spécialisés aux USA). Parce que ça m’a permis de présenter la dernière partie du roman, différente de celle du film. Et d’expliquer aux lecteurs qui sont ces personnages dans ce nouveau medium (la BD par rapport au film et au roman).[/quote]

Cette introduction est disponible gratuitement en en format kindle (voir lien supra).

Sans compter qu’on en apprend un peu plus sur la manière dont se font les choses chez les **Hollywoodiens ** (et sur le changement de nom) :

[quote=« Chuck Palahniuk »]So this is a continuation more from the novel, rather than from the movie’s perspective?

Because if I did anything from the movie, 20th Century Fox would sue me for copyright infringement. And that’s why he is Sebastian instead of Jack.

« Parce que si j’avais fait quoi que ce soit à partir du film, 20th Century Fox m’aurait poursuivi pour infraction aux lois du copyright/droits d’auteur.
Et c’est pourquoi Sebastian remplace Jack »

Source
[/quote]

Personnellement, Fight Club 2 est une des rares lectures où j’ai eu du mal à aller au bout cette année.

C’est assez ennuyeux à lire, prétentieux quand ça se veut drôle (ce qui n’est pas surprenant de la part de Chuck), bordélique sur la narrative (aussi surprenant que ça puisse paraitre, la faute à un Cameron Stewart qui n’est pas aussi bon lorsqu’il adapte directement à partir du script d’un autre auteur, en roue libre diront certains) ; d’autant plus bordélique lorsqu’on suit la série épisodiquement comme moi (j’avoue avoir eu du mal à me rappeler où j’en étais à chaque fois). Même les quelques ajouts graphiques bienvenus (comme les pilules) finissent par parasiter la lecture. Bref, c’est tout ce qu’est Fight Club sans la surprise initiale.

De plus, les rares bonnes idées (notamment concernant le « virus Durden ») sont noyées dans la masse d’un discours sur la liberté créative assez basse du front et qui se perd dans l’attaque personnelle. Au lieu de fustiger ses « fans » parce qu’ils lui parlent constamment de l’adaptation cinématographique (situation qu’il vit très mal apparemment), Palahniuk devrait peut-être remettre en question la qualité intrinsèque de l’œuvre originale.

C’est d’autant plus dommage que j’attendais cette lecture avec une certaine impatience.

Tu n’es pas tendre, mais je partage certaines de tes réserves (sur la narration bordélique, notamment ; je pense d’ailleurs que les torts sont à partager entre Palahniuk et Stewart). J’y vois cependant plus de bonnes idées que toi…
On en reparlera dans le détail très vite.

Je suis assez d’accord avec Jack.

Je doute. Parce que tout le travail de l’adaptation graphique, du découpage, de la mise en forme, etc., c’était le domaine de Cameron Stewart, travaillant à partir d’un script écrit sans aucune indication si j’ai bien compris. Tout au plus, Chuck Palahniuk a séparé les dix chapitres.

Et j’ai vraiment hâte que tu en parles dans la prochaine émission de Tumatxa [disponible à l’écoute tous les mercredis]. Mais après avoir lu la série sur dix mois (comme dit ci-dessus), seule l’idée du virus a capté mon attention.

Franchement, Fight Club 2 ne m’a pas marqué (ou alors pas dans le bon sens). Peut-être parce que, de ce que j’ai saisi de la fin, avec la foule amassée sur la plage, j’ai compris que je n’en fais pas partie et que je me moque éperdument des lamentations de Chuck (qui est un auteur que j’aime lire habituellement (ou aimai en tout cas)).

Ou peut-être que je me lasse simplement de ces comics qui expliquent la Vie à coup de grands discours en oubliant de raconter une histoire. Ou de bien raconter une histoire, devrais-je dire.

OK. Je pensais que Palahniuk aurait au moins délimité les planches, à défaut de fournir un script de BD « classique ». Du coup, je comprends mieux l’implication initiale de Fraction, qui aurait j’imagine servi de « traducteur » entre Stewart et Palahniuk. Peut-être auraient-ils mieux de le conserver dans l’équipe du coup (même si les questions de découpage chez Fraction, qui ne manque pas de bonnes idées par ailleurs, ne sont pas son fort).
Je développerai dans « Tumatxa! », mais je dirais que c’est trop dense. Je ne crache pas sur des scripts un peu conséquents, mais ça peut poser des problèmes de fluidité et nuire à l’aspect purement séquentiel de la narration.

C’est typiquement un problème d’adaptation d’un écrivain à un autre medium, je crois. Le script de « Fight Club » le film, assez fidèle au livre au fond (Palahniuk était d’ailleurs dithyrambique dans un premier temps…), a d’ailleurs posé des problèmes similaires à Fincher, qui a détesté le tournage (trop de changements de sites, trop de scènes, trop de dialogues, etc…).
Je me souviens d’une anecdote qui rapportait que Philip K. Dick avait écrit (pour le compte de je ne me rappelle plus qui) un script pour une adaptation cinématographique de son chef-d’oeuvre « Ubik ». Ce script comportait trop peu de scènes et elles étaient toutes dix fois trop longues ; il était resté trop près du modèle romanesque.
Peut-être que l’écriture de Palahniuk, caractérisée par les ellipses et la discontinuité, aurait mérité d’être davantage retravaillée dans le contexte de la BD.

Cette idée de rabattement de la figure « Tyler Durden » sur le champ de la mémétique est effectivement très porteuse, et constitue un des points forts de « Fight Club 2 ».
Pour le rythme de lecture, j’ai lu ça à coup de deux ou (plutôt) trois épisodes par sessions de lecture, et c’est peut-être effectivement une cadence plus adaptée au titre, je ne sais pas.

À noter que Gallimard a sorti (fin 2017) les 10 épisodes de la série, dans un livre de sa collection « Folio SF ».

Le format est forcément plus petit. Et d’après ce que j’ai compris (n’ayant pas la première édition), il y a une trentaine de pages en moins (certainement les couvertures et autres petits bonus de l’édition Super 8).

Reste le prix attractif qui m’a fait craquer… 9 euros… lecture à suivre…

La couverture de cette édition :

Hum … prix très attractif !

J’en avions parlé sur mon blog [Pour en savoir +] au moment de sa sortie. Folio a fait une belle édition, bien mieux que ce qu’avait fait à l’époque J’ai lu ; lorsqu’il avait tenté la BD en format poche.

Façonnée en 145 X 190 cm, et surtout un fond perdu très ergonomique donne l’impression que la BD a été faite pour ce format.