GAME OF THRONES (Saisons 1-8)

La vache, ça dépote !
La pénombre ambiante (le choix de l’éclairage naturel) et l’aspect immersif m’ont parfois rappelé le 13ème Guerrier (ce n’est pas rien).

Pareil ici — et c’est moi aussi une référence que j’affectionne. Un peu de l’Excalibur de Boorman s’est rappelé à mon souvenir aussi au passage.

Y’en a (deux de mes films préférés en plus) :grin:.

Après l’épisode 3 j’ai envie de dire comment on met une balise spoil ?

Un mot rapide sur l’épisode 2, que l’on qualifiera pudiquement d’épisode de transition… Non qu’il soit mauvais, loin de là, je l’ai même préféré au premier épisode ; mais il y a un côté frustrant : peut-être eut-il été plus judicieux de faire un « gros » premier épisode sur la base des deux premiers. Bref, faisons avec ce que nous avons sous les yeux : pas mal de « pay offs » concernant les relations entre personnages, des arcs narratifs qui arrivent à leurs termes, de biens chouettes échanges… et surtout un teasing intensif de l’épisode suivant, puisque dès qu’on voit qu’un perso est en train de « régler les choses en suspens », on se dit invariablement : ok, lui/elle va y passer au prochain épisode, c’est certain (et en fait pas tant que ça rétrospectivement).
Des séquences authentiquement poignantes, y’en a aussi, notamment ce qui tourne autour de Brienne et Jaime (beaucoup aimé l’adoubement).

Mais bon, ce que les fans attendaient, c’est évidemment le déjà fameux et controversé épisode 3, « The Long Night ». Sur Ie net, à voir ce que j’ai pu glaner rapidement, ça se déchire : meilleur épisode de série télé de tous les temps pour certains (ah oui ? hmmmm) ou gigantesque déception pour d’autres (hmmmm aussi), comme souvent la « vérité » se trouve quelque part au milieu…
Franchement, l’épisode est ultra-électrisant, mais pas exempt de défauts. Mais quelle générosité ! Quelle ampleur !! Quel souffle épique !!! L’écriture de l’épisode, on y reviendra, est un peu boîteuse, mais elle a l’intelligence de transformer un exercice qui aurait pu être bourrin et stérile sur la longueur (1 h 20 quand même) en rollercoaster émotionnel, en changeant intelligemment de focus et de dynamique d’une séquence à l’autre. Tantôt des séquences de batailles gigantesques à la Peter Jackson (on a beaucoup cité la bataille du Gouffre de Helm pour trouver un parallèle à cet épisode, et si on en est loin en termes d’ampleur de mise en scène, la comparaison se justifie), tantôt des séquences horrifiques de la meilleure eau (celle de la bibliothèque avec Arya en mode ninja flippée se pose là), tantôt séquences poignantes et tire-larmes efficaces (les morts…) : l’épisode trouve là un bel équilibre.

Au rayon de la mise en scène, on a entendu pas mal de fans éplorés maudire HBO pour la luminosité défaillante de l’épisode ; je crois que c’est un choix totalement assumé. En plus de cette espèce de silence solennel qui drape les 20 premières minutes de l’épisode (les meilleurs à mon sens), les choix de mise en scène me semblent optimiser l’effet de terreur produit par la chute de l’épisode précédent et l’entame de celui-ci. Ellipses, jeu sur le hors-champ, sensation de chaos et d’incompréhension propre à un champ de bataille : tout ça est fort bien rendu.

Concernant les persos eux-mêmes et leur « bad-assitude », deux d’entre eux (des filles) tirent leur épingle du jeu, haut la main : Arya bien sûr, mais aussi et surtout Mélisandre (toujours remarquablement incarnée par l’incroyable Carice Van Houten), qui effectue ici un retour surprise et pas spécialement pour faire de la figuration. Elle se paie d’ailleurs le luxe de clôturer l’épisode de fort belle manière, et offre aux spectateurs deux séquences parmi les plus belles graphiquement (y’a du feu). J’ai kiffé.

Et les défauts alors ? Ben y’en a quand même plein. Au premier rang desquels, évidemment (et le net en fait des gorges chaudes, comme d’hab’) quelques facilités d’écriture et autres incohérences assez grosses quand même (on se demande comment certains persos peuvent s’en tirer quand on voit dans quelle mouise ils sont plongés à tel ou tel moment, cf. la crypte par exemple ; au fait, c’était pas la plus mauvaise planquette du monde face à un mec qui réveille les morts ??!!?) : perso si le spectacle m’emporte comme il l’a fait ici, je suis disposé à ne pas me montrer tatillon. Jusqu’à un certain point.
Beaucoup plus gênant, c’est la conclusion qui est donnée ici à un des arcs les plus importants de toute la série, et qui l’occupe d’ailleurs depuis la première séquence du premier épisode de la première saison : j’ai été très surpris que ce pan de la mythologie du show se conclue ici… C’est surprenant, pas forcément dans le bon sens, mais c’est un choix des auteurs, discutable certes mais respectable par essence (le bad guy final de la série ne sera donc pas celui/celle que l’on croyait).
Plus dommageable à l’aura du show, même si les trois derniers épisodes me détromperont peut-être, c’est le côté « résolution à l’emporte-pièce » de toute la mythologie tournant autour de Bran : de ce côté-là c’est très décevant. Et quid des motivations du bad guy, que l’on imaginait très connecté à cette mythologie justement ?

On peut imaginer que la réception de cet épisode dépendra fortement de ce que chaque spectateur attend de « Game Of Thrones » : si on préfère ce qui tourne autour des White Walkers et du Night King, la déception peut être de mise. Si on préfère les embrouilles politico-stratégiques dont Cersei est la championne incontestée, on peut se frotter les mains en attendant les épisode suivants.
Perso j’aime les deux versants du show, j’attends donc la suite avec impatience ; on peut néanmoins dire à ce stade que le sous-texte supposé mais assez transparent de la série (oublier les querelles intestines pour se concentrer sur un péril plus grand à consonance climatique, si vous voyez ce que je veux dire) passe un peu par pertes et profits…

Malgré mes réserves, j’étais comme un fou sur mon canap’ tout du long, soyons clair.

Un Avengers Endgame par-ci, une fin de Game of Thrones par-là.
Comme période, on a vécu pire. :slight_smile:

Pour ceux que ça intéresse.
La making-of de l’épisode 3.

Et pour les historiens des comics :

Jim

Y a pas eu un article de ce genre dans un Comic Box ?

Je crois que l’article dans Comic Box faisait plutôt référence à un courrier signé par le jeune George RR Martin et publié dans « Fantastic Four » 19 ou 20, de mémoire…

C’est le souvenir que j’en ai, ouais…

Jim

Pour le coup, il me semble qu’il y avait plus … mais si c’est pas le cas, je ne vois pas trop où j’aurais pu lire ça …
Ou alors, c’est l’influence de Martin sur Bendis ?

Hop, le courrier est dans Fantastic Four #20 (à propos du #17).

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Jim

Ben comme pour Endgame, il y a des défauts, des facilités mais punaise que c’était grand

À ne pas lire si vous n’avez pas vu l’épisode 4.

Ce genre de réaction, ça en dit plus long sur l’époque que sur le show en lui-même.
Et là, on touche aux limites de la connerie humaine, malgré tout le respect que j’ai pour Jessica Chastain et Ava DuVernay.
La définition d’un personnage de fiction ne dit rien sur la perception que les auteurs ont de la société.

Bon, ben, les enfants, la fin approche à grands pas : plus qu’un épisode, c’est difficile à réaliser, presque…
Et à ce stade, on peut dire qu’elle a pas fini de faire gloser cette dernière saison. Le syndrome « Lost » ? (les deux séries sont très différentes, ceci étant dit, hein)

Il est amusant que constater que ce sont les épisodes 3 et 5, tout spectaculaires et cruciaux qu’ils soient, qui font le plus causer (dans tous les sens), quand finalement c’est plutôt le très pataud 4ème épisode qui est le plus emblématique du semi-échec de cette saison.
Dans cet épisode sont condensés tous les défauts majeurs de la saison 8 : y’a du fan-service à tous les étages (et je précise, pour rebondir sur un débat récent sur un autre fil de discussion, que ce terme n’est pas péjoratif pour moi, mais neutre) mais ça se sent que c’est un brin forcé ; y’a des échanges excitants entre des persos formant des tandems passionnants mais faute d’enjeu à leur échelle ça tombe à plats ; et surtout, surtout, tout sent la précipitation dans l’exposé de la situation : il faut voir à quelle vitesse les principaux protagonistes se retrouvent face-à-face, et à quelle vitesse les forces « s’équilibrent »… Le tout a un goût de trop peu.
Vraiment l’épisode le plus bancal de la saison.

L’épisode 5, comme son illustre prédécesseur le troisième, divise les fans et pas qu’un peu (même si les déçus semblent plus nombreux, mais c’est peut-être ceux qui s’expriment le plus aussi). Perso, je l’ai aimé car il m’a remué (et on le serait à moins) mais force est d’admettre que scénaristiquement il est assez faible ; pas tant dans les grandes lignes d’ailleurs (l’événement au centre de l’épisode ne me semble pas si illogique sur toute la durée du show), mais plutôt dans les détails, et l’exécution.
Toujours cette satané impression d’enchaînements trop hâtifs des événements (le destin de Varys…), cette impression tenace aura décidément plané sur l’ensemble de la saison (m’étonnerait, étant donné sa probable nature, que le prochain épisode inverse la vapeur de ce point de vue). Et malheureusement, cette impression vient gâter le retournement central de l’épisode : faute d’un crescendo vraiment organique, ce rebondissement en l’état pue un peu des pieds (et encore une fois, je n’ai rien contre l’idée en elle-même, bien au contraire), franchement.
Idem pour les incohérences et autres facilités (et pourtant Dieu sait que je peux être clément en la matière, surtout pour un show de cette nature), déjà présentes sur la saison précédente et ici portées à leur paroxysme (exemple parlant, le Dragon de puissance et d’adresse manifestement variables).

Et pourtant, on ne s’emmerde pas une seconde dans cet épisode qui ne manque pas de très chouettes moments, et qui est peut-être aussi le plus violent de toute la série ; j’ai beaucoup aimé l’approche « Apocalypse Now » du raid sur Port-Réal : un peu comme dans l’épisode 3, le choix de se focaliser sur le point de vue de persos uniques (Arya, exemplairement) est payant, à la faveur de plans-séquences de conception relativement simple mais à l’efficacité redoutable. J’ai même en l’occurrence pensé au chef-d’oeuvre absolu des films de guerre immersifs, à savoir le tétanisant « Requiem pour un massacre » d’Elem Klimov (lui aussi raconté à travers les yeux d’un perso tout jeune) ; c’est dire.

Et ce fameux (et annoncé) « Cleganebowl » alors ? Ben contrairement à beaucoup (on dirait), je n’ai pas été déçu, ni par la mise en place, ni par le déroulé, ni la « chute ». Il y a même un plan absolument terrible où les deux frères se toisent dans les escaliers en ruine alors qu’un Dragon vole nonchalamment en cramant tout à l’arrière-plan : waow !!! Bon, il y a bien la tronche de steack de Gregor, mal conçue et torchée, et même très cheap à vrai dire (la série ne nous avait pas habitués à ce type de faute de goût).
Mention très bien à l’impeccable Arya, qui se réserve la séquence finale, magnifique sur le plan visuel et symbolique/allégorique (« behold, a pale horse »).

Toujours au rayon de bons points, et alors que j’ai mes réserves sur l’écriture des épisodes de cette saison (et celui-ci en particulier), j’avoue ne pas bouder mon plaisir devant le relatif mauvais esprits des showrunners, qui « teasent » des adversaires pseudo-menaçants pour entraîner le spectateur sur de fausses pistes, comme des batailles qui ne surviennent pas ou presque, faute d’un équilibre réel des forces. Du coup, certains antagonistes annoncés « big » se déballonnent lamentablement, de façon très volontaire et grinçante me semblent-ils.

Il y aurait beaucoup à dire sur le destin de certains perso de premier plan, mais n’en révélons pas trop… Il y a de belles choses, mais aussi un sentiment de « tout ça pour ça », peut-être inévitable sur la dernière ligne droite. Du potentiel gâché quand même, honnêtement…
Je reste curieux du dernier épisode, les jeux sont encore finalement assez ouverts ; une certitude : il y aura forcément de la casse, et pas qu’un peu.

Une image superbe de Dark Fantasy, qui aurait fait un tableau superbe, et fera de magnifiques fonds d’écran.
Mais, en fait, on peut relever que Game of Thrones livre de superbes « images », des visuels vraiment travaillés et puissants ; iconiques, en fait. Même dans le 3e, sombre, il y a des plans techniquement magnifiques, et cela créé des « images » merveilleuses.
Dommage que cet esthétique parfait ne soit pas accompagné d’un scénario mieux léché. Le fond est bon, cohérent et pertinent, mais la forme adoptée emploie des raccourcis et des facilités qui en viennent à gêner, au-delà du plaisir de la rétine.

Le problème c’est clairement le changement de rythme sur les deux dernières saisons.
C’est comme si au sein d’une même mini-série on passait de la décompression de Bendis à l’hypercompression de Morrison.
Reste que d’une certaine manière, cette accélération de l’Histoire de me gêne pas tant que ça dans la vision que j’ai du show où les différents personnages/clans/groupes représentent des philosophies politiques et des régimes ayant traversé l’Histoire (parfois imbriqués au sein d’un même personnage) et le fait que la série se nomme Game of Thrones plutôt que A Song of Fire and Ice aurait du interpeller sur quel aspect D&D voulait mettre au coeur du show (le Night King n’aura finalement qu’un McGuffin qui fonctionne trop bien car ayant trop captivé les fans).
Du coup, comme j’ai toujours vu une certaine personne adorée des fans comme une métaphore de la Destinée Manifeste américaine, sa progression et son basculement me semblent logiques (même si le turning point est mal construit).
Entre le côté « Charge des Valkyries » comme l’a souligné Photonik mais aussi les renvois au 11 septembre (le parcours d’Arya pour s’échapper de la ville) où les exactions de l’armée victorieuse qui renvoie aux errements qu’on a pu voir au Vietnam, à Guantanamo, en Iraq ou en Afghanistan, cette représentation me semble claire et logique (et déjà teasé dès la 2de saison du show).
Mais oui, le changement de rythme a entrainé beaucoup de maladresses d’écriture.

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Ha ha !!! Pas mal comme analogie, et très juste je crois.
C’est la faute des showrunners, ça : ce sont eux qui ont insisté à ce qu’il se dit pour en finir là, et avec une saison très courte. Ils sont responsables de cette fameuse « accélération » des enjeux, et se sont eux-mêmes mis des bâtons dans les roues avec ce choix.

Très intéressant comme rapprochement, encore une fois.
Il est à souligner d’ailleurs que jamais les « nordiens » qui accompagnent Daenerys pour le coup n’avaient été montré sous un jour aussi négatif que durant cet épisode…

En même temps, il faut dire que les « nordiens » ont un lourd passif avec le Sud (Red Wedding, les Bolton installés comme gouverneurs du Nord par les Lannister…) donc se retrouver frustrés de leur vengeance devait leur peser, héhé!!
Jon Snow, je le vois comme l’autre versant de la pensée américaine, le côté non-interventionniste, qui ne rentre dans les conflits qu’à reculons et qui préfère inspirer les autres par ce qu’il est plutôt que d’imposer sa conception des choses (et du coup, ce n’est pas sur lui que je mise pour monter sur le trône car je pense que tous le show s’est construit sur une destruction des différentes pensées politiques existantes ou tout du moins une déconstruction).
Selon si l’on se place du côté de Jon ou de Dany, le Night King pouvait être 2 choses.
Dans la vision du « nordien », le NK renvoie au Nazisme, une force de mort irrépressible, une « industrie de la mort » même et nécessitant de mettre de côté les différents pour le vaincre.
Dans la perspective de la Kalheesi, le NK renvoie plutôt à « l’horrible » régime communiste, une force aussi puissante qu’elle où tous sont égaux (les morts vivants) sous l’égide d’un leader. Un force qui réussit même à venir jouer sur son terrain (si on considère que les dragons sont la puissance de feu américaine et plus particulièrement nucléaire) mais qui finalement s’écroule un jour avec une facilité déconcertante (même si faire d’Arya, la fille entrainée dans une secte vénérant la mort, celle qui tue la Mort était très malin).
Du coup, le jour où Daenerys reste la seule superpuissance en place et lorsqu’elle réalise que le reste du monde ne veut peut-être pas la suivre dans sa vision et la voit comme un oppresseur étranger… ben, le masque tombe, le mauvais côté de la Destinée Manifeste avance sans fard… parce que bon, si on refait son parcours depuis la 1ère saison, Daenerys n’a pas toujours été si sympathique que ça et plusieurs de ses tirades et actes font froid dans le dos.
L’astuce des scénaristes fut finalement d’avoir toujours placé ces moments face à de plus salauds qu’elle donc le spectateur prenait toujours son parti… du coup, ce sens de la manipulation peut expliquer une partie du rejet très violent de cet épisode 5 par certains spectateurs.
Les gens n’aiment pas qu’on leur jette violemment une vérité dérangeante à la figure du style « tu vois, l’héroïne que tu aimes tant? En fait, elle est aussi pourrie que les autres ».
Je n’avais pas lu certaines réactions de rejet aussi violentes depuis la scène de l’Architecte dans Matrix Reloaded. C’est fascinant et interroge beaucoup sur nos attentes en tant que spectateur.

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