En ces temps troublés où résonnent le fracas des épées et le choc des boucliers, vivent les seigneurs vikings, guerriers nés pour les pillages, rapines et autres mises à sac. Ces écumeurs des mers règnent en maîtres sur une Europe en perdition, qu’ils contrôlent d’une main de fer. Mais pour avoir le privilège de prendre part à ces faits d’armes légendaires, ils doivent d’abord faire face à de redoutables adversaires, des opposants dignes de leurs plus grands ennemis, des concurrents qui ne reculent devant rien pour parvenir à leurs fins : leurs épouses. Car les invasions barbares sont bien loin d’être le pire fléau qui soit quand on doit gérer les tâches ménagères et s’occuper de l’éducation des enfants. Hagar en sait quelque chose, et sa femme Hildegarde compte bien le lui rappeler autant que possible…
Hägar Dunor n’aura de cesse de poursuivre sa quête épique. Par monts et par vaux, par mer comme sur terre, de plaines en vallées, il… « Hägar, c’est vous qui avez mon peigne et ma brosse ? » Armé de sa fidèle épée et accompagné d’Eddie, son bras droit de toujours, le viking le plus craint d’Europe, le plus sanguinaire, le plus… « Je n’ai rien dit, je les ai trouvés ! » L’écumeur de mer aux mille et une histoires a encore frappé, il a… « bientôt fini ? Je vous rappelle que vous devez sortir les poubelles ! »
C’est toujours aussi bien, mais toujours avec le même reproche : des traductions littérales qui font perdre des jeux sur les mots, sans note du traducteur.
Des gags sont complètements perdus, le strip n’a plus aucun sens.
Bon, ça n’est pas l’essentiel des strips, mais c’est assez frustrant.
J’ai quelques pages d’Hägar Dünor qui sont de pleines pages en couleurs. Je ne sais pas si ce sont des planches du dimanche ou des formats publiés différemment, hors presse. En tout cas, elles ne semblent pas être dans cette intégrale.
Bon, je me suis fait ça tranquillou cette semaine, et je me demande bien comment j’ai pu aimé ça étant jeune (parce que c’est une vraie madeleine de Proust), parce qu’il y a quand même des blagues assez adultes, je trouve (non pas qu’elles soient salaces ou autre … c’est que je pense qu’il y a des blagues de vie d’adulte).
Sur les bémols, je dirais en effet que la traduction me semble par moment sûrement un peu littérale parce que je n’ai pas compris du tout où était la blague (on sent le jeu de mot un peu raté par le lecteur … mais le lecteur il a relu au moins 3 fois, et ça n’a pas fait tilt).
Manesse avait dit à propos de son travail sur B.C. chez Panini « Il y a aussi le fait que je me pose moins de questions sur une phrase qui n’en vaut pas forcément la peine. Pour B.C. de Johnny Hart, ça a même été au-delà. Il y avait carrément des blagues intraduisibles. L’humour de certains strips était littéralement impossible à préserver en VF. Alors pour certaines bandes, j’ai décidé d’ignorer ce qu’il y avait dans les bulles et j’ai observé les dessins en me disant « qu’est-ce que je peux faire comme blague avec ça ? », en ayant bien sûr en tête de rester dans l’esprit de ce que faisait Johnny Hart. C’est pratique d’être auteur dans ce cas là. » (petit extrait d’une interview perdue dans les limbes d’internet, issue d’un excellent site qui était tellement excellent qu’il s’est fait attaqué par les Russes, tellement ils nous l’enviaient). Et là, pour les deux ou trois (je penche plus vers deux) strips concernés, ça aurait mérité ça je pense. Mais bon. Boudons pas notre plaisir, moi, j’ai bien rigolé. Je en sais pas si les versions couleurs sont issus des pages du dimanche ou d’une facétie française, mais le noir et blanc n’est pas du tout gênant, au contraire : tu profites différemment. Et ce 1er album est enrichi de matériel éditorial fort sympathique et pas dégueu ('aurais cru ça pus vieux, d’ailleurs, Hägar). Ce qui ne gâche rien.
