FLETCHER HANKS : OEUVRES COMPLÈTES (Fletcher Hanks)

Fletcher-Hanks

FLETCHER HANKS : OEUVRES COMPLETES

L’œuvre complète enfin réunie du dessinateur le plus fou de l’industrie du comic book, actif seulement entre 1939 et 1941, dont L’An 2 avait déjà publié un choix d’histoires sous le titre «Je détruirai toutes les planètes civilisées !» (épuisé).

Prix : 39,50 EUR
Sortie : Novembre 2017

Le site de l’éditeur : https://www.editionsdelan2.com/

Alors j’avais loupé le premier, et après avoir lu pas mal d’histoires chopées sur le net, je crois que je vais me laisser tenter par cette démonstration de démence tant visuelle que thématique.

Jim

Hâte de le prendre aussi

J’avais adoré « Je détruirai toutes les planètes civilisées » (quel titre, nom de dieu !!!), mélange improbable de candeur Golden Age mêlée à une veine morbide et cruelle. Les aventures de Stardust notamment se caractérisent par ces châtiments démesurés qui s’abattent sur les vilains en fin de récit ; c’est propre à la veine de Fletcher Hanks, ce ressort…

Il revient dans la ligue des gentlemen extraordinaires.

Mal écrit.

Il est revenu, il y a un moment.

J’ai trouvé, à un prix frisant le ridicule, les deux tomes de Fantagraphics (dont, si je comprends bien, cette intégrale est l’équivalent VF). Alors bon, je connais un peu l’œuvre de ce monsieur pour avoir récupéré, grâce à mon ami internet, pas mal d’épisodes de Stardust ou de Fantomah, mais une consultation de ses autres créations confirment l’impression générale : c’est complètement frappadingue, conservateur en diable et joliment sadique.
Je ne connais pas les éditions françaises, mais les deux tomes américains présentent quelques bonus, bizarrement répartis d’ailleurs. Le premier volume accompagne les récits de Hanks par une petite BD de Paul Karazik expliquant comment il a retrouvé le fils du bédéaste, et de quelle teneur étaient les propos de son interlocuteur (qui a brossé un portrait peu amène de son père, c’est le moins que l’on puisse dire). Le second volume offre un texte de présentation, qui permet de resituer l’œuvre : Hanks a réalisé seul de nombreux récits dans les premières années du genre super-héros, quand ce dernier n’était pas encore tout à fait balisé, ce qui lui a permis d’aller dans des directions… qu’on qualifiera pudiquement de personnelles. On apprend également que le monsieur était un voyou, doublé d’un alcoolique et triplé d’un père indigne et violent. Disparu des radars au bout d’une poignée d’années, il est apparemment mort dans la clochardisation au milieu des années 1970. Un éclairage saisissant au regard de ce qu’il a laissé.

Jim

À noter que cet album devrait finalement sortir ce mois-ci…

Il est sorti, je l’ai vu.
C’est pas mal, et c’est agrémenté d’une préface de Thierry Groensteen qui tient des propos assez intéressants sur l’auteur. Notamment, il postule que Hanks, pensant s’adresser essentiellement à des enfants et devant estimer que ces derniers sont des créatures idiotes, leur fournit un scénario à l’avenant, à savoir crétin, réducteur et aussi linéaire qu’immuable. Groensteen le formule d’une manière plus nuancée, mais l’idée est là. Et ça fait écho avec le portrait guère flatteur qui est fait du bédéaste par Karazik.

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Pour ma part, je ne vais pas prendre l’album, puisque j’ai déjà les deux premiers recueils américains (et j’ai découvert qu’il y en avait un troisième, datant de 2016, je le trouverai un jour). Mais j’avoue que cette compilation mérite d’être découverte. C’est l’œuvre d’un individu assez hors norme, sans doute un peu perturbé, et ça prend, avec le recul, une dimension étourdissante.

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Le texte d’introduction du second volume américain (situé ici en début d’ouvrage) insiste également sur la posture d’auteur de Hanks, au sens où ce dernier faisait tout, scénario, dessin, encrage et lettrage, contrôlant ainsi l’ensemble ou presque (la couleur devait être effectuée par des studios maison, je crois) de sa production. L’auteur de la préface (Karazik, me semble-t-il) considère que cela fait de lui l’un des rares auteurs complets de l’époque, et que cet investissement fait de Hanks un créateur à part. On s’en serait douté à moins, mais c’est intéressant, comme point de vue.

Jim

Hier soir, en vérifiant je ne sais plus quoi dans ma bibliothèque (ah oui : où j’avais rangé mon exemplaire de Big Apple Comix et mes deux premiers Scorpio Rose), je retombe sur les deux tomes VO de « l’intégrale » de Fletcher Hanks. Intégrale entre guillemets parce que, comme le précise Karazik dans la petite BD qu’il a réalisée en guise de compte-rendu de sa rencontre avec le fils de l’auteur, Hanks dessinait les aventures de seconds couteaux publiées chez des éditeurs de troisième ordre, ce qui n’incite pas à l’archivage, et, plus surprenant encore, les rapports de l’auteur avec sa famille étaient si dégradés qu’à son départ, son épouse n’a pas hésité à tout jeter, de sorte qu’il ne reste, dans la famille, que quelques illustrations que Hanks a réalisées en dehors de toute production comics.
J’ai donc relu la petite BD ainsi que l’introduction (qui se situe au second tome, allez savoir), et c’est aussi passionnant qu’édifiant. Et puis, j’ai reparcouru quelques récits. On voit bien que Hanks connaissait le dessin, l’anatomie, la perspective, mais qu’il était particulièrement pressé ce qui donnait à son trait un caractère enfantin et maladroit assez étonnant. Plus consternant, c’est le schéma quasiment immuable (même dans ses récits de trappeurs ou d’aventuriers), qui veut que des méchants commettent des actes aussi terribles que le châtiment auquel ils seront exposés plus tard. Dans ces premières années des comic books, il a bien des dessinateurs frappadingues (je pense immédiatement à Basil Wolverton), mais assez souvent, les récits offrent une plus grande variété de construction. Dans le cas de Fletcher Hanks, c’est immuable : action, réaction, punition, le tout exercé par des « super-héros » qui sont à la fois omnipotents et vaguement insensibles, presque robotiques. C’est étourdissant, ce caractère obsessionnel.

Jim