À l’occasion de ce diptyque (qui m’a permis d’identifier son nom et son travail), Mikaël nous entraîne dans une plongée au cœur l’histoire de l’Amérique urbaine.
Il situe son intrigue dans le milieu des ouvriers du bâtiment, qui participe à l’édification des gratte-ciel de New York, ville où les promoteurs et les milliardaires se livrent à une course effrénée en vue d’atteindre les sommets, les plus grandes hauteurs techniquement possible, les records.
Jack « Giant » Jordan est le surnom d’un ouvrier taiseux qui met de côté son maigre salaire, sur un chantier où la légende veut qu’il y ait un mort par étage. Mais un jour, justement, l’un de ses camarades, irlandais de naissance, meurt. Il se retrouve en charge des affaires du défunt et a la malencontreuse idée d’envoyer un courrier, lesté d’une belle somme d’argent, à l’épouse de ce dernier, encore restée au pays, en se faisant passer pour lui. Bien sûr, la veuve qui s’ignore lui répond. Giant s’enferre alors dans les mensonges…
Sur ce postulat simple mais surprenant (on se serait plutôt attendu à un récit plus musclé peuplé de voyous et de gangsters), Mikaël parvient à trousser une histoire pleine de pathos mais exempte de niaiserie. C’est là le pari risqué de son entreprise, et c’est là où, justement, il relève parfaitement son défi, ne tombant jamais dans le sirupeux et le gentillet.
Si l’on sent son personnage central sensible et fragile derrière son allure de fort des halles, l’auteur parvient à le rendre attachant sans jamais le diminuer.
Rajoutons à cela des décors hallucinants, un découpage efficace qui donne la part belle aux grandes cases d’action et aux gros plans expressifs, et l’on obtient un diptyque qui compte parmi les grandes surprises franco-belges de ces dernières années, et qui confirme un auteur talentueux.
Jim