Alors c’est vrai que c’est pas terrible, mais bizarrement, n’en attendant pas grand-chose, je trouve ça meilleur que le premier.
Peut-être parce que c’est moins long, moins lent à se mettre en place, tout ça.
Le principe de filmage qui consiste à constamment faire bouger la caméra (ce qui permet de masquer, un tout petit peu, qu’il n’y a pas de pognon…) est aussi lassant et vomitif que l’option « montagnes russes » de Crank, mais bon, c’est leur marque de fabrique, aux deux rigolos, ça serait dommage de leur confier un motard infernal pour ne pas profiter de leur savoir-faire.
Je trouve les apparitions du héros assez classe, j’aime bien le côté « je me fais craquer le cou avant de commencer à faire le ménage », j’aime bien la représentation en général, j’aime bien les chaînes, j’aime même beaucoup l’idée que le Rider peut passer ses pouvoirs à n’importe quel véhicule (en l’occurrence, une espèce d’excavatrice de mine et un camion).
Je regrette que le Rider ne dise quasiment rien. C’est un truc que j’aime bien dans les BD, ce côté donneur de leçon qui me semble plus présent dans le précédent film. Mais j’aime bien les bruits animaux qui précèdent ses apparitions.
Autre idée que j’aime bien, celle du manque. Celle du héros drogué par son alter-ego, qui n’a pas conscience de ce que le Rider fait, mais qui se retrouve en situation de désirer la métamorphose. Se cacher dans le noir, c’est une référence aux vampires, bien évidemment, mais aussi à la déchéance physique et à l’éloignement social du toxicomane. Le premier changement à moto est assez jékyllien, et renoue avec l’idée du double tentateur. C’est pas mal, même si c’est un peu une redite du personnage drogué à l’adrénaline de Crank.
Y a même des répliques qui me font rire :
"*- C’est mon fils.
- Je sais. Mais c’est pas le mien.*"
Le coup du « Tu n’as qu’à imaginer un lance-flammes » m’a aussi beaucoup fait rire. C’est mauvais esprit et potache, du pipi-caca de cour de récréation, mais ça fonctionne.
Là où ça se gâte, c’est à partir du moment où un nouveau vilain (le Blackout version Mackie, revisité ici…) est créé. À partir de là, ils retombent précisément dans les mêmes travers que le film précédent : un méchant ridicule manipulé à distance et peu convaincant, des flash-back pour expliquer (avec souvent un humour potache qui allège le truc, mais quand même), des motivations définies de travers…
C’est d’ailleurs à ce moment que le film perd son rythme et commence à marquer le pas. Malgré une redéfinition des enjeux plus claire (bon, super basique, très The Omen, quoi).
D’ailleurs, le film s’offre quelques plans citations. Outre l’ambiance du film démoniaque de Richard Donner, y a une poursuite finale assez servilement mad-maxienne, ainsi qu’une citation directe de L’Antre de la Folie de Carpenter. Ça n’arrange pas le film, ça ne le nimbe d’aucune aura particulière, ça ne fait que renforcer la potacherie en appuyant son caractère de film de fanboy, mais bon, c’est plutôt des références de premier ordre, au moins.
Bon, dans l’ensemble, c’est moins la catastrophe que ce que je croyais. Et personnellement, l’esthétique « entrepôt de l’est délabré », ça ne me dérange pas réellement. Ni les cabotinages de Cage (ou d’autres).
Ma foi, c’est seulement une version crankienne du personnage (avec son rythme survolté, sa voix off…), ni plus ni moins, qui peine dans sa deuxième moitié à retrouver l’énergie turbulente de la première… Il faut attendre une heure et quart avant que la caméra ne rejoue la danse de saint-gui. C’est d’ailleurs étrange : soit la caméra tressaute, souffrant de démangeaisons aiguës, soit elle demeure plan-plan, filmant les personnages avec une platitude de sitcom.
Mais l’un dans l’autre, après le film précédent qui hésitait entre plusieurs genres sans savoir développer de méchants ni de suspense, et après les ratages catastrophiques que furent un Daredevil, un Elektra, un Catwoman, ce Ghost Rider me semble quand même un poil moins catastrophique.
Et grand mérite, ça fait moins d’une heure et demi.
Ça ne mérite pas une vision en salle, ni l’achat du DVD, mais bon, un passage télé, sans problème.
Jim