Enfin sorti en libraire, ce tome 2 de Fox-Boy clôt avec brio le cycle entamé aux éditions du Lombard avec Tom et William. L’album s’ouvre avec un premier récit se passant au cœur de notre Auvergne, à Super-Besse, où le garçon renard est confronté à une malédiction ancestrale : renard garou contre loup garou, c’est à qui aura le dernier mot. L’action se déroule dans un paysage de neige et le suspense est palpable. Une première partie fort bien menée. La suite nous ramène en Bretagne, sur le site du lac de Guerlédan, où Pol, le héros, rencontre Alain Chevrel. Ce dernier lui révèle les liens qui unissent Fox-Boy au Fakir Dokti et à l’imaginaire du scénariste-vedette des éditions Roa, John King. Une nouvelle fois, Laurent Lefeuvre utilise le cadre du récit pour l’intégrer à son imaginaire et nous livrer un récit passionnant à la conclusion surprenante.
Un mot sur le style du dessinateur qui s’affermit : Laurent Lefeuvre pense narration et recherche l’efficacité plutôt que les artifices de l’esthétique. On sent les influences de Kirby, Wrightson, Ditko…entre-autres, qu’il a digérées pour les mettre au service d’un récit qu’on savoure au premier degré - enfin un récit de super-héros français qui joue la carte du genre en évitant la parodie ou le pastiche ! - mais qui n’empêche ni l’humour, ni une réflexion sur le genre… La greffe prend : comme l’ont fait Serge Lehman et sa Brigade chimérique, Terry Stillborn et son Garde Républicain ou Xavier Dorison avec les Sentinelles, Laurent Lefeuvre démontre que le genre super-héros peut s’acclimater à l’Hexagone !
Le premier cycle se termine donc avec l’album et on espère très vite avoir un second cycle tant ces personnages sont attachants et méritent d’avoir leur existence prolongée. Et là, la balle est dans le camp des lecteurs.
J’ai trouvé que cette histoire est osée, culottée et sacrément burnée ! Parce que Laurent Lefeuvre fait une histoire à forte influence américaine, avec grande intelligence et toujours (pour ceux qui ont lu Tom & William) avec une optique créationniste (mais je pense que c’est explicite pour tous). Il pousse son propre univers dans ses retranchements, avec maestria et intelligence. J’ai l’impression qu’il veut tourner une page pour aller de l’avant avec son personnage (même si la fin n’est pas si définitivement claire pour un des persos). Il prouve (comme certains depuis 10 ans) également qu’on peut faire du super-héros avec une grosse influence française, sans forcément du gros nez, du pastiche, du cliché régionaliste bien lourdingue, et le tout, avec des clins d’oeil bien sentis, et juste comme il faut en nombre !
Côté dessin, il y a des hommages assumés, des inspirations et surtout un style qui s’affirme, s’émancipe de ses pères et une plus grande précision notamment au niveau de visages (faudrait que je compare quand même, mais je trouve que ses séances de dessins corporels paient !).
Gros coup de cœur du moment et si j’avais du pognon, je crois que je financerais le tome 3 de suite ! (pas du tout déçu par cette suite, je dirais même très agréablement surpris !)