Le chevalier d’émeraude est le nouveau personnage mis en avant pour ses 80 ans, après Catwoman (et un numéro fort moyen) et le Joker (que je n’ai pas encore eu le courage de lire). Voyons ce que ça donne, pour des histoires non pas concentrées sur un personnage, mais une lignée.
James Tynion IV et Gary Frank commencent avec Alan Scott. Deux auteurs si talentueux sur un personnage trop rare ces dernières années, ça ne pouvait pas ne pas fonctionner. Bien que le duo soit relativement « timide » dans sa description des pouvoirs d’Alan, la petite histoire permet de caractériser le personnage et les responsabilités qui le caractérisent. C’est simple, c’est bien, c’est fort, ça tape juste et ça a du sens, en plus d’être fort joliment dessiné. Xavier Fournier dit que ça ferait un bel épilogue à Doomsday Clock, il n’a pas tort.
Geoff Johns et Ivan Reis retrouvent Hal Jordan pour un fort beau moment. Au-delà de la beauté graphique d’un Reis qui prend grand plaisir à retrouver Green Lantern, le scénario revient sur la psychologie du personnage avec trois messages de « testament », lui qui se pense perdu dans l’espace après un crash. Le message au Corps est simple mais juste, le message à Carol est prévisible mais efficace, mais le message à Batman m’a surpris par son principe et sa justesse. Evidemment, le twist final est fort sympathique et fait sourire. Un retour réussi pour le duo, qui brille encore sur le personnage.
Cullen et Doug Mahnke retrouvent aussi Sinestro, dans un récit simple mais efficace. Le rappel de l’historique est bon, le choix final est peut-être un peu trop sec, mais ça fonctionne bien et ça a du sens. Mahnke se donne de la peine, ça rend la lecture très agréable. Oubliable mais très correct.
Moment d’émotion avec Denny O’Neill, récemment décédé, et Mike Grell pour le retour de Green Arrow & Green Lantern. Le scénariste prouve qu’il est meilleur que beaucoup de ses camarades âgés avec un récit simple mais efficace, sur des personnages maîtrisés qui tentent de trouver un peu de sagesse en se retirant du monde. Je ne connais pas le livre évoqué, mais ce petit récit simple est juste et bon. Grell illustre efficacement tout ça. Une réussite qui pince au coeur, après le départ récent du scénariste.
Ron Marz retrouve Kyle Rayner avec Darryl Banks. Une petite tranche de vie du personnage, avec un rappel légitime de son rôle dans la reconstruction du Corps après Emerald Dawn. Simple mais juste, je n’en demande pas plus. Banks illustre ça joliment, j’aime bien.
Nouveau retour avec Peter J. Tomasi et Fernando Pasarin sur le Green Lantern Corps, notamment Guy Gardner et Kilowog. Que dire ? Le scénariste maîtrise parfaitement ces personnages, ses personnages, et tout fonctionne. C’est simple mais juste, émouvant pour le final qui révèle la mauvaise humeur de Kilowog. Gardner est parfait, c’est touchant et beau. Pasarin illustre ça idéalement, avec des planches jolies et détaillées. Parfait.
Charlotte (Fullerton) McDuffie et ChrisCross livrent un récit très simple sur John Stewart et Hawkgirl, mais qui résonne fort quand il est dédié au regretté Dwayne McDuffie. L’histoire n’apporte rien, mais il est plaisant de retrouver le flirt John/Hawkgirl, en référence à la série animée du DCAU. C’est joliment dessiné, et c’est un bel hommage, bien qu’un peu creux.
Robert Venditti et Rafa Sandoval reviennent aussi, pour un récit où les versions âgées de Hal, John et Kyle attendent Guy pour un verre de l’amitié, pour se rappeler leurs souvenirs communs. Notamment autour de ce damné Guy, toujours en retard, toujours capable des pires bêtises, mais toujours là. Avec un final terrible qui explique son retard. C’est beau, puissant, touchant, émouvant, ça m’a pris. Et c’est très bien dessiné. Terriblement parfait.
Mariko Tamaki et Mirka Andolfo livrent un récit pertinent sur Jessica Cruz, qu’ils définissent bien via son agoraphobie et ses troubles. Le personnage a évolué ces dernières années, mais Dan Abnett ne traite pas assez cet aspect dans Justice League Odyssey. Tamaki gère bien, ici, Jessica est touchante et l’intrigue est simple mais bonne. Andolfo a un trait qui convient bien, joli mais sans trop briller.
Sina Grace et Ramon Villalobos finalisent l’ensemble avec un récit pertinent sur Simon Baz qui empêche une attaque xénophobe contre la communauté musulmane de Detroit. Bon, le discours est simple, mais sonne juste. Villalobos a un style qui ne m’emballe pas, mais ça fonctionne.
Un numéro riche et intense, donc. Très réussi, notamment avec des retours pertinents et inspirés, et de très jolis moments.
De beaux graphismes, des histoires simples mais souvent touchantes, aucun échec. Bigre, quel plaisir d’avoir lu ça !