Discutez de Hammerfall
Je viens d’entamer l’intégrale. Bon, un album sur quatre, pas de quoi avoir un avis définitif. Mais j’aime bien cette évocation historique de la lutte entre les Vikings et les Francs, eux-mêmes christianisés.
En revanche, si le scénario est chouette, le dessin laisse à désirer, à la fois dans son trait, et dans sa narration. J’y reviendrais, ça a l’air de s’arranger au fil des pages. Mais c’est rude, quand même.
Jim
Je viens de finir l’intégrale, et si le fond est plutôt intéressant, la forme laisse bougrement à désirer. C’est d’autant plus agaçant que les couvertures de Nicolas Fructus sont magnifiques, ce qui renforce la sensation du bel écrin contenant un bijou de pacotille.
Commençons par les points négatifs, qui tiennent tous de la dimension visuelle du projet.
Je l’ai dit, le dessin n’est pas très bon. Le trait est raide, les personnages sont figés, les visages se ressemblent tous, et la spatialisation de l’action est maladroite. Sur ce dernier point, cela tient peut-être un peu de l’écriture, mais un bon dessinateur saura toujours rajouter des transitions et rendre fluide le passage d’une case à la suivante. Là, c’est pas le cas.
Pour rajouter à la confusion, les récitatifs, les voix off et les propos de personnages situés hors-champ sont tous traités de la même manière, dans des rectangles blancs emplis de la même manière : pas d’italiques, pas de guillemets, pas de points de suspension afin de raccrocher un pavé à celui qui précède, et encore moins de queue de bulle permettant de diriger l’attention du lecteur vers l’extérieur de la case, dans le cas d’un personnage qui s’annonce par ses paroles, avant d’apparaître dans la case suivante. Tout cela rajoute à la difficulté de lecture, d’autant que les différentes natures de textes sont toutes placées au même niveau. Très difficile.
L’ensemble gâche un récit pourtant prometteur : dans la guerre entre les Vikings et les Francs, Runberg décide de glisser progressivement du fantastique. Le récit d’apparence historique dans les premières pages se transforme progressivement en évocation mythologique, par touches successives. Dans le premier volume apparaissent des tribus aux allures un peu simiesques ou animales, mais cela ne va pas plus loin que le simple rendu graphique, et ça peut être interprété comme le regard posé par les Francs christianisés sur certaines peuplades exotiques. Dès le deuxième tome, on voit bien que ce n’est pas anodin, puisqu’apparaissent des géants ou d’autres peuplades « non-humaines ». Cette évolution est plutôt bien menée, même si Runberg aurait sans doute gagné à encadrer les planches d’un texte plus dense, qui aurait permis de pallier les faiblesses du dessin, en rajoutant de la caractérisation dans les bulles ou du contexte dans les récitatifs.
Au final, l’intrigue utilise un ressort connu depuis les Grecs (au moins), à savoir que les hommes sont les jouets de guerre menées par les dieux. C’est plutôt bien troussé, même si l’émergence d’un fantastique plus visuel (presque « super-héros », si l’on peut dire) est assez tardive.
À ce titre, l’intégrale se conclut par un « épilogue », qui met en avant un personnage secondaire de la tétralogie dont le témoignage permet de raconter la fin. Je n’ai pas lu les albums séparés, mais je me demande si la série n’aurait pas été écourtée dans son édition d’origine, et conclue à la faveur de cette intégrale. Si quelqu’un a lu les tomes séparés, je serai curieux d’avoir des précisions.
Bref, un récit agréable dans le fond, nettement plus difficile à savourer dans sa forme.
Jim