HALLOWEEN : La trilogie de David Gordon Green

Pour ceux qui n’ont pas oublié John Carpenter, ou ceux qui voudraient le découvrir, je propose sur mon blog [Pour en savoir +] un entretien de 1982 ; paru à l’origine dans les Cahiers du Cinémas.

Bonne lecture !

Impressionnante, je ne sais pas. Mais ça sonne juste. La réalisation, le cast, le scénar à la fois simple et efficace. Et rien que ça, c’est déjà très bien.

Et bien justement, la bande annonce, l’équipe autour du projet et l’emballement général autour de ce nouveau Halloween, me laissait penser à un peu plus d’ambition.
Le film compte bien quelques scènes qui fonctionnent très très bien, L’arrivée de Michael Myers en ville et sa traversée des maisons pavillonnaire est vraiment super bien traitée, comme la scène de la découverte du bus transportant Myers par un père et son fils.
Mais j’ai trouvé que le film se poursuivait comme un slasher lambda pas toujours finaud avec son lot de personnages aux réactions délirantes, et de twist à la limite de la sortie de route.
Dommage donc, j’en attendait probablement trop.

Dans un pays dirigés par des tocards facho et où il doit y avoir un meurtre en masse aussi souvent qu’une loi contre l’avortement, il semble acquis pour l’équipe du film que LA figure du mal soit un pauvre type qui a tué 5 personnes il y a 40 balais. Ok…

(bon après j’avoue que j’ai beaucoup ri devant cette merde)

C’est officiel : la saga de Michael Myers et Laurie Strode se poursuivra dans deux longs métrages supplémentaires. Halloween kills sortira en octobre 2020 et Halloween ends en octobre 2021. David Gordon Green et Danny McBride sont toujours aux commandes de cette trilogie annoncée.

Anthony Michael Hall (Dead Zone, la série) a rejoint la distribution de Halloween Kills dans le rôle de Tommy Doyle (le gamin que Laurie Strode gardait dans le Halloween de John Carpenter).

actor-anthony-michael-hall-attends-the-build-series-to-news-photo-690180584-1563566990

Et surtout :

La sortie d’Halloween kills a été repoussée à octobre 2021.

J’ai finalement vu le premier Halloween de David Gordon Green et je suis resté sur ma faim. Mon avis se rapproche de celui de Calvinball plus haut…techniquement, le film de de la gueule et il y a des moments de suspense bien réalisés (le retour de Michael Myers à Haddonfield, l’assaut final…). Mais l’histoire ne fonctionne pas…c’est bancal, avec quelques rebondissements bien ridicules (le coup du docteur) et j’ai trouvé l’histoire de Laurie Strode mieux traitée dans le premier « reboot partiel » de la saga, Halloween - 20 ans après (qui avait déjà ses défauts lui aussi).

1 « J'aime »

J’ai bien aimé le premier de Green, notamment pour sa Laurie Strode survivaliste, mais je ne suis pas sûr que partir sur toute une trilogie soit une bonne idée, cette bande-annonce nous laisse entrevoir une suite de meurtres dans la surenchère, et Michael risque bien de survivre encore pour être là pour le troisième de toute façon.

Moi aussi, et aussi pour quelques plans-séquence sacrément bien foutus, et un final astucieux en termes de mise en scène, qui inversaient les places de chasseur et de proie habituellement dévolues à Laurie et Michael Myers (avec un « huis-clos en crescendo » très carpenterien, mais qui se refermait sur le tueur cette fois). J’ai pas trop compris l’accueil un peu glacial du film, alors que Rob Zombie mis à part (mais dans un registre très différent), personne n’avait réussi à faire un film potable derrière Carpenter.

Totalement d’accord ! Je ne sais pas si on peut parler de bad buzz, mais clairement les mauvaises notes étaient imméritées. Passer derrière Big John, ce n’est jamais une mince affaire !

1 « J'aime »

Bah, je le répète, il y avait de bonnes choses (je suis d’accord avec Photo sur la mise en scène du final) mais je n’ai pas été emporté. Trop d’éléments qui ne fonctionnent pas dans le déroulement de l’histoire (et ils auraient pu se passer du twist avec le docteur)…

Oui, là on est bien d’accord… Je me rappelle avoir bien rigolé à ce moment-là d’ailleurs.

Perso j’avais trouvé le film complètement à la ramasse mais j’avoue que j’ai beaucoup ri.

En fait mon problème tiens dans l’idée de base de cette suite. Dans un pays dirigés par des tocards facho et où il doit y avoir un meurtre en masse aussi souvent qu’une loi contre l’avortement, il semble acquis pour l’équipe du film que LA figure du mal soit un pauvre type qui a tué 5 personnes il y a 40 balais.

Fondamentalement pour moi ça ne marche pas/plus

edit : ha ben je vois que j’avais déjà écrit la même chose il y a deux ans. Je radote, je radote

Tu le vois comme ça ? Perso, je ne suis pas sûr que ça marche de cette façon, l’édification des « figures de mal » ; je veux dire que ça n’est pas qu’une question de body-count…
L’exemple emblématique de ça, c’est Charles Manson, qui reste dans « l’océan mythique » collectif une figure majeure de ce type, mais qui n’a en fait été convaincu d’aucun meurtre. Pour la justice, il n’avait à la lettre tué personne (même si, quand on se renseigne un peu sur le dossier, les choses sont peut-être un peu plus compliquées, et Manson avait probablement du sang sur les mains).

Oui totalement. Mais pas tant le body-count (quoique) que la temporalité. La figure du mal est liée à une époque ou un contexte précis. Manson c’est les années soixante et la fin du flowers powers, c’est la mise en avant d’une face sombre de cette période etc…

Myers c’est comment tu transfères la figure horrifique, autrefois incarnée par différent monstres classiques ou des aliens, dans le contexte du foyer urbain au sein duquel la menace surgi. C’est moderne et c’est ce qui donne au premier Halloween son aspect marquant.

Le souci c’est que cet Halloween s’inscrit dans une lignée d’œuvre qui tente de faire fi du passé éditoriale (les suites) pour acquérir faussement une légitimité dans une époque caractérisée par l’envie de faire retrouver les sensations d’antan tel un doudou que l’on serre contre soi. C’est cynique mais logique mais au final c’est bien moins pertinent qu’une exploitation classique qui prend en compte les modes de son époque. Parce que le problème c’est que l’idée de base ne se confronte jamais à ce qu’est la société aujourd’hui. Une société marqué par la peur terroriste, par l’hyper-surveillance, par le meurtre de masse etc.

Foncièrement dans un tel contexte, il faut alors se poser la question de ce que représente la figure de Myers et le film ne le fait jamais prenant pour acquis un statut qui se doit d’être repensé.

Ton exemple de Manson est intéressant sauf que ce dernier n’est jamais ressorti de prison où n’a jamais provoqué autre chose. Il est inscrit dans l’océan mythique oui mais il y est figé. Pas sur qu’un retour (tel les chanteurs ayant dépassé l’âge) l’aurait laissé garder sa stature (bon pour peu qu’on soit assez « taré » pour imaginer un « Charles Mason the come back ! »

Ok, merci beaucoup pour ton développement.

Ce point que tu soulèves est très intéressant et je te suis d’ailleurs mais jusqu’à un certain point. Dans la figure de Michael Myers telle que pensée par John Carpenter, il y a quelque chose d’anti-moderne (ça a beaucoup été dit), et l’un des aspects de ça c’est la « désincarnation » de la figure du Mal (d’où l’appellation « The Shape » présente dès le script). Je me demande dans quelle mesure les choix de David Gordon Green et Danny McBride n’ont pas été dictés par ça. Peut-être que ça n’était pas une bonne idée, ceci dit…