FROM (Saisons 1-2)

Une ville cauchemardesque du centre des Etats-Unis piège tous ceux qui y entrent. Alors que les habitants, malgré eux, se battent pour conserver un sentiment de normalité et cherchent une issue, ils doivent également survivre aux menaces de la forêt environnante, notamment aux créatures terrifiantes qui sortent lorsque le soleil se couche.

Science-fiction/horreur
Série américaine
Créée par John Griffin
Avec Harold Perrineau, Catalina Moreno, Eion Bailey…

Renouvelé pour une 3ème saison.

Elle a plutôt bonne réputation cette série (y compris auprès de Stephen King, mais bon, de qui n’a-t-il pas chanté les louanges le père King ? :wink: ) ; vais tenter ça je pense…

Vu les deux saisons visibles à ce jour de « From », donc… et malgré de gros défauts, j’ai plutôt passé un agréable moment. La série a même quelques surprenants atouts à faire valoir. Surtout sur sa première saison.

Si on a pas trop envie de s’emmerder, on pourrait présenter « From » de manière lapidaire comme le parfait croisement entre « The Walking Dead » et « Lost ». Et on se trompera pas beaucoup : les appels du pied aux fans de « Lost » sont même assez évidents, devant et derrière la caméra. En effet, le rôle principal du show est tenu par Harold Perrineau (« Oz », mais aussi « Lost », donc), très très solide dans un rôle de meneur d’hommes taraudé par le doute ; à la réalisation, on trouve pour un nombre conséquent d’épisodes le vétéran Jack Bender, déjà à l’oeuvre sur des séries hautement qualitatives comme « Carnivale » et… « Lost » (on ne s’en sort pas, de cette rèf). Même si la réalisation est juste fonctionnelle et ne sort pas des sentiers battus, la série a quand même une patine technique très propre et une bonne « production value », dans l’ensemble. Quant au reste du casting, il est globalement très solide, et l’interprétation de bonne tenue.

Pourquoi « Lost meets The Walking Dead » ? Eh bien, même si la série n’est pas à proprement parler un récit de zombies, elle fonctionne quand même globalement sur les mêmes ressorts, à savoir l’exploration d’une communauté bâtie dans des conditions extrêmes, soumise à une pression inimaginable et dont les membres ont une espérance de vie drastiquement réduite. On aura même avec la « Colony House » (une communauté dans la communauté) quelques rapprochements très flagrants avec la série inspirée du comic book de Robert Kirkman.
Quant à « Lost », c’est plutôt le pan fantastique et le développement d’un lore particulièrement séduisant qui y fait très fortement penser, ainsi que l’idée d’un lieu unique, « maudit » et reclus, qu’il s’agit d’explorer en tentant d’en percer les mystères.

L’entame est vraiment bien fichue dans son classicisme : contrairement à « Lost » où l’on suit la communauté des naufragés dès son arrivée sur l’île, ici on commence in media res, mais à travers les yeux de nouveaux arrivants, relais pratiques du spectateur dans sa découverte des règles du jeu. « From », on le découvre assez vite, baigne dans un climat horrifique très prononcé ; la série est même surprenante de ce côté-là : c’est très, très gore. A l’occasion de quelques mises à mort pas piquées des vers, on se croirait presque dans le craspec « Nekromantik » de Jörg Buttgereit… Les connaisseurs apprécieront. Et c’est très bien que la série pousse le curseur un peu loin de ce côté-là, car très clairement elle ne fonctionnerait pas sans ces excès. Elle est pourtant également dotée de purs moments de trouille moins démonstratifs, mais diablement efficaces aussi. En tant que récit horrifique, « From » remplit le contrat.
Quant à son « lore », qui semble bien exciter les fans sur le net à ce que j’ai pu en voir vite fait, il ne manque pas d’atouts, de quelques persos étranges et touchants (comme Victor l’homme-enfant, excellemment interprété par Scott McCord) à des mystères mystérieux comme à la grande époque de qui vous savez (l’enfant vêtu de blanc, le symbole noir, le phare (comme dans « Lost »… damned !!), l’arbre à bouteilles, le cachot chelou, j’en passe et des meilleures).

Qu’est-ce qui cloche alors ? Ben pas mal de trucs en fait, et avant tout le curieux déséquilibre entre les deux saisons : la première est nerveuse, riche en rebondissements, méchamment gore et carrément flippante par moments, sans compter un épisode final narrativement musclé qui enquillait trois ou quatre cliffhangers tous au minimum intéressants. La deuxième saison, passés les deux premiers épisodes (qui profitaient justement de l’élan de la saison précédente et de son final) est un peu molle du genou, voire beaucoup, et très timide dans ses élans graphiques ; elle se paye même un final étonnamment faible (à un détail près, j’y reviens).
Les auteurs semblent en effet se prendre un peu les pieds dans le tapis dans la gestion des infos livrées au spectateur : on n’en sait clairement pas assez. Que les persos pédalent dans la semoule, soit, mais nous autres aurions besoin de billes un peu plus fournies pour ne pas avoir cette désagréable sensation de « gratuité » dans certains développements, qui puent le « how convenient » à plein nez par moments.
C’est d’autant plus dommage que l’on sent à l’occasion l’envie des auteurs de donner aux spectateurs une longueur d’avance sur les persos, qui ne sont pas vraiment capables de mutualiser les infos à leur disposition. Il y a même une idée roublarde et un brin méta que je trouve excellente : à tour de rôle, les persos se livrent à des théories sur leur sort qui sont à la fois évidemment présentes à l’esprit du spectateur, mais aussi un joli résumé des grosses ficelles du genre déjà évoquées à l’époque de « Lost » (promis je ne cite plus cette série) : et s’ils étaient tous morts ? et si c’était une expérience menée par le gouvernement ou des aliens ou les deux ? et si c’était une simulation à la « Matrix » ? et si tout se passait dans la tête du chien (car il y a un chien) ?
Mais c’est peine perdue : on navigue trop à vue pour que la frustration ne s’installe pas sur la longueur. Sans compter que cette « pénurie de biscuits à spectateurs » commence à installer le sentiment diffus du syndrome « Lost » (merde, décidément) : et si les auteurs n’avaient aucune idée de la direction à suivre ?

Rajoutons à ça une galerie de persos pour certains un peu creux (car ils ne bénéficient pas du système de flashes-back de « Lost » (je renonce), par exemple, pour les étayer un peu) et on comprendra que « From » n’en est pas à se ranger dans la catégorie des grandes séries, mais plutôt de la modeste réussite un peu bancale dont les qualités éclipsent les défauts au final.
Sans compter que la saison 2 s’achève sur un twist surprenant et fort prometteur, qui fait qu’il faudra me compter au nombre des spectateurs de la troisième saison récemment confirmée, comme le précise plus haut le Doc… mais ça, ce sera pour après la grève !!

Principal defaut d écriture de la seconde saison selon moi, les scénaristes ne faisant reposer ce manque de communication sur aucune distraction pouvant le justifier.

On passe ainsi du final de la saison 1 directement au final de la saison 2 dès que certaines infos commencent enfin à circuler.

Je ne suis pas contre le fait de delayer encore faut il que ce soit justifié intradegietiquement.

C est assez dommage parce que la serie a par ailleurs une bonne ambiance et de bons persos du moins des antagonismes entre persos qui ne demandent qu à etre exploitée.

Oui, même si là aussi une certaine gratuité vient s’inviter dans l’écriture, notamment à la faveur de pétages de plomb de persos qui tombent un peu comme un cheveu sur la soupe, pour parfois ne déboucher sur rigoureusement rien ; dommage en effet.
L’ambiance à couper au couteau et certains persos réussis demeurent donc les points forts du show.
Dommage aussi que certaines idées intéressantes installées en saison 1, comme l’antagonisme entre « Colony House » (et ses moeurs un brin « communauté néo-hippie ») et le reste du village, ne soient finalement qu’effleurées.