GAME OF THRONES (Saisons 1-8)

Ouaip. Belle scène pré-générique de ce premier épisode de la saison 7, qu’on sentait bien venir, sauf pour le petit twist, tellement bien fait.
J’ai bien aimé ce premier épisode, qui rappelle très bien ce qui s’est passé précédemment (d’habitude, je suis obligé de « m’aider » pour bien tout me rappeler), sans lourdeur, et qui montre aussi l’évolution des perso. Y a des passes d’arme verbales plutôt pas mal, des situations cocasses, et des perso qui ont vraiment grandi, avec une évolution intéressante.
Ouais, l’hiver approche et j’ai hâte de voir ce qui va arriver.
(en revanche, j’ai été surpris qu’un soldat demande à Arya si elle était en age de boire)

s7ep2 : j’enchaîne avec le deuxième épisode, assez calme tout du long, qui valide les alliances et adversités, et paf, sans prévenir, voilà une bataille navale digne des grands films de pirates, et qui défouraille sévère. Il laisse le doute sur deux persos, tout de même. Curieux de voir le retour de bâton.

s7ep3 : épisode plus « parlote », mais assez violent quand même, quand il s’agit de faire mal à l’autre. Et puis ça sent plus la vraie guerre, avec des stratégies, des alliances qui se mettent plus où moins en place. ça ne parle pas vraiment pour ne rien dire, en fait ! Et puis les caractères s’affirment encore plus.

Edit du 09/12/18 (donc, maintenant, on ne peut plus faire plus de trois messages de rang, même à plusieurs jours d’intervalle ? Il va faire comment le Doc dans le sujets en VO ?)

s7ep4-5 : ça, c’est la grosse colère de dragon. La fin de l’épisode 4 ne fait pas semblant. Et ce qui est épatant avec cette série, c’est que même s’il y a des camps pour lesquels on peut prendre parti, y en a certains qui ne sont pas tout à fait blanc, ni tout à fait noir.
Autre point aussi très intéressant (et moderne ?), c’est la place prise par les femmes. Je trouve que c’est beaucoup plus flagrant qu’ailleurs, et c’est surtout que ça ne fait pas forcé. Les perso sont tellement travaillés au fil des épisodes et des saisons, que leurs évolutions est tout à fait naturelle.
Sinon, l’épisode 5 prend un petit tournant (ou léger demi-tour) par rapport à ce qu’on a pu voir jusqu’à présent. ça va être intéressant à suivre.

Edit du 17/12/18 :

C’est bien dit ! Je te trouve assez juste sur cette saison 7.

s7ep6-7 : la bataille des marcheurs est lancée, et même si c’est intense, ce n’est pas le meilleur des avant-derniers épisodes d’une saison de Game of Thrones. Il est à l’image de saison 7, une sorte de faux rythme. En plus, je trouve que ce qui s’est passé était assez prévisible et cela paraissait presque évident, tant il semblait nécessaire d’équilibrer les forces (la dernière scène du Mur de l’épisode 7 est plus spectaculaire, je trouve que l’épisode 6)
Cela dit, d’un point de vue relationnel de perso, c’était une assez bonne saison (la palme avec le dernier épisode), et la prochaine peut apporter son petit lot de surprises.
(ah, et sinon, la gestion des distances est bizarre, dans cette série)

En fait, je crois que la première fois où ça « s’est vu » de façon vraiment flagrante, c’était sur le final de la saison précédente avec Varys qu’on quittait à Dorne pour le retrouver quelques minutes plus tard sur le bateau de Daenyris quittant Meereen, à un autre bout du continent. D’où la fameuse théorie « Varys est une sirène ». icon_mrgreen

Plus sérieusement, les auteurs avaient dû alors expliquer, ou rappeler, que (de même que dans les livres, d’ailleurs), ce n’était pas parce que des séquences étaient montées en parallèle qu’elles se déroulaient en parallèle (un peu façon Dunkerque, sorti depuis, avec sa triple timeline imbriquée en une heure / un jour / une semaine) ; mais que le récit était réparti avec en tête des questions de rythme en tête… sinon certains personnages disparaîtraient pendant toute une saison juste parce qu’ils doivent faire une traversée en bateau. Reste que dans l’épisode de la confrontation au-delà du Mur dans la saison 7, c’est vrai que ça faisait un peu se gratter la tête…

Globalement, un des trucs que je trouve fascinant dans GoT — mais c’est vrai que c’est pas toujours le plus facile à gérer, que parfois ça achoppe un peu (comme sur les points ci-dessus), et puis que c’est fait au risque (avéré vu certaines réactions) de mécontenter une partie du public qui a l’impression que « ce n’est plus la même série » —, c’est le glissement progressif du rapport de force entre une approche low fantasy et high fantasy du même univers. On sait depuis la première scène du premier épisode de la première saison qu’il y a de la grosse menace surnaturelle au menu, mais les premières saisons se concentraient sur des jeux assez purement politiques, malgré quelques interventions de la magie çà et là. Et toute la dynamique de la série consiste à montrer la montée des enjeux magiques et des forces en présence, dont le spectateur prend plus vite conscience que la plupart des « acteurs » du monde. D’où la destinée de Littlefinger, dont les petites intrigues se heurtent brusquement au pouvoir de Bran, typiquement.

C’est très juste ce que tu dis là. C’est une approche assez fraîche (pas d’exemples qui me viennent en tête) et payante… pour un temps.
Parce qu’elle pose un problème : à fantasmer sur le déchaînement des forces qui couvent dans un premier temps sous les cendres, le spectateur pourra ressentir une légitime frustration/déception au moment où les « choses sérieuses » commencent. C’est ce dont le final de la saison 7 atteste selon moi…

Si il n’y avait que la gestion des distances qui était bizarre mais les notions de politique, diplomatie et stratégie ont complètement disparues nous laissant avec des rois et des reines complètement demeurés … entre la bergère aux dragons qui en saison 6 veut trouver un mari lui donnant plus de légitimité et de pouvoir mais qui n’y pense plus en saison 7 alors même qu’elle couche avec son neveu … les négociations d’alliance qui se font au moment le moins opportun (genre quand on va essayer de convaincre l’autre psychopathe de cercei de rejoindre l’alliance, les mecs s’aperçoivent qu’ils ont pas fait leurs devoirs avant) et pourtant ils ont voyagé (mais ils faisaient un scrablebleuh pendant le voyage alors la politique et la diplomatie, ils peuvent pas tout faire).

Sinon j’aime beaucoup le show, la qualité est là en terme de production léchée mais l’écriture souffre depuis 2 saisons même si la 7 est la pire et que l’on pouvait trouver des excuses à la 6 qui faisaient que c’était encore acceptable. J’ai cependant peur que la dernière saison soit très éloignée de mes attentes et qu’elle ne permette pas à cette série de se retrouver sur le podium de mes préférées. Faut dire que j’ai déjà arrêté le show a la moitié de la saison car trop de choses me paraissaient téléphonées … Et pourtant qu’est ce que j’adore ces séries fantasy …

En effet.
Mais, aussi, ça permet d’amener au fantastique et à la fantaisy des gens qui ne se plongeraient pas dans une saga directement inspirée par ça, en fait. Beaucoup de gens n’aiment pas Le Seigneur des Anneaux, mais aiment GoT et ont « appris » à accepter le surnaturel car c’est amené « lentement » : passée la première scène de la S1, on n’a pas grand-chose avant la fin de cette saison, et la montée en puissance est plutôt lente.
GoT fait, un peu, preuve d’une forme de pédagogie pour ses spectateurs : en attirant par le gore, le sexe, le médiéval et la géopolitique, la série a fini par imposer du surnaturel plutôt exigeant et diversifié, et les spectateurs ont suivi ; car ils ont vu l’avancée vers ça, et ont été accompagnés par la série vers ça.

La diffusion de l’ultime saison débutera le 14 avril.

Et là ça va être le déferlement de rumeurs toutes plus invraisemblables les unes des autres

La bande-annonce de la saison 8 :

Efficace.

Avec beaucoup de retard, je viens de voir la saison 7.
C’est vraiment la saison bouche-trou.
En soi, elle est fidèle à la qualité de la série, très bien filmée et assez bien écrite. Même si, au final, les personnages marquent le pas, certains piétinent, au risque de paraître non pas incohérents, mais indécis, donc perdant de leur force, de leur caractère.
J’ai eu cette impression en voyant passer des images promotionnelles de la saison 8, qui me donnaient la sensation que les choses n’avaient pas bougé depuis la fin de la saison 6. Et c’est quand même un peu le cas. Alors oui, il y a quelques batailles, oui il y a quelques discussions et négociations, mais pour l’essentiel, la saison se contente de conclure quelques intrigues, de régler leur compte à quelques personnages, et c’est à peu près tout.
Le défaut de la série, je crois, tient au fait qu’elle est trop courte. On sent que certaines choses sont rapidement évacuées : le sort de Jorah Mormont, par exemple, qui a occupé deux saisons précédentes, est expédié en quelques scènes, et l’effet est d’autant plus visible que cette saison est courte et que son destin aurait pu être dilué dans un ensemble plus vaste.
La longueur de la saison implique également des astuces narratives qui impactent sur la représentation des batailles. Là où la saison précédente avait pris le temps de détailler le siège de Vivesaigue ou la reddition de Meereen, on a droit à deux batailles, l’une d’elles évoquée par une astuce narrative et l’autre carrément escamotée. Et malgré la qualité et l’intelligence de la manière de faire, ça manque (la « Bataille des Bâtards » reste un sommet du genre, c’est certain, mais botter en touche est dommage).
Les personnages devant attendre que les choses se débloquent en vue de la huitième saison, ou bien prendre le temps de se regrouper, ils parlent beaucoup dans des salles du trône qui semblent vides. Un effet singulier de l’écrémage qui a eu lieu dans la saison précédente et de la paranoïa des têtes couronnées, toutes isolées et au bord de la guerre, on ne voit quasiment plus de courtisans et les scènes de rue se comptent sur les doigts d’un manchot. Si bien que le rapport au peuple, qui était particulièrement bienvenu dans les deux saisons précédentes afin de mettre en scène les rapports de force entre la haute société et le bas peuple, est quasiment absent. On se retrouve avec les pièces de l’échiquier, et c’est tout. Là aussi, ça manque. Surtout que les puissants, notamment Daenerys (quel cœur d’artichaut, celle-là), tortillent avec chaque décision et renoncent à leur influence. Cela occasionne encore de nombreuses scènes de mise au point très bien écrites (Daenerys et Varys, Sansa et Aria…), mais il y a quelque chose qui est grippé.
Les deux derniers chapitres renouent avec les forces de la série. Le cinquième qui propose un grand moment épique, avec cette équipe qui lorgne autant sur les Argonautes que sur les Vengeurs, et le sixième qui retrouve le petit « jeu des couronnes » qui fait le titre de la série. Sans atteindre les sommets de ruse et de cruauté des épisodes passés, on sent un soin particulier accordé à la politique, ainsi qu’à la montée d’un suspense par la seule tension de la présence des ennemis les uns près des autres. Les plans dans les plans et les complots dans les complots semblent un brin capillotractés, mais ça fonctionne super bien, et personnages et alliances sont plutôt bien construits.
Sans atteindre non plus les sommets de réalisation de la saison précédente. Plutôt bien filmés, ces deux épisodes n’égalent absolument pas la mise en scène lancinante et impitoyable de la vengeance de Cersei, un pur sommet de la saison 6. Ou encore l’étouffante bataille qui l’a précédée.
Mais voilà, on a marqué le pas pendant six épisodes. Quelques personnages sont revenus, d’autres sont partis, mais cela tient surtout à la mise au propre de choses lancées un peu plus tôt.
Les choses sérieuses vont reprendre. Il est temps.

Jim

Je me suis quant à moi penché, comme des dizaines de milliards de fans à travers l’univers, sur ce tant attendu premier épisode de l’ultime saison du show, la huitième donc.
Enfin, tant attendu, faut le dire vite : comme beaucoup j’attendais cette saison conclusive avec impatience, mais pas spécialement le premier épisode, souvent décevant dans le cadre de cette série, dont les entames de saison ne sont pas le fort.

Et sans surprise, le bilan est contrasté : certes, on est content de retrouver l’univers et les persos, on guette chaque séquence avec gourmandise, le « teasing » a payé, c’est incontestable. Et l’épisode, même « moyen », ne manque pas de bons moments, notamment ces échanges entre persos très connectés mais qui s’étaient perdus de vue depuis longtemps (Arya/Clegane, impayable, mais aussi Tyrion/Sansa, celle-ci asseyant définitivement sa stature dans ce premier épisode : on ne passe pas du temps auprès des Lannister sans en tirer quelques leçons utiles pour l’exercice du pourvoir…), et quelques punchlines mémorables.

Si depuis au moins la saison dernière la série a perdu en subtilité ce qu’elle gagne en efficacité « immédiate » (accélération des enjeux oblige), il reste quand même quelques finesses d’écriture : à ce titre, il y a tout un jeu savoureux de renvois et d’effets de miroirs entre cet épisode et le premier de la saison 1 (l’ouverture et la conclusion de l’épisode notamment, où l’on revient sur le rôle joué par Bran dans l’intrigue initialement).

A côté de ça, la série se fait quand même bien pataude par moments ; je ne sais pas si c’est volontaire de la part des auteurs, mais faire de la Khaleesi une tête-à-claques arrogante pareille, ça ne me semble pas un très bon calcul (il est évident qu’une confrontation s’annonce entre elle et Jon Snow pour la légitimité du trône : avec une tête de pioche pareille imbue d’elle-même, on a vite fait de choisir son camp). La révélation du fameux secret de ses origines à Jon manque aussi cruellement de « chair », je dirais, et semble même un peu expédiée (il est vite convaincu, le bougre).
Et je ne parle pas de cette séquence inutile de promenade à dos de dragons, un peu indigne du show à mon sens… Les goûts et les couleurs, hein.

Reste quand même, en plus des qualités évoquées plus haut, quelques surprises et fulgurances, comme cette séquence très tendue dans le château des Omble (avec Tormund et Béric), horrifique à souhaits, et qui à elle seule fait bien monter les enjeux.

Un bilan contrasté pour un épisode pas génial en soi, mais c’est un peu la tradition de la série ; elle a même connu des entames de saison plus poussives que ça. Les choses sérieuses commenceront au deuxième voire troisième épisode, probablement…

Ah, je te trouve un peu dur, quand même. Personnellement ce fut bien la claque de retrouver tout ce petit monde. On se retrouve tout de même sur le côté « miroir » du début de l’épisode avec le tout début de la série, et sur la grande efficacité dans le registre horrifique de la petite visite au château. Ce sont les deux meilleures scènes de l’épisode, pas de doute. Là où je diffèrerais plus, en revanche, c’est par rapport à ceci :

La balade à dos de dragons n’est certes ma séquence préférée, mais elle a du sens vu que seuls les Targaryen sont censés être capables de ce genre d’exercice. Il ne me semble donc pas difficile d’imaginer que c’est le genre d’éléments qui moulinent dans la tête de Jon quand il reçoit la nouvelle de sa véritable filiation. Au demeurant, le « il est vite convaincu » me semble dû aussi bien à des facteurs de logiques interne qu’externe :

Du point de vue intra-diégétique, il connaît les pouvoirs de Bran, il a toute confiance en Sam, et il y a convergence entre le savoir surnaturel prodigué par le premier, le savoir livresque prodigué par le second, et, donc, le savoir « pratique » que l’expérience d’avoir chevauché un dragon quelques heures plus tôt lui donne de première main. C’est dur à réfuter ! Et franchement, tu vois Jon se boucher les oreilles et chantonner « na na na, je ne vous crois pas, je sais bien que la Terre est plate » pendant cinq minutes ?

D’un point de vue plus extérieur, le poids de la « révélation » pour le spectateur est passé (sans même compter que bien avant ça, c’était déjà le secret le moins bien gardé de Westeros…). Ç’aurait donc plutôt été en remettre une couche trop longuement qui aurait paru maladroit. Je trouve au contraire plutôt fine la façon dont show réoriente tout de suite la chose vers d’autres aspects de la question : les conséquences, et la question d’une légitimité « morale » à côté de la légitimité purement dynastique. On n’est plus tant dans le « que se passe-t-il ? » mais dans le « qu’est-ce que ça signifie ? », en gros.

En passer par un Sam qui vient lui-même d’apprendre la nouvelle du sort que Daenerys a réservé à sa famille — ce qui donne… une certaine perspective, disons, tout en permettant de jouer la corde de l’émotion (qu’on ne ressentirait peut-être pas s’il ne s’agissait que de débattre purement de questions d’arbre généalogique) —, et qui, en même temps, est le mieux placé pour souligner les différences éthiques dans le comportement de Jon et Daenerys par le passé, est une idée qui, je trouve, fonctionne très bien.

Et concernant la Khaleesi justement, son côté « tête de pioche », s’il peut être ici un peu exacerbé par les tensions avec Sansa, n’est pas exactement nouveau. Le personnage a passé la majorité du show à fluctuer entre ses points forts et ses points faibles, ses aspects positifs et ses zones d’ombre : grande conquérante mais gestionnaire calamiteuse, libératrice quasi-messianique autoproclamée mais crispée sur la question de sa « légitimité » à hériter du trône de fer, elle est « la briseuse de chaînes » mais ne supporte pas qu’on ne ploie pas le genou devant elle.

Ce qui nous ramène à la scène avec les dragons : une façon pour elle de renforcer son lien avec son allié / amant face à l’hostilité des « gens du Nord »… mais sans se rendre compte de la signification de ce qui se passe devant ses yeux (alors qu’en tant que Targaryen elle serait bien placée pour y penser !). Et peut-être bien un moment qui marque des possibilités pour la suite : on n’est déjà plus dans la configuration « moi et trois dragons contre le reste du monde », et si on s’acheminait vers une tripartition des forces, Daenerys / Jon / le Roi de la Nuit, chacun monté sur « son » dragon ? Taa da dadadam ta dadadam ta dadadam…

HAHAHAHAHAHAHAHAHA

Jim

Je suis assez d’accord sur l’analyse de la scène des dragons. C’est un peu facile, un poil plus gratuit (y a un côté « plaisir des yeux » qui est évident), mais ça ne tombe pas de la lune non plus. Qui plus est, ça fait écho à une réplique de la saison précédente (par Lord Baelish, je crois), qui dit en gros « il est jeune et pas marié, elle est jeune et pas mariée… ». Voilà, on est face aux deux personnages qui, durant la série, ont à la fois tout perdu et tout gagné. Ils savent qu’ils sont à deux doigts de rencontrer leur destin, et ils s’accordent un moment de détente, de solitude et d’égoïsme (qui est construit sur un truc plus tendu, à savoir que les deux dragons ont le blues). La séquence constitue un moment de légèreté, un truc qui risque sérieusement de se raréfier dans les épisodes à venir. Y a un côté logique dans ce moment de décompression.
Après, on peut aussi imaginer que l’équipe aux commandes sait qu’elle a réussi son pari, que la série est arrivée au bout, que le monde entier la regarde… et s’accorde des petits plaisirs (presque) purement formels. J’ai entendu dire que la scène de Captain America: Winter Soldier où Cap fait une clé de bras à un avion n’était pas prévue dans le scénario, et qu’ils l’ont faite parce qu’ils se sont dit que ce serait « cool ». Là, j’ai l’impression que c’est un peu pareil : la scène est utile et articulée sur des choses précédentes, mais elle fleure bon la jolie pirouette faite pour le plaisir.

Quant à moi, j’ai vu aussi ce premier épisode, et y a plein, mais alors plein de choses qui me plaisent. Déjà, ça rentre dans le gras du sujet sans attendre. Ensuite, les dialogues sont construits sur un mode plus sec, plus vif, en privilégiant les one-liners, qui là aussi sont chouettes parce que des répliques cinglantes, ça marche toujours, mais aussi parce que ça construit les personnages. Le changement de régime est intéressant par rapport à la saison précédente, construite sur des dialogues plus longs, qui sont souvent comme des duels.
Et puis, la manière de filmer, plus près des personnages, plus près du sol également, avec une foule de figurants, renoue avec cette vision globale d’une société dans son ensemble, qui avait été largement oubliée dans la saison précédente. Les fantassins et les forgerons qui occupent Winterfell permettent de retrouver une sensibilité qui s’était un peu diluée. Le plan montrant Daenerys et Jon à cheval, arrivant vers les murs, oriente l’épisode plus vers du médiéval que du fantastique, redonne cette dimension « réaliste » qu’on avait donc en ouverture de série, et au final remet la boue, la crasse et la sueur au centre du dispositif narrative. Ce côté « plancher des vaches », mis en évidence, par contraste, grâce à la scène de vol, est super plaisant.
Bref, ça donne envie.

Jim

Oui, j’avais saisi ce point, et son utilité éventuelle dans la « révélation » pour Jon de son véritable lignage. Mais ça m’a quand même semblé balourd, peu subtil et un peu con-con.
Pourtant, je ne fais pas la fine bouche devant les quelques lourdeurs dont les auteurs se montrent capables à l’occasion ; l’échange inaugural entre Tyrion et Varys m’a bien fait marrer, par exemple. Pas spécialement le moment le plus subtil de l’épisode, pourtant.

Ce qui serait une belle erreur, à mon sens. Il y a ces personnages qui font passer le devoir avant la stature (peu dans la série, il est vrai). C’est le cas de Jon Snow depuis le début de la série. Même au début de l’épisode, il explique que la posture a la fin du jeu des trônes n’aura que peu d’importance vu ce qui leur arrive dessus. Et c’est un peu tout le discours de la série. Si ils avaient passé moins de temps en trivialité, ils seraient prêts pour l’hiver qui vient. De plus, Jon n’a aucun mal à se voir « travailler » pour la reine des Dragons.
En toute logique, si les scénaristes sont pas trop cons (bien que l’épisode indique le contraire), la révélation devrait le chambouler de manière personnelle mais aucunement sur le plan de l’avenir (qui semble bien incertain tin tin tin !).

Sinon, pas mal de « hit & miss » dans les retrouvailles de ces duo qui ont enchanté la série. L’exercice semble mécanique au possible (« Arya rencontre Jon », « Aria rencontre le Limier », « Aria rencontre le forgeron », « Sam rencontre l’estropié ») sans offrir quoi que ce soit à se mettre sous la dent. Mais j’imagine que c’est un passage obligé parce qu’on aura pas plus le temps de appesantir là-dessus. Cependant, j’ai quand même pris pas mal de plaisir à mater cette épisode en plein après-midi, dans la salle de réunion, avec mes collègues. :stuck_out_tongue:

Mention spécial pour la scène des « trois sages », avec un Varys que je considère toujours comme le meilleur (dans tous les sens du terme) joueur de la série. Comme quoi, un mec, quand on lui coupe les couilles, il a d’autres choses à penser qu’à ses propres besoins.

Et rappelle bigrement les retrouvailles précédant les négociations de trêve du dernier épisode de la saison précédente.

HAHAHAHAHAHA

Jim

On est d’accord sur le sous-texte de la série, et ça résonne d’ailleurs furieusement avec notre contemporanéité, évidemment.