Je trouve tout de même encore assez incroyable que avec l’offre manga en français, tellement de gens sont encore accrochés aux dénominations « seinen », « shônen » et co., et pourtant, ne les comprennent toujours absolument pas.
Petit extrait de l’interview d’Ahmed Agne (Ki-Oon) sur paoru.fr sur le sujet :
*En fait nous commencions à nous sentir un peu à l’étroit dans les catégories shônen, shôjo et seinen. Nous avons toujours hésité avant de les utiliser d’ailleurs – nous l’avons déjà évoqué ensemble à travers les années – mais ce sont celles qui se sont imposées, que tout le monde utilise en point de vente, donc il est difficile de passer à côté.
Nous avions beaucoup de titres labellisés seinen au catalogue, car c’est l’étiquette qui leur était donnée par le magazine de publication japonais, mais ils n’étaient pas des seinens dans le sens où on l’entend sur le marché français (une violence exacerbée, une chronique sociale, etc.). Ces séries, comme Bride Stories, Père et Fils ou Cesare par exemple, s’adressaient à tous les publics.
Nous voulions donc les sortir de la catégorie seinen : notre catalogue possède de plus en plus de séries comme ça et il en aura encore plus à l’avenir. Il nous fallait donc une catégorie pour les représenter, créer une catégorie qui serait l’équivalent en manga du « 7 à 77 ans » de la BD franco-belge. Ce sont des titres que l’on peut se passer sans problème au sein d’une famille, lire entre parents et enfants. Lorsqu’on est libraire on peut le conseiller à un client qui ne connait pas trop le manga et qui voudrait faire un cadeau à son neveu ou à sa nièce. Il pourra lui aussi le lire et s’y retrouver.
Kizuna c’est donc une collection de titres universels et grand public qui vient compléter les segmentations shônen, shôjo et seinen de notre catalogue.*
paoru.fr/2017/05/07/interview-editeur-defis-et-nouveaux-challenges-des-editions-ki-oon/
En résumé,
Seinen = catégorie reprenant tous les sujets sur tous les tons, qui s’adressent selon les titres aussi bien au grand public qu’à des niches de lecteurs et lectrices. On peut y trouver toutes sortes de graphismes et de thèmes et de découpage.
Bref, ça ne donne absolument aucune indication sur le titre.
Shônen = titres à orientation plus « familiale » et qui mettent généralement l’accent sur le divertissement pur et l’émotion, mais qui ne se privent pas pour aborder des thèmes durs à l’occasion. Tous les graphismes se cotoient aussi et il existe plus de « formules » de narration, mais qui sont souvent remaniées et réadaptatée avec les époques et la personnalité des auteurs.
Tout ce qu’on sait ici, c’est ça peut plaire à tous les âges et que c’est un peu plus encadré au niveau dans les grandes lignes et que les auteurs ne peuvent pas tout se permettre avec leurs personnages, mais avec pas mal d’originalité selon les auteurs et souvent des surprises.
Shôjo = Sans doute le genre le plus codifié au niveau du style graphique et de la narration. Le plus reconnaissable aussi, mais souvent sous-estimé ou réduit à des histoires d’amour lycéennes, alors que le genre est bien plus vaste (même si souvent les sentiments sont prépondérants, mais dans des cadres et par des traitements différents).
Hentai, Yaoi, Yuri = les titres de cul, aucun débat sur leurs places dans ces catégories.
Bref, laissons tomber ces catégories arbitraires et qui ne disent rien du tout sur la nature d’un titre, et revenons au bon vieux « romance », « fantasy », « comédie », « suspens », etc., qui expriment bien mieux de quoi parle une série.
Pas un harem, plus un tranche de vie fantastique.
Avec des demis, ça donnera des discussions de comptoir, donc. 