Discutez de Gothic
Un chanteur compositeur disparaît. La police londonienne est à la poursuite d’un mystérieux assassin frappant les quartiers résidentielle. Et le légiste se retrouve avec le corps momifié d’une vedette âgée de vingt-six ans. Enfin, un peintre fait la rencontre d’une énigmatique femme brune qui s’avère n’être autre que Lilith, la première femme d’Adam, la première succube.
Comme parfois chez Rodolphe, l’intrigue est emplie de référence et s’inscrit dans un genre, afin d’appuyer l’hommage. Ici, on nage dans le « gothique », cette sensibilité horrifique issue de l’Angleterre victorienne. Le titre de la série (entamée au téméraire avant d’être reprise par Delcourt) est emprunté à l’œuvre théâtrale que le chanteur et le peintre mettent sur pied au début de la saga, qui compte cinq tomes.
Le dessin de Marcelé, réaliste, vivant, et déployant ici un encrage griffonneux, peut paraître un peu rebutant au premier abord, mais il séduit bien vite, et donne du corps à l’atmosphère pesante voulue par le scénariste. Le récit avance lentement, privilégiant la montée de la tension, qui joue notamment sur la collision entre des thèmes et des figures d’une époque passée, et un décor contemporain : une modernisation élégante.
Jim
Diable diable, je m’aperçois que je n’ai que les trois premiers.
Alors que le troisième propose un virage drastique : alors qu’on suivait, dans les deux premiers chapitres, notre héros peintre manipulé par la succube, on le retrouve dans un hôpital au début du troisième, alors que sa compagne a disparu et que personne ne semble savoir qui elle est.
Rodolphe parvient à changer de registre, passant de l’horreur au thriller, tout en laissant planer un doute mythologique (ou religieux) grâce au déluge inquiétant qui constitue le fond du récit.
Vite, il faut que je trouve la suite.
Jim
J’ai déniché le tome 4.
Le scénario est habilement troussé, dans le sens où il déjoue pas mal d’attentes. Si les deux premiers tomes s’organisaient autour de la figure de Lilith (rebaptisée Leigh), le troisième marquait un tournant, puisque cette femme disparaissait, laissant le héros, son amant, sans information, mais visiblement traqué par une organisation obscure, lorgnant vers la secte.
Ici, il trouve deux alliés, une maîtresse précédemment éconduite et un curé qui pourrait très bien sortir d’une BD de Frank Miller, tant il affectionne la castagne et les armes à feu. L’artiste peintre continue à enquêter, mais il est perdu. Le prêtre, quant à lui, retrouve la trace de Lilith, et les deux parcours, en parallèle, brossent le portrait d’une secte dont les différentes apparitions renforcent la dimension surnaturelle du récit. Les références (à Lovecraft, mais pas seulement, comme en témoigne le titre) sont nombreuses, mais laissent respirer l’action.
Château abandonné, hommes animaux, possession d’esprit, complot à rallonge et déluge, voilà le menu de ce tome, qui annonce une fin (enfin, j’espère) intéressante. Reste plus qu’à trouver le tome 5.
Jim