FLORENCE FOSTER JENKINS (Stephen Frears)

[quote]DATE DE SORTIE FRANCAISE

13 juillet 2016

REALISATEUR

Stephen Frears

SCENARISTE

Nicholas Martin

DISTRIBUTION

Meryl Streep, Hugh Grant, Simon Helberg…

INFOS

Long métrage britannique
Genre : Bopic, comédie dramatique
Durée: 1h50
Année de production : 2016

SYNOPSIS

L’histoire vraie de Florence Foster Jenkins, héritière new-yorkaise et célèbre mondaine, qui n’a jamais renoncé à son rêve de devenir une grande cantatrice d’opéra. Si elle était convaincue d’avoir une très belle voix, tout son entourage la trouvait aussi atroce que risible. Son “mari” et imprésario, St Clair Bayfield, comédien anglais aristocratique, tenait coûte que coûte à ce que sa Florence bien-aimée n’apprenne pas la vérité. Mais lorsque Florence décide de se produire en public à Carnegie Hall en 1944, St Clair comprend qu’il s’apprête à relever le plus grand défi de sa vie. [/quote]

La bande-annonce:

Frears sur un sujet en or.
Va falloir surveiller.

Jim

Florence Foster Jenkins exécute « la Reine de la Nuit ».

C’est bien elle qui a inspiré le personnage similaire dans le « Citizen Kane » d’Orson Welles, c’est ça ?
Et j’imagine que le film récent avec Catherine Frot a puisé à la même source…

Il me semble que oui.

Totalement, ils en parlaient en interview.
Pas encore vu. Alors que je suis assez fan de Catherine Frot, depuis au moins Je vais t’apprendre la politesse (p’tit con).

J’ai découvert l’existence de Florence Foster Jenkins dans les émissions de jazz de Julien Delli Fiori, du temps où il faisait des nocturnes estivales, sur France Inter. Il s’ingéniait à passer, au moins une fois par été, l’air de la Reine de la Nuit.
Delli Fiori, j’étais grand fan. Pas toujours bon en impro (il écrit ses interventions), mais toujours un goût sûr et un sens évident de l’ironie et du décalé. C’est grâce à lui que j’ai découvert Spike Jones, par exemple.

Un documentaire sur Florence Foster Jenkins, en nangliche, ici :

Jim

[quote=« Jim Lainé »]
Totalement, ils en parlaient en interview.
Pas encore vu. Alors que je suis assez fan de Catherine Frot, depuis au moins Je vais t’apprendre la politesse (p’tit con).

Jim[/quote]

Ah, si tel est le cas, c’est aussi la source du perso de « Citizen Kane » alors ; le réalisateur du film avec Frot avait parlé de la connexion lors de sa tournée promo.

Et sinon, je viens d’écouter la version de « La Reine de la Nuit » par Jenkins que tu as postée, et ça vaut effectivement son pesant de cacahuètes. :open_mouth:
Ou la corde pour se pendre, c’est selon.

Si tu n’es pas prévenu, tu risques de consulter ton médecin à rien, ouais.

Jim

Hé bien mais c’est très sympa, cette affaire-là.

Chouette reconstitution, décors très classe, acteurs motivés et généreux en expressions de toutes sortes, finesse d’écriture, mélange élégant de drames, d’émotion et de rire…

Bon, déjà, une chose : c’est Hugh Grant qui tient le film. Il est impressionnant de subtilité, incarnant un homme qui dans d’autres circonstances passerait pour un aigrefin, mais dont le cœur tendre dicte la vie entière. Il n’est pas du tout écrasé par Meryl Streep, qui, d’une certaine manière, trouve certaines de ses meilleures scènes quand il n’est pas là. En vieillissant, Grant chope des rides et des pattes d’oie, qui lui donnent des faux-airs de Paul Newman ou de Patrick McGoohan, dont il a le charme et la prestance un peu vénéneuse.

Le film aligne les scènes énormissimes (la première leçon de piano, l’enregistrement du disque) et les moments d’émotion subtils (le prélude de Chopin) ou déferlants (le coup de gueule de la blonde à la dernière représentation), et on se retrouve à s’étrangler, sans savoir vraiment si c’est de rire ou de larmes. Très bien joué.
Mais là où le film taquine le raffinement, c’est dans la peinture, d’une subtilité toute britannique (en non-dits, en sous-entendus) d’une société soi-disant haute, cultivée, privilégiée, mais en réalité rongée par l’appât du gain, l’avarice, la lâcheté et l’hypocrisie. Les maîtres de chant, les chefs d’orchestres, tous ces faux-culs jouant les menteurs auprès de la bâilleuse de fonds, c’est splendide. Le tout enrobé d’un langage diplomatique à fleuret moucheté.
La scène de danse dans le petit appartement est intéressante en cela qu’elle dévoile la rupture, dans l’Amérique de 1944, entre une culture officielle, gelée dans son ambre, en train de faner à trop se regarder le nombril, et une culture populaire, libérée, vivante, et détenant le véritable goût. C’est la femme que tout le monde estime vulgaire est en réalité la seule qui comprenne de quoi on parle : de la plus mauvaise chanteuse du monde.
Le portrait d’une culture officielle « dure de la feuille », qui encense non pas le talent mais l’assise sociale, sans se rendre compte qu’elle confond les deux, c’est assez fort.
L’autre truc assez fort, c’est la peinture de l’argent, décomplexée et servant à acheter les spécialistes de la claque, mais aussi les critiques et les tenanciers de salle de concert. Le rapport à l’argent, qui sert à des choses pas si viles que ça (mentir afin de dissimuler un secret qui pourrait s’avérer blessant), est là aussi d’une grande finesse. Au point que, lorsque le scénario amène un personnage de journaliste incorruptible, ce dernier apparaît comme un être peu sympathique, passant presque pour un salaud. Belle prouesse de narration.

Au final, encore un film de loser magnifique, de nul glorieux, qui ne manquera pas de faire penser à l’Ed Wood de Tim Burton.

Jim

Tout comme Jim et je dirais que Grant à une classe folle, en toute circonstance, même quand il tente d’acheter quelqu’un il le fait comme un gentleman et avec classe). Sa scène de danse est aussi excellente.

Par contre je parlerais aussi de Simon Helberg (aka Howard de Big Bang Theory), qui assure une très bonne prestation à côté de deux grands du cinéma. La scène de la lesson que tu cites elle tient en grande partie grâce à lui, les hésitations, les peurs viennent de lui il arrive à faire beaucoup en étant un personnages secondaire.

Oui, il est formidable.
Bon, j’avais pas connecté avec Big Bang Theory (j’ai dû en voir deux, peut-être trois…), donc pour moi, il était totalement inconnu. Et vraiment épatant.

Jim