HEILMAN (Alain Voss)

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La consultation du deuxième numéro de la nouvelle mouture de Métal Hurlant me permet de découvrir le travail d’Alain Voss, dessinateur brésilien fils d’une française et d’un allemand ayant quitté l’Europe de la guerre. Le trait de Voss, détaillé, lisse, brillant de mille hachures, évoquant le travail d’un Magnus, est assez étonnant. Très illustratif, mais également riche de cadrages variés et d’un encrage qui accorde une grande part aux effets de brosse à dents.

Ce numéro propose la réédition du premier chapitre du feuilleton « Heilman », série qui propose de suivre les mésaventures d’un musicien androgyne, sorte de croisement bizarre entre les membres de Kiss et Mister Miracle (l’article qui présente le récit renvoie plutôt aux New York Dolls et au glam rock qu’au mouvement punk qui fait fureur au moment de sa publication), qui se retrouve confronté à une entité vampirique dimensionnelle à chaque explosion psychique (lors d’un concert ou d’un orgasme).

Le récit évoque un peu les super-héros, bien sûr, mais aussi les univers moorcockiens, où se bousculent sexe, projections mentales, dimensions alternatives et ambiguïté morale. Voss (dont la signature verticale met en évidence les deux « s » de son nom) entasse les références au nazisme, de la croix gammé sur le costume du guitar (super-) hero au blockhaus où il vit caché, et présente le public du chanteur comme une masse décérébrée dont le seul mérite est de servir d’accumulateur psychique.

Très étrange premier chapitre, ce récit bizarre qui laisse un brin dubitatif, écrit dans une voix off qui prive tous les personnages de leur voix propre, ouvre la voie à une série qui sera compilée en un album sorti en 1978.

Jim