"FROM THE VAULT" : Les héros oubliés

**FOOLKILLER Vol. 1 1-10 (Steve Gerber / J.J. Birch)
**

En 1991, les jeunes téléspectateurs français (!!), dont l’auteur de ces lignes, eurent vent de l’existence du Foolkiller par le biais de l’éphémère émission TV « Babylone », sur la Cinq. Le temps d’une brève, le présentateur Numa Roda-Gil y évoquait cette mini peu connue des lecteurs Marvel, la présentant comme les aventures du « tueur de crétins ». Voilà qui interpelle. Le Foolkiller n’était pourtant pas né de la dernière pluie.
Sorte de Punisher du pauvre, le Foolkiller a tout du pastiche, avec sa défroque un brin ridicule quelque part entre un Mousquetaire et Zorro. Pourtant, le personnage apparaît quelques semaines à peine après le plus célèbre « vigilante » meurtrier de Marvel ; il n’est pas du tout évident que les deux créations soient liées ou que l’une soit le commentaire de l’autre. Le Foolkiller est plus « spécial » et moins terre-à-terre en fin de compte, du fait de la couleur très particulière des travaux de son créateur, l’extraordinaire et mésestimé Steve Gerber.

http://static9.comicvine.com/uploads/original/7/71975/4577217-6795977749-tumbl.jpg

Gerber est d’abord un jeune fan de comics sacrément mordu, avec une solide expérience dans le fanzinat à 14 ou 15 ans à peine. Il entretient une correspondance avec le tout aussi actif Roy Thomas, qui lui met le pied à l’étrier chez Marvel pour le sauver d’un job dans la publicité. D’abord « assistant editor », Gerber est vite promu auteur (en raison de son inefficacité notoire dans le job d’editor, selon Thomas) et on se rend vite compte que le bougre, déjà auteur de quelques nouvelles, a de la ressource et des idées fraîches.
En décembre 1972, 3 comics, ses premiers travaux publiés, paraissent avec son nom sur la couverture : Shanna The She-Devil 1, Incredible Hulk 158 et surtout Adventures Into Fear 11. C’est ce dernier titre, avant le célèbre Howard The Duck (qui apparaîtra dans ces mêmes pages), qui marque d’abord significativement les esprits. Gerber y écrit les aventures de The Man-Thing, l’Homme-Chose en bonne VF (le Swamp Thing de Marvel, à moins que ce ne soit l’inverse), prenant la suite de Gerry Conway et accouche d’une saga introduisant le démon Thog dont le dénouement surviendra dans Man-Thing 1, nouvelle mouture de « …Fear ». Ce titre est un must absolu des années 70, parfait mélange entre le psychédélisme hérité d’un Doctor Strange période Ditko, et une fibre « consciente » sur le plan politique et éthique au sens large (et Gerber ne fait pas grand mystère de son orientation « gauchiste », pour le dire très grossièrement).

C’est dans les pages de Man-Thing 3, le temps d’un diptyque, que le Foolkiller fait sa première apparition. Les deux épisodes en question sont typiques de la veine du Gerber de l’époque : bizarre, décalé, drôle à sa façon étrange, son travail a un parfum inimitable. Le Foolkiller est à l’origine un anonyme, fanatique religieux obsédé par l’élimination des « fools » (on reviendra sur le problème d’une traduction correcte du terme en VF…). A ses yeux, les « fools » sont les pêcheurs, les égarés sur le chemin du Royaume de Dieu, et ils ne méritent selon lui qu’un répit de 24 heures pour se repentir avant que le Foolkiller n’exerce la colère divine en les désintégrant de son pistolet-purificateur. Déçu par son mentor, un prêcheur moralisateur mais aux moeurs dissolues (qu’il assassine sans délai), l’évangéliste revêt le costume du Foolkiller, mais meurt dans Man-Thing 4 en se heurtant à Richard Rory et son allié, l’Homme-Chose.
Mais le Foolkiller est un héros/vilain « dynastique » : plusieurs personnages assumeront son identité par la suite.

Le tout premier (rétroactivement baptisé Ross Everbest, variation sur un pseudo courant de Gerber, anagramme de son nom) fera donc des émules : Greg Salinger, un militaire instable mentalement, reprend le flambeau. Il aide involontairement le mystérieux justicier Omega l’Inconnu (en éliminant un de ses adversaires, Blockbuster), sous la plume de Steve Gerber, avant de s’opposer aux Défenseurs. Il réapparaît quelques temps plus tard sur un campus new-yorkais, où il fait connaissance d’un certain Peter Parker, alias Spider-Man (sous la plume, cette fois, de Roger Stern). C’est ce dernier qui le met hors d’état de nuire. Cette mouture du Foolkiller est probablement la plus connue des lecteurs français, Amazing Spider-Man 225 (l’épisode en question) ayant été publié dans Strange (le numéro 182, pour les complétistes) : le personnage aura même les honneurs de la couverture…
Très perturbé, Salinger atterrit dans un hôpital psychiatrique où il ne fera plus parler de lui…jusqu’à la mini de 1990 signée Steve Gerber (encore lui) et J.J. Brich (pseudo du dessinateur Joseph Brozowski).

C’est un nouveau personnage, Kurt Gerhardt, le troisième Foolkiller, qui est le « héros » de cette mini. Cadre moyen, celui-ci traverse une crise sans précédent quand il perd simultanément son père (agressé par des voyous), sa femme (qui le quitte) et son emploi (contexte économique oblige). Broyant du noir, au bord de la folie, il tombe un jour à la télévision sur une interview de Greg Salinger, le précédent Foolkiller, toujours interné. Celui-ci explique sa conception du monde, et ce que sont pour lui les « fools ».
Intrigué, Gerhardt entame avec lui une correspondance : Salinger saute sur l’occasion pour faire de lui (matériel à l’appui) son successeur. D’abord vêtu du même costume que ses prédécesseurs, Gerhardt ne tarde pas à opter pour son propre look, plus conforme à l’air du temps, et entame une croisade sanglante et aveugle…

Michael Moorcock disait de sa célèbre création **Jerry Cornelius **qu’il était moins un véritable personnage de fiction qu’un pur outil narratif, vecteur d’une multitude de variations possibles et d’autant de sous-textes. Toutes choses égales par ailleurs, le Foolkiller fonctionne de cette façon sous la plume de Gerber ; on pourrait aussi établir un parallèle avec la démarche de George Romero dans son grand cycle de films de zombies, où il élabore en quelques sorte une « allégorie évolutive » du zombie comme symptôme de problématiques sociales changeantes au fil des ans.
Ainsi, au début, le Foolkiller est une caricature assez transparente de la part maudite de l’Amérique aux yeux de Gerber, cette « majorité silencieuse » violemment conservatrice et hostile aux mutations de la société qui s’opère à l’époque. Le Foolkiller dégomme du Hell’s Angels, du Hippie, du « sataniste californien » en puissance dans un joyeux résumé des figures contre-culturelles de l’époque, c’est-à-dire tout ce qui intéresse le scénariste (il renouvelle ainsi le « supporting-cast » type des comics). Gerber est à l’opposé du spectre de son personnage, pour le dire vite.

Mais lors de l’exhumation du personnage dans les années 80, sous l’alias de Greg Salinger, les choses se font beaucoup plus subtiles : les « fools » ne sont plus les mêmes. Il faut dire que le terme lui-même, « fool », est assez plastique ; il est assez délicat de le traduire en français correctement par exemple. Si on opte pour « crétin », on oblitère la part « lunatique » de l’expression (comme dans la chanson des Beatles, Fool On The Hill). Si on opte pour « fou », c’est la part « naïve » du caractère dépeint par le terme qui disparaît un peu…
Steve Gerber (relayé par Roger Stern sur Amazing Spider-Man) profite de cette « plasticité » pour modifier la portée allégorique du personnage ; cette fois, dans les très matérialistes années 80, les « fools » sont ces individus rongés par l’absence totale de poésie, ceux qui cèdent aux sirènes du matérialisme précisément. Ce qui change tout : le personnage est toujours un zinzin homicide dans son modus operandi, mais il ne représente plus du tout la même chose. Gerber lui désigne des cibles qu’il exècre en fait lui-même.
Ce changement de braquet complexifie considérablement le rapport que le lecteur entretient avec ce personnage.

Dans cette série consacrée à la troisième incarnation du personnage, Gerber s’amuse en quelque sorte à combiner les approches précédentes. Il faut dire que l’auteur a de la place : les dix épisode de la mini constituent évidemment le cycle le plus long jamais consacré au personnage. Il va être difficile de condamner en bloc les actes de ce nouveau Foolkiller ; Gerber va prendre le temps de nous raconter les circonstances de sa métamorphose en fanatique illuminé. Son Foolkiller a des airs de « Taxi Driver des comics » (même si le Daredevil : Born Again de Miller et Mazzuchelli peut aussi prétendre au titre).

http://static6.comicvine.com/uploads/scale_small/0/4/30730-4395-34198-1-foolkiller.jpg

Kurt Gerhardt rappelle un peu le Joker pas encore « né » du Killing Joke de Moore et Bolland ; par la suite tragique de drames qui émaillent son quotidien, il prouve qu’une mauvaise journée de trop est à même de faire basculer l’esprit humain. Le procédé est cependant plus graduel chez le nouveau Foolkiller : Gerber, de façon très sournoise mais très profonde, titille le sens moral du lecteur qui voit gros comme une maison le train des événements dérailler lentement mais sûrement ; comment en vouloir à ce pauvre gars ?
Evidemment, coup classique mais redoutablement efficace (et cruel d’une certaine manière), les exactions du Foolkiller deviennent de plus en plus abominables et gratuites (il en vient à dégommer des fonctionnaires qu’il juge incompétents). Pour lui, les « fools », nouvelle définition, sont tous ceux qui sont assez crétins ou fous pour rendre le monde dans lequel ils vivent pire qu’il n’est ; ce qui rend la définition, avouons-le, assez vague pour englober un paquet de macchabées potentiels.
Et c’est quand on pense que le personnage est définitivement irrécupérable (quand son embryon de love-story avorte, par sa faute) que Gerber réintègre dans l’équation une figure ambigue : la cible principale du personnage est une ordure terminale, promoteur immobilier véreux d’un cynisme inhumain, qui est le principal « vilain » du titre. C’est là que les choses se compliquent : le promoteur en question a un modèle réel, Donald Trump, qui triomphe déjà à l’époque et que Gerber, cela transpire de son récit, exècre au dernier degré. Décidément, il est bien difficile de ne pas suivre le Foolkiller, tout comme de le suivre…
Gerber maintient avec brio cette ambiguïté fondamentale tout au long du récit, élaborant une sorte d’allégorie à géométrie variable, où il s’agira de ne pas adhérer inconditionnellement au parcours de son « héros/anti-héros » et constamment questionner la moralité de ses réactions.

En plus de cette dimension « morale » (pas moralisatrice, ce n’est pas pareil) du récit, Gerber se livre comme il a pu le faire par le passé (dans Howard The Duck exemplairement) à un commentaire sur les évolutions de son médium, produisant un méta-discours. Ici Gerber pointe du doigt de manière évidente vers la vague grim n’gritty qui s’impose presque de façon hégémonique à ce moment-là. Son Foolkiller qui renonce à son flamboyant costume de Mousquetaire pour une toute aussi ridicule combinaison S/M avec cagoule de cuir en est l’illustration visuelle très directe.
Fidèle au style qui forgea sa légende, Gerber déploie de plus des trésors d’imagination, même dans un contexte très urbain et « réaliste » comme ici, accouchant de quelques idées bien barrées comme l’entraînement très spécial du justicier, à base de châtiments corporels auto-infligés, en substance.
Il y a de toute façon un humour diffus et discret très « tongue-in-cheek » qui plane sur tout le titre, qui vient redoubler l’ambiguité morale d’une ambiguité scénaristique majeure : et si le New-York affreusement glauque et misérable, violent jusqu’à l’invraisemblance, n’était que le délire intégral du personnage principal, très subtilement au moins aussi raciste que le Travis Bickle de Martin Scorcese ? Voilà qui viendrait teinter d’une drôle de couleur le final du récit, où l’auteur offre contre toute attente une sorte de « renaissance » symbolique au personnage…

Dessiné dans une veine ultra-caractéristique des années 80 finissantes, rendant à merveille le parfum « naturaliste » des péripéties (jusqu’aux plus crapoteuses), le titre est un vrai plaisir de lecture. Bien plus profond que le concept débile qui semble présider à sa résurgence ne le laisse présager, Foolkiller vol. 1 est une perle discrète (au regard de son beaucoup plus impressionnant Man-Thing ou de son étrange mais beau Omega The Unknown) mais plus que recommandable de la bibliographie du regretté scénariste.

1 « J'aime »

[quote=« Photonik »]**FOOLKILLER Vol. 1 1-10 (Steve Gerber / J.J. Birch)
**
…] mais plus que recommandable de la bibliographie du regretté scénariste.[/quote]

Très très chouette rétrospective !
Et joli choix de personnage oublié.

Je ne connais pas ce titre, sinon de nom et pour en avoir lu 1 ou 2 numéros sans plus je crois ; alors je te fais confiance. :wink:

Merci beaucoup !!! :smiley:

Je crois que c’était Denny Colt qui avait écris un papier sur le personnage à l’époque de Superpouvoir.com ? Je me demande si je n’ai pas ça quelque part.

En tout cas, chouette chronique qui me rappelle que je n’ai toujours pas lu la série.

Merci pour ton appréciation !

Un papier de Denny Colt/Yann Graf sur le sujet ? Il m’avait échappé, mais c’est alléchant.
Si tu le retrouves dans tes archives, je suis preneur…et d’autres aussi, je pense.

Je connaissais de nom Foolkiller, je savais que Gerber l’avait façonné, mais ton billet est passionnant. Gerber me fait de plus en plus l’impression d’être un scénariste fondamental, génial, mais grandement méconnu par le grand public ; à tort, je n’en doute pas.

Merci, Ben !!

Oui, à la lumière de ma découverte récente du gros de ses travaux des 70’s (« Man-Thing », « Omega The Unknown » et « Howard The Duck » surtout, mais j’ai envie de creuser ses « Defenders » également), je dirais moi aussi que Gerber est un des auteurs fondamentaux du médium : on a bien raison de dire par exemple qu’il annonce le travail d’un Grant Morrison.
Parmi ses apports originaux, il y a cette façon singulière d’introduire à l’occasion de larges pans de prose au sein même de ses comics ; et bien avant Morrison et son « Animal Man », Gerber était devenu un personnage de fiction lui-même…

Je devrais plus me plonger dans les productions « à la marge » des années 70. C’est, finalement, une période que je connais très peu, et qui me semble très intéressante…

Les années 70 sont un véritable laboratoire chez les Big Two.

Oui, je vois ça ! Bien plus que d’autres périodes que mes lectures, liées autant à mes goûts qu’aux possibilités d’accès, m’ont amené à connaître bien mieux. :slight_smile:

J’en ai parlé notamment lorsque j’ai évoqué **Super-Folks **(Pour en savoir +).
Mais aussi avec Howard the Duck (Pour en savoir +), ou lorsque j’ai évoqué les années 70 (Pour en savoir +), voire le Spectre (Pour en savoir +). :wink:

Ah, mais vous allez me ruiner. :smiley:

Sinon sur Steve Gerber il y le personnage d’Icarus, sacrément en avance sur son temps (Pour en savoir +).
On peut lire aussi une aventure de Man-ThingGerber se met lui-même en scène.
Pour quoi me direz-vous ? :slight_smile: (Pour en savoir +).
J’ai aussi un peu d’Omega the Unknown (qui mérite d’être creusé) (Pour en savoir +). Et bien sûr Les Gardiens de la galaxie avec une scène assez hot (Pour en savoir +), et du Howard le Canard en V.Q (Pour en savoir +).

Gerber est un auteur qui mérite vraiment d’être découvert ou redécouvert.

[quote=« Photonik »]
Parmi ses apports originaux, il y a cette façon singulière d’introduire à l’occasion de larges pans de prose au sein même de ses comics ; et bien avant Morrison et son « Animal Man », Gerber était devenu un personnage de fiction lui-même…[/quote]

Et aussi cet épisode de Howard the Duck, où en tant que scénariste et éditeur, celui-ci décide de faire une pause dans le récit histoire de s’adresser directement au lecteur pour expliquer les contraintes des deadlines et plus largement son rapport au médium.

J’ai hésité à le mentionner plus longuement dans Le coin des histoires courtes mais vu que cela fait plus figure d’aparté que de véritable histoire, mieux vaudrait l’évoquer dans une rétrospective plus détaillée de ce run.

J’avais oublié ça tiens.
Du coup le changement de sexe de Starhawk lors du run de DnA est tout à fait logique.

Oui, et là aussi on pourra remarquer que Grant Morrison a un peu louché sur la copie de son aîné avec le/la Rebis de son run sur « Doom Patrol » (fabuleux au demeurant). Décidément…

Et ce qui est intéressant aussi, me semble-t-il c’est que ces séries des années 70 sortent avec l’approbation de la Comics Code Authority ; Deathlock est quand même un zombie et une bande à la violence explicite.
Sans oublier que l’histoire présente un mariage entre un militaire Blanc et une femme Noire (même si ce n’est pas le cœur de l’histoire), la scène entre Vance Astro & **Nikki **est très explicite (et a été censuré par Lug - voir mon lien), le Spectre ne fait pas dans la dentelle, etc.
À cette époque Captain America tâte de la politique contemporaine si je puis dire avec The Secret Empire.
**Marvel ** durant les 70s, publie une bande avec une distribution presque uniquement faite de personnages Noirs sous les auspices de **Don McGreggor **(Pour en savoir +).

Je dirais que vu le marasme général actuel, ce qui n’empêche pas qu’il surnage de bons scénarios de nos jours malgré tout (heureusement), tenter l’aventure des comics des années 1970 est en ce qui me concerne une excellente idée que j’applique d’ailleurs depuis déjà quelque temps. Et pas forcément du côté de l’underground mais bien du côté de Marvel ou DC.

D’autant que pas mal de titres apparaissent maintenant en numérique par exemple (avec des planches au transfert impeccable) et que des titres que l’on croyait bloqués pour différentes raisons comme Shang-Chi sont de retour.

Pour ceux qui se lassent de ce qui se fait aujourd’hui et qui comprennent l’américain, les années 70 c’est la caverne d’Ali Baba. Sésame …

:wink:

Je n’aurais pas dit mieux !!

Excellent article ! C’est bien dommage que les comics des années 70 ne fleurissent pas plus en nos contrées, ce qui me semblent être moins le cas en Espagne par exemple !

En Espagne, ils reprennent si je ne m’abuse une bonne part des « Essentials » dont beaucoup sont centrés sur cette période. Donc, oui, le matos des années 70 est là-bas largement plus diffusé.