FULL DRUM t.1-5 (Tôru Hakoishi)

Sorti lors de la précédente coupe du monde de rugby qui avait lieu au Japon (en 2017), Full Drum est une série en 5 tomes. La prochaine coupe du monde approchant à grands pas (dans 2 semaines), et avant la sortie de All Out, toujours chez Pika, j’ai tenté la lecture du titre en numérique sur Izneo.

Après 2 volumes, ce seinen (j’ai eu la surprise en créant le sujet de voir qu’il était dans le mag de Gantz et Real…) a tout du shônen sportif classique. Pour le moment, il a TOUT ce qu’on s’attend à avoir dans ce type de récit : héros « loser », responsable de club de sexe féminin dont le héros tombe amoureux, le « rival » dans le club, le rival hors du club, l’entrainement intense, une capacité hors normes… Bref, c’est hyper classique, mais ça divertit. Pour ceux qui découvrent ce sport, les 2 premiers tomes offrent quelques bases, mais pour le moment cela reste hyper léger. J’espère finir la série avant la sortie de All Out, qui s’annonce plus longue (17 tomes) donc peut être moins « classique » ?

Quelques détails de plus ici sur le volume 1 : Full Drum (volume 1) : échauffement avant la coupe du monde | Il était une fois un manga

Ce que tu dis concernant les parois, visiblement molles, entre seinen et shonen, font écho à mon ressenti actuel à la lecture de Planetes. Bon, je n’ai pas ta culture manga, mais dans Planetes, je vois beaucoup de caractéristiques qui me semblent convenir au shonen (le jeune héros livré à lui-même, ambitieux, qui a un but à atteindre et des obstacles à franchir, qui trouve des alliés dans ses anciens opposants…).
Et du coup, je me dis que cette classification, si elle permet d’aider à vendre en cernant un peu le produit et sa définition, elle dépend pas mal, finalement, des choix éditoriaux de chaque responsable éditorial qui soutient tel ou tel auteur en qui il sent un potentiel. Et comme il bosse dans un magazine, s’il fait venir cet auteur, alors il est rangé dans la catégorie du mag… même si le contenu et le style et les choix narratifs peuvent diverger de cette classification (ou de l’idée qu’on s’en fait).
Pour un regard un peu néophyte comme le mien, des propos comme ce que tu dis sur Full Drum, c’est déstabilisant.

Jim

Ah, et puis, pour les curieux, un petit extrait :

Jim

Ces termes désignent une cible sur un marché japonais. Il ne sont donc pas adaptés pour définir un style pour le public français !

Si on te dit « manga sportif tout public », tu n’as pas besoin de savoir si, au Japon, il était prépublié dans un magazine shônen ou seinen…

Tori.

Ça, je comprends bien.
J’avais déjà, d’ailleurs, manifesté mon étonnement devant le fait que certains éditeurs mettent en avant cette classification (je crois que j’en avais parlé lors d’une opération Ki-oon / Carrefour, il me semble que c’est là que j’avais remarqué ça…).

Certes.
Mais pour Planetes, par exemple, si on me dit que ça balance du concept fort et qu’au final je vois une sorte de San-Goku en scaphandre, hein ??? Parce que quand même, les codes shonen me semblent présents (et d’ailleurs, à mesure que ça disparaît, que Hachimaki se calme, la série s’améliore, à mes yeux).
Mais j’ai eu un étonnement pareil en lisant Hokuto No Ken, et en me disant que c’est sorti dans le Weekly Shonen Jump. Malgré toute cette violence. Alors j’imagine que le lectorat de jeunes garçons est habitué, sans doute (à voir…), mais je me dis aussi que le responsable éditorial aurait sans doute développé le projet dans un autre mag, s’il avait bossé dans une autre rédaction. Et que, au final, l’élément déterminant dans la création d’une série, c’est la rencontre entre l’auteur et le responsable éditorial, le magazine et sa classification étant secondaire (même si cette classification est l’élément le plus apparent).

Jim

C’est un sujet qui revient régulièrement d’ailleurs, notamment en ce qui concerne les shôjos ces derniers temps sur X/Twitter. Les lecteurs français se sont habitués à ces classifications et y accolent un certain nombre de caractéristiques. Ce qui oriente leur choix dans un marché inondé : « moi je ne lis pas de shôjo, donc même si Banana Fish a l’air sympa, je ne lirai pas ». On se retrouve alors avec des éditeurs qui « reclassent » les titres pour éviter ce biais => « Banana Fish est un seinen, ça doit valoir le coup ! »

C’est un poil caricaturé mais c’est souvent le cas. Ce qui provoque des tollés chez les « puristes », justifiés par le fait qu’on appelle un chat un chat. Et ce qui fait que plus le temps passe, plus je me dis que des collections par « thèmes » auraient plus de sens. Une collection « thriller », « romance », « comédie romantique », « sport »…

Full Drum, c’est 100% de codes shonen dans un magazine seinen. Donc Pika le met dans sa collection « Pika Shonen ». Alors que dans un collection « Pika Sport » pas de soucis. Dans ce cas-là, ça ne va pas hurler au loup c’est sûr. Mais c’est un exemple de l’absurdité de vouloir absolument avoir des collections calquées sur les japonais mais sans les suivre vraiment…

Ce qui a aussi entraîné la création des collections young aussi.

Ps : c’est l’attaque des titans qui est classe en seinen en France c’est ça ?

Oui certains éditeurs ont tenté de créer des choses. Y avait du shonen girl quelque part non ? Tonkam ? Pour L’attaque des titans, Pika le classe en seinen oui. Tu comprends, le dessin n’est pas suffisamment typé shonen et en plus y a des morts alors…

Moi, même si je connais ces classifications, c’est en lisant les commentaires sur ce forum que j’ai identifié certains codes (toutes les discussions sur le nekketsu ont été très éclairantes pour moi, par exemple). Parce que, en fait, je m’en fous un peu des classifications, c’est comme les collections de romans SF, si c’est marqué « fantasy » mais que c’est du steampunk, je sais faire la différence. Mais ça implique déjà un certain bagage…

Ah bon ?
Ah la vache, je savais pas.
Et les éditeurs japonais (connus pour être très sourcilleux) n’y trouvent rien à dire ?

C’est le principe des puristes, aussi.
:wink:

Carrément.

Oh, ne sous-estime pas le lectorat : s’il y a une occasion de râler, il râlera. C’est presque une loi fondamentale de l’univers.

Oui, c’est étrange.

C’est un shonen à l’origine ?

(Purée, les mecs, avec vous, je sens que je vais apprendre un truc nouveau par jour…)

Comment tu expliques ça ?
Mon regard « extérieur » me conduit à penser que la classification « démographique » du magazine japonais n’est pas aussi rigide et impérieuse qu’on peut le croire, et que la rédaction a une certaine souplesse quand elle flaire l’auteur potentiellement « bankable ». Et que, donc, si l’auteur se vautre dans les codes shonen, on s’en fout, parce qu’on veut le garder et pas le voir filer ailleurs, et donc, s’il fait un shonen dans un magazine seinen, c’est pas si grave. De là, j’en conclus que ce qui compte, c’est le choix éditorial interne à la rédaction japonaise, pas l’étiquette.
Est-ce que mon raisonnement est bancal, ou bien y aurait une part de vérité là-dedans ?

Jim

Il y a sans doute un peu de ce que tu dis, et un peu de plein d’autres choses. Dans le cas de Full Drum, ça sent la « commande spéciale » pour la coupe du monde de rugby au Japon en 2017. Après, le Weekly Young Jump mélange des titres très seinen (Gantz, Real…) et des titres plus shonen (Kingdom, Kaguya-sama…). On est sur un mag qui est un peu à la frontière niveau public en ado/jeunes adultes. Donc leur objectif était peut être d’attirer les lecteurs vers le rugby et la coupe du monde.

Et puis il y a des exemples de séries qui passent d’un mag d’une catégorie à un mag d’une autre catégorie pour diverses raisons… Bref, ce n’est tellement pas figé là-bas que reprendre les termes spécifiques à la prépub, c’est casse-gueule.

Ça arrive souvent, ce genre de « commandes » ?

Ah, j’ignorais : je pensais que les mags avaient des parois plus étanches, c’est intéressant de savoir qu’il existe des zones plus floues.

Oui, j’ai vu ça, en lisant un truc sur une série (bien sûr, je ne sais plus laquelle) sur le forum. Intéressant, cette capacité d’adaptation éditoriale.

Jim

Ca me fait réfléchir. Parce que chez moi j’ai gardé la classification Shonen/Seinen/Shojo…Elle me permet de définir une limite d’âge même si certaines séries sont mal classé à mon avis.

Je trouve l’idée bonne, mais il faut voir que la majorité du lectorat manga est ado ou enfant, avoir une classification d’âge permet de trouver facilement pour les parents comme pour le lecteurs et le libraire les bouquins. Et une double classification est difficile voir impossible

Oui.

Qu’entends tu par ce genre de commande ?
Si tu parles pour les compétitions spécifiques. Ça arrive. Ils l’a aient fait avec captain tsubasa par exemple ( le fameux Road to 2002) qui n’a jamais abouti à une série sur la coupe du monde.

Par conte., si tu parles de demander à des auteurs de faire des séries… Ça c’est très souvent !

Oui, je songeais davantage à des commandes liées à des événements extérieurs. Par exemple des compétitions, en effet. Ou autres (même si je n’ai pas d’idée sur le moment).

Jim

Une catégorie « enfants » pourrait fonctionner. On a bien de la littérature jeunesse. Dans le shônen, tu as des titres comme Captain Tsubasa mais aussi Hokuto no Ken. Le grand écart en terme de contenu. S’affranchir des catégories japonaises permet aussi de casser les barrières que certains ont inconsciemment. Mais je comprends la problématique et de toute manière, les éditeurs ne sont pas prêts de changer de stratégie a priori.

De manière régulière mais cela reste à la marge. Souvent pour adapter un film ou pour un événement spécifique (pas mal de titres sont sortis uniquement pour les JO au Japon). L’auteur a une liberté plus ou moins grande sur le contenu dans ce cas-là, donc souvent des débutants.

Comme pour la BD européenne ou américaine, en fait.

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Tu vois, on parlait tout récemment des livres sur les shonen (tu sais, les trucs bas-du-front qui selon toi n’appellent pas de commentaires et ne font que mobiliser des émotions primaires), mais je me dis qu’un bouquin détaillant le rôle des responsables éditoriaux dans l’industrie du manga, ça pourrait être passionnant.

Jim

Et dans l’industrie de la BD européenne ?

Mais ce ne sont pas des livres qui traitent de fond sur une série. Tu sais y’a même des mangas qui traitent de ces sujets hein. Je t’invite à lire bakuman qui traite ce sujet de manière agréable à lire et c’est super intéressant et te apprendras beaucoup sur le milieu