GIANT t.1-2 (Mikaël)

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New York, 1932. Malgré la grande dépression qui frappe durement l’Amérique, les buildings s’élèvent toujours plus haut dans le ciel de Manhattan et les chantiers prolifèrent. C’est là que travaille Giant, un homme taciturne à la carrure imposante. Ses collègues le chargent d’avertir la famille d’un compatriote irlandais du décès accidentel de celui-ci. Mais, dissimulant la triste vérité, le mystérieux colosse envoie une belle somme d’argent à Mary Ann, la jeune veuve, ainsi qu’une lettre dactylographiée qui pourrait être de son mari… Elle lui répond et commence alors une correspondance régulière, sans que Giant dissipe le mensonge.

Album: 64 pages
Editeur : Dargaud (2 juin 2017)
Collection : Giant
Langue : Français
ISBN-10: 2505066094
ISBN-13: 978-2505066095

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New York, début des années 1930. Nous retrouvons Giant, ce mystérieux colosse irlandais qui, avec ses compatriotes immigrés, sue sang et eau à construire des gratte-ciel. Depuis un moment, il ne reçoit plus de réponse aux lettres dactylographiées qu’il continue à envoyer, ainsi que de l’argent, de l’autre côté de l’océan, à Mary Ann, l’épouse d’un de ses collègues décédé accidentellement. Giant, qui semble n’avoir peur de rien, n’a toujours pas trouvé le courage de révéler à la jeune femme qu’elle est veuve… Que signifie le silence de cette dernière ?.. Que se passerait-il si elle avait pris la route du Nouveau Monde pour rejoindre son mari ?

Album: 56 pages
Editeur : Dargaud (19 janvier 2018)
Collection : Giant
Langue : Français
ISBN-10: 9782505069539
ISBN-13: 978-2505069539
ASIN: 2505069530

Autodidacte, le franco-canadien Mikaël oeuvre dans le milieu de la bande dessinée depuis 2001. Il publie plusieurs récits jeunesses dont il signe à la fois le scénario, le dessin et la couleur. Avec un style graphique reconnaissable, tout en couleur et en douceur, il réalise également divers illustrations d’albums pour enfants. Il a reçu en 2010 la mention spéciale du jury jeunesse du Prix d’Ouessant en France pour Félice et le Flamboyant Bleu (éd. PLB), et à deux reprises en 2015 et 2016 le Grand prix de la ville de Québec au Canada, respectivement pour Promise, tome 2 : L’Homme-Souffrance et Promise, tome 3 : Incubus (éd. Glénat). Depuis 2006, il travaille sur des récits adultes aux graphismes plus réalistes, en collaboration sur certains projets avec d’autres scénaristes et dessinateurs. 2017, Mikaël ouvre une nouvelle série en diptyque dans le New York des années 30 dont Giant est le premier titre.

Très chouette diptyque que ce Giant, qui évoque l’Amérique frappée par la crise, avec ses cortèges de chômeurs prêts à risquer leur vie pour un dollar et demi par semaine.
Ainsi que l’explique Jean-Louis Tripp dans sa préface, c’est la fameuse photo montrant les ouvriers juchés sur une poutrelle qui a enclenché l’imagination de l’auteur, le conduisant à raconter une histoire sur cette caste d’équilibristes. Le cliché lui-même a été attribué à plusieurs photographes sans qu’il soit, pendant longtemps, possible d’en vérifier la source (et même encore aujourd’hui, avec différents documentaires, c’est pas sûr), et l’identité des ouvriers demeure un mystère pour la plupart d’entre eux.

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Mikael part du principe que ce sont tous des Américains « récents », des immigrés (en l’occurrence Irlandais) qui envoient une partie de leur maigre salaire au pays, afin de nourrir la famille restée sur place à affronter les difficultés locales. Le parallèle avec des sujets d’actualité est évident, mais le dessin de l’auteur, privilégiant les grandes cases de décor ouvertes sur le vide ou les descriptions sombres des ruelles encombrées de taudis, parvient à convoquer tout un imaginaire américain de ces noires années. C’est donc à la fois très actuel et très dépaysant.

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Là-dessus, il brode une histoire pleine de bons sentiments, mais pas mièvre, où les personnages sortent grandis de leurs erreurs, de leurs lâchetés, de leurs mensonges. C’est plutôt bien vu et très humain. Les dialogues, dans l’ensemble, sont vivants et naturels, même si le tome 2 aligne quelques bulles un peu ampoulées, pas tout à fait spontanées. Mais c’est un menu détail, dans le sens où le récit est fluide, les personnages crédibles et la narration impeccable.
L’auteur recourt d’ailleurs à un bullage assez subtil : ses phylactères forment une sorte de reptile serpentant sur l’ensemble des cases et guidant parfaitement l’œil. Sur quelques planches du début, ça peut s’avérer surprenant, mais dans l’ensemble, c’est très bien joué, et ça participe à l’aisance de la lecture.

Vraiment, un très chouette récit, qu’il convient de ne pas rater. C’est optimiste et au final très souriant, malgré la dureté du propos et du contexte.

Jim

Le célèbre cliché, et la réalité qui se cache derrière, a fait l’objet d’un documentaire, Men at Lunch, dont vous pouvez trouver la bande-annonce ici :

Fouiner juste un peu plus, et vous le trouverez en entier, mais je ne vous ai rien dit.
Il paraît qu’il existe une version française du documentaire (sous le titre, apparemment, de « Déjeuner en haut d’un gratte-ciel ») mais je ne l’ai pas encore déniché.

Jim

Les dessins ont l’air terrible (j’adore les couv’ en tout cas)

C’est de la bonne came.
C’est marrant d’ailleurs, parce que, à la fin, il y a un « cahier graphique », et donc on voit des crayonnés, des recherches de personnages. Et, chose rare, ses dessins finis sont plus intéressants que ses crayonnés spontanés. Il y a vraiment un truc en plus dans les planches.
Et certaines d’entre elles sont vraiment épatantes.

Jim

ouep une bonne série.

À l’occasion de ce diptyque (qui m’a permis d’identifier son nom et son travail), Mikaël nous entraîne dans une plongée au cœur l’histoire de l’Amérique urbaine.

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Il situe son intrigue dans le milieu des ouvriers du bâtiment, qui participe à l’édification des gratte-ciel de New York, ville où les promoteurs et les milliardaires se livrent à une course effrénée en vue d’atteindre les sommets, les plus grandes hauteurs techniquement possible, les records.

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Jack « Giant » Jordan est le surnom d’un ouvrier taiseux qui met de côté son maigre salaire, sur un chantier où la légende veut qu’il y ait un mort par étage. Mais un jour, justement, l’un de ses camarades, irlandais de naissance, meurt. Il se retrouve en charge des affaires du défunt et a la malencontreuse idée d’envoyer un courrier, lesté d’une belle somme d’argent, à l’épouse de ce dernier, encore restée au pays, en se faisant passer pour lui. Bien sûr, la veuve qui s’ignore lui répond. Giant s’enferre alors dans les mensonges…

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Sur ce postulat simple mais surprenant (on se serait plutôt attendu à un récit plus musclé peuplé de voyous et de gangsters), Mikaël parvient à trousser une histoire pleine de pathos mais exempte de niaiserie. C’est là le pari risqué de son entreprise, et c’est là où, justement, il relève parfaitement son défi, ne tombant jamais dans le sirupeux et le gentillet.

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Si l’on sent son personnage central sensible et fragile derrière son allure de fort des halles, l’auteur parvient à le rendre attachant sans jamais le diminuer.

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Rajoutons à cela des décors hallucinants, un découpage efficace qui donne la part belle aux grandes cases d’action et aux gros plans expressifs, et l’on obtient un diptyque qui compte parmi les grandes surprises franco-belges de ces dernières années, et qui confirme un auteur talentueux.

Jim

Hum … ça ne fait deux fois que tu nous en parles, dans le même sujet, en plus ?

En fait, je suis retombé sur un sujet ouvert, où tous les liens avaient sauté. J’ai donc répondu, en m’étonnant de ne pas retrouver mes commentaires. Et puis paf, je retombe sur le sujet que j’avais créé… En fait, un des sujets avec un tréma et pas l’autre, et quand j’ai créé ce deuxième sujet, je n’ai pas eu d’alerte notifiant l’existence du premier. Comme je n’aime pas jeter, j’ai copié-collé mon récent commentaire ici, puis supprimé l’autre sujet.
:wink:
Mais ça n’a pas échappé à ton œil vigilant.
:wink:

Jim

Les images me parlaient … je n’ai fait que remonter !