Ayant donc reçu le FCBD consacré à la série, j’ai lu l’épisode qui y est contenu, qui me semble être le premier de la série régulière (après vérification, c’est bien le cas), mais j’avoue que je n’ai pas bien suivi la répartition des intrigues.
Et en soi, c’est pas bien grave, car c’est très accessible. Kirkman consacre de nombreuses pages à montrer la vie tranquille de son héros, Owen, vendeur d’antiquités (tandis que son épouse est flic, ce que son fils trouve quand même vachement plus cool). On comprend vite qu’Owen dispose de capacités hors normes, mais le scénariste s’arrange pour ne pas faire monter les enjeux trop vite. L’exercice n’est pas facile, et encore moins rassurant pour un lecteur dans mon genre, lassé par les tics d’écriture de l’auteur, et pourtant, il s’en sort ici à merveille. On a l’impression d’avoir une famille (certes idéalisée) qui dialogue et interagit, au lieu d’avoir un héros qui monologue au milieu d’une foule de personnages qui acquiescent par monosyllabe. La scène du barbecue est particulièrement réussie, puisqu’il parvient à faire tourner l’attention du lecteur entre tous les participants.
Bien entendu, il ne faudrait pas croire que ce premier épisode est exempt de tout enjeu. Déjà, on remarque qu’un observateur en armure surveille la maisonnée. Ensuite, ce premier numéro tourne autour d’un mystérieux rendez-vous clandestin auquel Owen doit se rendre afin de retrouver quelqu’un surgi de son passé et qu’il n’a pas envie de revoir, apparemment. Et si l’on s’attend à un duel bien musclé avec vengeance et menace à l’appui, Kirkman parvient à bien déjouer les attentes.
Quant à Chris Samnee… Que dire qu’on n’ait pas déjà formulé pour vanter les mérites de son dessin ? Expressif, vivant, réaliste et pourtant épuré et presque cartoony, il est toujours en équilibre entre la représentation pointilleuse et la stylisation dénudée. Très impressionnant. L’ensemble est d’un grand dynamisme (formidablement soutenu par les couleurs de Matt Wilson). Et le dessinateur pousse la simplification du trait, à la Alex Toth, à un point tel qu’on a parfois l’impression de regarder des cases de Jordi Bernet. C’est frappant sur certains visages, qui frôlent la caricature, au bon sens du terme.
Jim