FRANK MILLER : URBAINE TRAGÉDIE / FRANK MILLER : UNE BIOGRAPHIE (Jean-Marc Lainé)

Frank Miller a dessiné de nombreuses couvertures pour Marvel, dans les années 1970 et 1980, parfois sur des séries inattendues.
C’est le cas par exemple de Marvel Premiere #49 (daté d’août 1979, il a donc dû sortir vers mai), contenant un récit écrit par Mark Evanier et dessiné par Sal Buscema.

J’aime beaucoup cette illustration à cause du rapport entre le héros aérien et la rue mal famée du quartier qu’il protège. J’apprécie particulièrement la représentation du trottoir, encombré de déchets en tous genres, y compris un matelas usagé. J’ai longtemps pensé qu’il s’agissait d’une représentation de ce que Miller voyait en bas de chez lui.

Ce soir, en me renseignant sur le mésestimé Ed Hannigan, qui selon moi a laissé certains des meilleurs épisodes de Spectacular Spider-Man dans une inspiration mêlant Ditko et Miller, je découvre, en rebondissant de lien en lien, qu’il a travaillé comme designer de couverture. La tâche, ingrate, consiste à proposer une composition, couleurs comprises, à un responsable éditorial, à charge pour ce dernier de confier à quelqu’un l’exécution finale de l’illustration. Parfois, ce dessinateur, c’est Hannigan lui-même (c’est le cas par exemple de la couverture d’Amazing Spider-Man #251, série qu’il ne dessine pourtant pas). Et parfois, c’est quelqu’un d’autre.
Dans le cas de Marvel Premiere #49, c’est donc Miller qui se charge de finaliser la composition de Hannigan. Que voici.

On repère des éléments et une atmosphère qui passent d’une version à l’autre : l’enfant à droite, la dame à gauche, la perspective, l’allure générale. On remarque que le décor prend des allures de rue abandonnée et vaguement transformée en décharge, on voit que la voiture, visiblement désossée (elle semble ne plus avoir de roue et on aperçoit le pot d’échappement arraché) est transformée en tas d’ordures qui n’attendent que les éboueurs, visiblement en retard. La vision de Hannigan semble plus noire que celle de Miller, ce qui n’est pas un mince exploit.
On remarquera aussi que la commande de cette couverture semble un peu floue. D’ordinaire, Hannigan place un semblant de logo sur sa composition, mais là, visiblement, l’épisode pour lequel il brosse une ébauche de couverture ne semble pas avoir une destination précise, puisqu’il se contente d’écrire « LOGO » en haut de l’image.

Voilà un petit aperçu des coulisses de Marvel et des pratiques en vigueur à la fin des années 1970.

Jim