FOUNDATION (Saisons 1-2)

Oui, je comprends bien, et je sais que nous sommes (hélas) plus nombreux qu’il y a cinquante ans, mais les journées n’ayant que vingt-quatre heures et le public n’étant pas exclusivement composé de désœuvrés oisifs, j’ai du mal à imaginer qu’autant de programmes puissent trouver preneurs (même si les difficultés évoquées plus haut semblent démontrer que le marché n’est pas extensible à l’infini). Moi, je ne regarde plus rien depuis des semaines, rien en entier en tout cas (alors une série, avec sa logique à suivre…). Certes, je ne représente pas du tout le public (je ne suis pas du tout un enfant de la télé), mais tout de même… J’aurais tendance à penser que le marché télé, c’est comme le marché librairie : s’il y a plus de titres, il y aura moins de grands succès.

Jim

Sans invalider totalement ce que tu dis, je pense que c’est aussi lié à la large décorrélation de l’offre des « grilles » de programme télé. Ça ne concerne pas tout le monde bien sûr, mais le fait de pouvoir se mettre devant un épisode à tout heure de son choix et de sa convenance, que ce soit via des plateformes type Netflix ou via d’autres… accès moins légaux, cela n’induit pas seulement une souplesse : cette liberté a aussi son attrait propre.

Tu me diras que ça vaut aussi pour les films. C’est vrai. En revanche, là où je pense le contraire de ce que tu sembles indiquer, c’est sur la « logique à suivre ». Enfin ce n’est pas à toi que je vais apprendre le pouvoir d’attraction du caractère feuilletonnant, l’appel de la « suite »… Même moi qui à la base me définirais plus comme cinéphile que comme sériephile, je ne peux que constater à quel point ma consommation de longs-métrages a chuté ces dernières années. En caricaturant, je trouve plus « facilement » à me libérer trois ou quatre heures pour enfiler des épisodes, que deux pour me mettre un film.

Attention par contre. Les séries « a suivre » (dans le sens, récit courant sur plusieurs épisodes voire leur totalité) c’est l’arbre qui cache la forêt

Oui, un arbre après l’autre …

Sérieusement, comment vous faites, vous tous ?
Parce que justement, la logique à suivre, ça demande du temps. Je suis halluciné de voir tout plein de gens regarder plein de séries. Y compris des personnes dont je sais qu’elles sont occupées par plein d’autres choses (activités professionnelles, familiales…). Autant je peux imaginer qu’on puisse trouver une demi-heure de lecture « plaisir » dans la journée (ne serait-ce que lors de fréquentations de lieux où personne ne peut officier à notre place), autant je suis épaté par la consommation d’images qui bougent. Alors pouvoir envisager un tel marché avec une telle offre, ça me dépasse.

Jim

Ben déjà dans ces lieux bénis tu peux regarder tranquillement une série via ton smartphone.

La peak tv (terme désignant la période actuelle de surproduction) est quand même très étroitement liés à l’émergence de ces petits objets de la tentation.

Après je pense qu’on oublie trois choses :

  • beaucoup de gens regardent des séries, oui c’est vrai mais se consacre t-elles à cela uniquement ? Je ne crois pas. De tout temps la série télé c’est un art d’accompagnement. On la regarde en faisant autre chose. Comme la musique

  • D’où le fait que les séries feuilletonnantes sont, en terme quantitatif, minoritaires par rapport aux séries proposant une forme narrative récurrente et une histoire bouclés à chaque épisode. Ça correspond aux besoins majoritaire de visionnage partiel.

  • Du coup une série c’est rarement une oeuvre complète et bouclée comme l’est un film ou un livre. Du fait de la rotation de l’équipe ou de réorientation du show, je vois toujours les séries comme des travaux en cours. Et, concrètement, tout le monde ne regarde pas entièrement toutes les séries. On en regarde quelque une et on lâche l’affaire, parfois on y revient. J’adore Law & Order par exemple mais j’aurais du mal à tout regarder, c’est une série qui se prête à la pioche, à regarder quelques épisodes de temps à autres.

Beaucoup de gens regardes des séries oui…mais de la même manière qu’on lit un livre ou on regarde un film, je ne pense pas. Au passage, je pense que c’est une des raisons du mépris envers cet arts pendant des années en France

(sinon perso j’en regarde en faisant du vélo d’appart. Deux Cold Case et c’est une 1h30 de vélo sans souci)

Tu as raison. Ceci étant, même sans l’aspect feuilletonnesque haletant, la série repose sur le retour de personnages, d’un univers, d’un certain nombre de formules. Ce sont autant d’éléments qui promettent un certain « confort » pour le spectateur, une facilité, par rapport à un nouveau film où il faut tout découvrir.

(Je mets à part le cas des séries carrément anthologiques, où tout change à chaque saison, voire à chaque épisode… mais là en termes de ratio c’est même plus « l’arbre », c’est tout au plus le buisson, voire le coin à champignons.)

Tout à fait, une série c’est forcément une récurrence (même pour une anthologie, tu regardes La Quatrième Dimension ou Alfred Hitchcock présente tu sais à quoi t’attendre dans les grandes lignes) et, comme je l’écrivais plus haut, cette récurrence de base fait qu’on peut très bien (et c’est ce qui arrive majoritairement) regarder quelques épisodes (ou une saison) d’une série pour la laisser de coté ou y revenir par la suite.

Il y a une incompréhension face à ce format parce qu’on y applique des « codes » qui n’ont pas forcément lieu (clairement ceux du cinéma qui voit l’oeuvre comme un tout là où une série est un work in progress) mais aussi (parce que c’est clairement présent) par une sorte d’effet de mode et un message commercial venant à véhiculer des idées fausses quand au pratique de manière général.

C’est certain.
N’en possédant pas, je vois tout cet univers avec les yeux d’une vache qui regarde passer un train.

Jim

c’est beau les meuh-meuh :heart:

(cela dis j’en ai un mais regarder une série sur un aussi petit support me semble inconcevable)

Et question vache, la Manche s’y connait. Par contre, les trains, faut pas les louper.

C’est sans doute pour cela que les vaches normandes regardent les trains avec circonspection : c’est un spectacle rare !

Jim

Alors qu’un film DC raté …

… serait mieux qu’un film d’ailleurs réussi ?

Jim

(je suis un franchouillard. L’accent anglais, je ne maîtrise pas, moi. Je ne dis pas Streinge, par exemple)

S’il faut en plus que j’explique les blagues en français…

Jim

En traduisant bien, s’il te plait !

Du coup, si je te suis, c’est le type de film diffusé dans les petits cinémas, ceux « D’art et DC » (désolé Jim d’avoir remplacé la voyelle mi-ouverte par une mi-fermée) ?

Tori.

Pareil

On est nombreux dans ce cas.
L’expérience show TV réserve beaucoup de bons moments, des rendez-vous et un attachement aux personnages, etc…
The Outsider, Devs, Defending Jacob, Gangs of London, une saison de Better Call Saul, The Mandalorian, WestWorld, Watchmen. Et des trucs plus récréatifs comme Hunters, Messiah, Tales from the Loop, Picard, Harry Bosch, etc.
J’ai du retard avec I am not ok with this et The Great.