La question se pose : un film avec Will Ferrell peut-il être mauvais ? J’ai vu la semaine dernière le très étrange « Tim and Eric’s Billion Dollar Movie », dans lequel il fait une brève mais mémorable apparition, du coup j’aurais tendance à dire : non ce n’est pas possible. Bien sûr, le bougre n’a pas joué que dans des chefs-d’oeuvre, hein. Mais quelle filmo hilarante, quand même…
On ne tutoie pas ici les sommets atteints par les bijoux signés Adam McKay, ni même le niveau d’une excellente et solide pochade comme « Les Rois du Patin ». Le principal problème, ce sont les numéros de Kevin Hart, inégaux comme c’est pas permis. Pour ceux qui le remettraient pas, c’est le side-kick du Noir bien gaillard qui jouait dans les « Scary Movie » 3 et 4 (ouais, je sais, c’est pas ce qui claque le plus dans une filmo (alors que c’est très bien !!)).
Il est marrant un coup sur deux (voire moins), forcément ça plombe.
Mais alors, quand ce surhomme du rire qu’est Will Ferrell apparaît à l’écran, dans un de ses rôles de benêt attachant et complètement à côté de la plaque, quelle poilade…
Ce que fait cet acteur est indescriptible ; peu spectaculaire (c’est un peu l’anti-Jim Carrey de ce point de vue), il fait rire sur la base de quelques expressions et d’un sens du tempo comique hors-normes. Les moments de bravoure du film (et il y en a quelques-uns quand même) sont évidemment à mettre à son crédit.
Il faut dire que le pitch prête à bien des « écarts de conduite » : parce que Kevin Hart est noir, le perso de Will Ferrell est persuadé qu’il a forcément fait de la prison, et qu’il fera un bon coach pour le préparer à sa propre incarcération. Usage à foison des clichés les plus éculés sur les prisons et blagues salaces à l’appui, le film déroule un programme éducatif des plus réjouissants, où le yuppie chiffe molle incarné par Will Ferrell devient un « tough guy » capable d’en remontrer à n’importe quel détenu pour longue peine (n’essayez de lui piquer sa bouffe quand il mange, par exemple, technique bien rodée à l’appui).
Des exemples de poilade insensée ? Oh, il y a bien sûr les séquences de capoeira qui valent à elles seules la vision du film (c’est le versant humour slapstick), et aussi une séquence homo-érotique dans les toilettes d’un bar ; pour profiter pleinement de cette séquence à déféquer de rire, il faut impérativement voir le film en version « uncut », je le précise…
Il y a bien d’autres moments d’anthologie, comme la tête de « mad dog » enragé de Ferrell, j’en passe et des meilleurs. Reste ce rythme un peu boîteux, et le manque de « profondeur » réelle du film (même si une certaine noirceur vient parfois poindre le bout de son nez, conférant de nouveaux niveaux de lecture au film) qui viennent un peu gâcher la fête, mais bon… On se marre bien quand même.
Petit bonus pour les érotomanes nostalgiques de l’excellente série « Community » : la torride et faussement ingénue Alison Brie (alias l’inoubliable Annie Edison dans le titre sus-nommé) apparaît ici en fiancée peste comme c’est pas possible de Ferrell. Une chouette idée de casting, vu qu’elle est très drôle comme d’hab’ même si on la voit peu ici…