Et à l’issue de la saison, je dois dire que j’ai beaucoup aimé. Vraiment dommage que cette série n’ait pas rencontré le succès requis pour survivre dans le monde impitoyable de la fiction télévisuelle…
Néanmoins, cette déception demande à être tempérée à la vision du dernier épisode : beaucoup de choses sont réglées à l’issue de celui-ci. Déjà (et c’est évidemment beaucoup), l’identité du mystérieux et flippant Magic Man est révélée à la toute fin :
contre toutes attentes, le Magic Man est en fait une femme, et pas n’importe qui : Alice, la mère du héros, présumée morte depuis des années. Un twist ultérieur aurait pu infirmer cette piste, mais la conclusion de la saison est quand même assez claire. Un final réellement étonnant, qui fonctionne à mort, sans compter que les auteurs densifient cette révélation en y adjoignant deux infos cruciales : le père de Tommy était au courant, et on a la confirmation que les victimes sont toujours en vie.
Un final généreux, donc, qui fait son petit effet. D’autres “mystères” sont levés, comme la nature trouble de Merritt Greaves (Sam Neill qui se marre à cabotiner juste ce qu’il faut) et son lien avec le principal suspect Dan Farmer, vrai / faux agent du FBI.
En fait, on pourrait bien considérer que ce “season finale” est un modèle du genre, avec cette avalanche de révélations gratifiantes pour le fan attentif (car la série, très pointue, se regarde facilement deux fois à mon sens : il y a beaucoup à y voir, sans que ce soit explicitement souligné…), mais aussi de nombreux points, souvent passionnants, à traiter ultérieurement (comme le rôle du perso interprété par Lauren German, “l’héroïne” bien rencardée sur bien des sujets). Hélas, dans le cas qui nous occupe, d’ultérieurement il n’y aura point.
Si le final (au chouette titre : “Blame it on Rio Bravo”, sachant que l’épisode est un huis-clos qui rappelle “Assaut” de John Carpenter, en moins atmosphérique et abstrait) est super, c’est la qualité globale de tout le show qu’il faut saluer. Vraiment un chouette “Twin Peaks”-like, l’aura mythique en moins certes, mais le rapprochement se tient à mon sens : le côté “no one is innocent” des intrigues, la nature double de la plupart des protagonistes, le côté bourgade rurale qui se rêve plus propre qu’elle ne l’est, la famille de riches dégénérée, les bad boys un brin caricaturaux du coin, un meurtrier mystérieux au centre… Bref un paquet de points communs en fait. Avec même des contrepieds intéressants par rapport au “modèle”, l’agent du FBI ici étant le complet opposé du lumineux agent spécial Dale Cooper de “Twin Peaks” (le plus beau personnage de fiction du monde, mais je suis assez peu raisonnable sur la question…).
Une sacrée référence, écrasante, mais elle est assumée et honorée ici. Une excellente série, dont l’annulation n’entame en rien le pouvoir de cette unique saison, mais donne certainement à réfléchir sur la façon dont un monstrueux potentiel créatif peut être tué dans l’oeuf par des considérations bassement pécuniaires.
Oui, je sais, je suis un grand naïf. 