FLIGHT TO MARS (Lesley Selander)

REALISATEUR

Lesley Selander

SCENARISTE

Arthur Strawn

DISTRIBUTION

Cameron Mitchell, Marguerite Chapman, Arthur Franz, Viriginia Huston…

INFOS

Long métrage américain
Genre : science-fiction
Année de production : 1951

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Actif entre 1931 et 1953, le studio Monogram Pictures produisait à la pelle des petites séries B à dominante « action et mystère », avec une préférence marquée pour le western (un certain John Wayne y a d’ailleurs fait ses débuts). La firme a ensuite revu ses ambitions à la hausse en devenant Allied Artists pour privilégier des films à plus gros budgets.
Dans ses dernières années d’activité, Monogram s’est engouffré dans la mode en vogue des films de science-fiction, genre redevenu populaire suite au succès de Destination…Lune ! chapeauté par George Pal. Le studio confie alors la réalisation de Flight to Mars à Lesley Selander, prolifique réalisateur maison spécialisé dans le western et capable de boucler jusqu’à 6 quickies (ces métrages qui dépassent à peine une heure) par an et dont ce sera la seule incursion dans le genre.

Bien évidemment, Flight to Mars n’a pas le budget de Destination…Lune ! et de Rocketship X-M (connu aussi sous le titre 24 heures chez les Martiens) sortis l’année précédente. Plutôt que de dépenser le peu d’argent qu’ils avaient à créer une identité visuelle particulière, les producteurs empruntent donc aux films pré-cités certains décors, accessoires et costumes (ce qui est assez courant à l’époque, voir mon billet sur Missile to the Moon).
L’histoire se compose de deux actes. La première moitié est consacrée aux préparatifs et au décollage de la mission qui enverra quatre scientifiques et un journaliste (Cameron Mitchell dans un de ses premiers rôles, futur « gueule » de la série B vu aussi bien dans de nombreux westerns que dans des films italiens comme 6 femmes pour l’assassin du grand Mario Bava).
Assez mollassonne, cette partie ne manque pas de clichés (ah, ce savant qui délaisse son amoureuse transie pour se plonger dans le travail…c’est qu’il n’a pas le temps pour ces peccadilles). L’expédition en elle-même est assez risible : les pionniers de l’espace sont habillés comme s’il partait camper et ils envoient leurs rapports à la Terre via des capsules propulsées par la fusée, telles des bouteilles à la mer. Ces scènes sont traitées avec un tel sérieux qu’il est difficile de les prendre avec le détachement amusant propre aux serials des années 30 et 40.

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*Vous reprendrez bien du thé, darling ? *

On bascule tout de même dans le serial dans la deuxième partie, après un atterrissage mouvementé sur Mars. L’exotisme n’est toutefois pas de rigueur puisqu’en guise de martiens, nous avons droit à des humanoïdes, ce qui fait qu’il sera parfois difficile dans certaines scènes de les distinguer des personnages venus de la Terre…enfin, sauf lors de leur première apparition dans de splendides combinaisons multicolores.

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Ce n’est pas une défaillance de votre téléviseur. N’essayez donc pas de régler l’image…

Ils ont l’air sympas, ces martiens…et en plus leurs dames se baladent dans d’affriolantes mini-jupes…et l’une d’elles, Alita - un clin d’oeil à l’Aelita de Protazanov ? - réveillera les ardeurs du scientifique responsable de l’expédition, au grand dam de sa soi-disant fiancée. Le seul membre féminin de l’équipe est d’ailleurs caractérisée selon les standards de l’époque puisqu’à peine installée dans ses quartiers martiens, elle demandera où est la cuisine. Dans les fifties, la place de la femme sera toujours à ses fourneaux…même sur une autre planète !

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Mais leurs hôtes ne sont pas si sympas. La principale ressource vitale de leur planète se raréfiant, le gouvernement de Mars décide de récupérer la technologie spatiale humaine pour conquérir la Terre et s’y installer (eh oui, encore la menace rouge). Alita ne l’entend pas de cette oreille et s’empresse de prévenir nos héros…

Furieusement daté, un peu trop « premier degré » pour son propre bien, Flight to Mars peine à divertir et à proposer un spectacle digne de ce nom, à l’image d’un climax rapidement expédié sans que le réalisateur n’y injecte la tension suffisante et d’un plan final beaucoup trop abrupt. Visiblement peu à l’aise dans ce genre, Lesley Selander retournera ensuite vers ses chers westerns.
Mais nom de Zeus, que ses martiennes étaient sexy !

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