GRANT MORRISON PRÉSENTE BATMAN t.0-8 (Morrison / collectif) + INTÉGRALE

ca montre aussi que la figure du super héros est une figure plus ou moins enfantine, dans le sens de personne qui reste bloqué à un deuil antérieur, et que ceux qui grandissent et qui changent, gèrent les affaires courantes (celles qui font la matière des super héros) de façon professionnelle et adultes.

business as usual.

dans final crisis comme dans batman inc, les enfants collectivisés sont un danger. Que dire de ce thème récurant ?

Au 19ème siècle, le crime par excellence était le parricide. Pour se rendre compte de l’effet qu’un tel crime faisait sur la société, il faut penser aujourd’hui à l’effet que fait la mention de la pédophilie.

Si le père par le passé incarnait l’institution qu’est la famille, force est aujourd’hui de constater que c’est l’enfant qui fait la famille : mono parentale, famille homosexuelle, famille recomposée.

edit

L’institution a changé d’incarnation, le leviathan dont le philosophe hobbs fait le titre de son ouvrage sur le contrat social, peut représenter la multitude monstrueuse de l’uniformisation des hommes, morrison acte qu’aujourd’hui le point d’angoisse de la multitude s’incarne dans la figure de l’enfant.

en tout cas aussi lobotomisé que soit les momes, voir les flic de gotham tirer a balle réelle dessus ça aussi j’ai trouvé ca too much ^^ :arrow_right:

Je pense que c’est le but.

C’est à la fois tragique(ils tuent des gosses),désespéré(Gordon et ses flics ont-ils le choix,vu que ce sont des tueurs fanatiques lobotomisés)et absurde(le grand policier de Gotham qui se retrouvent à taper des enfants)…

C’est aussi à la confluence de deux thèmes majeurs, le thème morrisonien de la famille (et de l’héritage) porté par le personnage de Damian (et là, ça alimente les deux autres thèmes que sont la duplication de l’original, Damian adulte étant une copie du Batman d’origine, et la mythification du héros et son impact sur l’imaginaire) et le thème batmanien de l’enfant guerrier (Bruce Wayne enfant jurant de faire la guerre au criminel, Bruce Wayne adulte recrutant des enfants dans sa croisade).
D’ailleurs, le thème de l’enfance exploitée revient fréquemment dans les récits de Batman, souvent à l’occasion de modernisation de récits romanesque du XIXe siècle : le gamin otarie d’un épisode de O’Neil et Adams, c’est un peu une manière de revisiter Sans Famille. Et les récits où des enfants sont recrutés pour devenir voleurs ou assassins, genre l’école de Shrike dans Robin Year One, c’est des avatars d’Oliver Twist.
Batman s’inscrit dans une univers urbain somme toute assez dix-neuvièmiste, et se réapproprie des figures éprouvées.
Morrison, lui, pousse le raisonnement plus loin en réfléchissant à l’enfant soldat (les gamins hypnotisés, les clones de Damian, mais tout simplement aussi les Robin et Batman lui-même). L’enfant soldat, c’est la figure centrale de Batwing, aussi (voire du Nightrunner, dans une moindre mesure).
Et comme souvent chez Morrison, c’est d’autant plus pertinent que ça prend racine dans un univers prédisposé à accueillir l’idée.

Jim

l’image des enfants aux regards dépersonnalisés me rappellent également une image de film américain dont le nom m’échappe, tout comme m’échappe si dans l’affiche du film c’est un unique enfant ou une masse qui etait ainsi représenté.

Mais je suis sur que vous saurez trouver de quel film je parle.

Je me demande si la figure de l’enfant démoniaque est ancienne ? J’aurais tendance à supposer que non, puisque précisément pour être possiblement élevé au rang démoniaque ne faut il pas que l’enfant occupe une place symbolique centrale dans ce qui fait institution, lien social etc.

Je pense que tu fais référence au « Village des Damnés », un film anglais de 1960 adapté d’un roman de John Wyndham (« Children of the Damned », je crois mais je n’en jurerais pas…c’est aussi un morceau d’Iron Maiden !!), et remaké en 1995 par John Carpenter en personne.

La figure de l’enfant démoniaque remonte peut-être aux superstitions concernant des naissances « suspectes » aux yeux d’esprits peu férus de rationalisme à l’antiquité ou au Moyen-âge, par exemple, comme les naissances de jumeaux…

oui c’est ça le village des damnés !

C’est bien comme film ?

Tu fais bien.
Le titre VO, c’est The Midwich Cuckoos.
Récemment réédité (et retraduit, je crois), chez Denoël / Lune d’Encre.
Et là où c’est intéressant, c’est quand on songe que The Midwich Cuckoos de Wyndham est, avec The Stepford Wives d’Ira Levin, l’une des deux références des « enfants diaboliques » apparues dans les New X-Men de Morrison, et que ce dernier a baptisées les… Stepford Cuckoos.

Oui.
Les deux versions.

Jim

Je confirme.

Les Stepford Cuckoos !!! Bon sang mais c’est bien sûr…

J’ai fait le rapprochement il y a genre deux ans, en cherchant je sais plus quoi… Et je me suis frappé le front avec la même expression, je dois l’avouer !

Jim

Nom d’un cookie ! Voilà un éclairage fort intéressant !

Je reviens sur cette connerie mais, pour ceux qui seraient intéressés, il y a un chouette article sur les personnages dans le dernier Kaboom (qui trônait depuis un moment sur ma pile et que j’ai bien entamé aujourd’hui).

La critique par Blackiruah est disponible sur le site!

Lire la critique sur Comics Sanctuary

Vous vous rappelez quand je disais que Grant Morrison intégrait des éléments de Wold Newton…

Regardez;cet "article"reprend les éléments de la BD sur Barbatos et rajoute un Thomas Wayne qui n’y figure pas.
pjfarmer.com/chronicles/gotham.htm

Hors,Morrison a révélé que Simon Hurt était en fait…Ce Thomas Wayne.

Oui, je l’ai enfin lu récemment et je partage cet avis. J’aime beaucoup les dessins de Klaus Janson, et ce depuis longtemps maintenant. Ce n’est peut-être pas un artiste qui en met plein la vue selon les « codes actuels » (coucou, Blacki), mais c’est un sacré raconteur d’histoires et un façonneur d’ambiances hors-pair. Et c’est un style parfait pour cette histoire très sombre dans laquelle Morrison plantait déjà les graines de son futur travail sur le personnage. Du très bon, quoi…

Oui, évidemment assez d’accord pour Janson.
Le trop rare Lee Weeks me fait penser à ce genre d’artiste !

C’est lui qui m’a remis à la lecture de Morrison, avec ses chroniques, faut dire. Cet homme est dangereux.

Non, c’est pas ça.
C’est la construction tordue chez DC.
De mémoire, le tome 4 rassemble quatre épisodes connectés à Final Crisis, les 682-683 (je crois) puis 701-702. Alors je sais plus trop comment ça s’articule, mais en gros, ces épisodes éclairent ce qui a été raconté « avant ».
Alors je suis chicaneur, mais pour moi, c’est un aveu d’échec : si l’on doit revenir sur ce qui a été raconté dans le but de l’éclairer, c’est que ça a été mal raconté, point.
Toute cette partie, je dois avouer que je ne l’aime pas. De même que je n’aime pas la partie avec Dick et Damian, notamment à cause des vilains, que je déteste (le Professor Pyg, pouah). Donc entre une partie que je ne comprends pas et une partie que je déteste, le « milieu » de son run m’est vraiment pénible à lire.

Jim

Je mets un demi-bémol à ton bémol. Il y a deux épisodes sur les quatre que tu cites dans le T.4 qui sont liés à Final Crisis, les deux autres sont indépendants, un double-numéro anniversaire ou quelque chose du genre (de mémoire) avec un whodunnit éclaté sur trois époques (et trois Batman différents, Bruce, Dick et Damian adulte) par le biais de la machine temporelle de Carter Nichols. Reste que même en enlevant le T.4 de l’équation, ça place bien Final Crisis entre le premier et le deuxième tiers du run voire même un peu avant.

Ensuite, oui, du point de vue du lecteur il est sûr que l’idéal aurait été qu’Urban publie carrément un volume Final Crisis dès ce moment-là. D’autres facteurs, j’imagine bien, ont fait que ça n’a pas été le cas et donc il a fallu jongler. Mais bon, d’une part c’est pas la faute de Morrison, et d’autre part je ne trouve pas qu’Urban s’en soit sorti si mal pour articuler les choses.

C’est ce que je dis depuis le début : je ne comprenais rien dans la version Panini, et j’ai commencé à comprendre dans celle d’Urban.
N’en demeure pas moins que l’irruption de Final Crisis dans la saga Batman rend celle-ci compliquée, inutilement selon moi. T’ai-je dit aussi que je trouvais Return of Bruce Wayne assez vide ? J’imagine qu’il va falloir attendre encore dix ans pour que je commence à l’apprécier ?

Jim