HEROES IN CRISIS #1-9 (Tom King / Clay Mann)

Ces premières pages donnent très envie.

Dommage (en ce qui me concerne) qu’au-delà de l’approche plastique qu’il semble imposer à ses dessinateurs, et que j’aime beaucoup, ses scénarios favorisent des histoires très alambiquées, et qui procrastinent trop.

J’ai ainsi (tenté) de lire son run sur Batman, et j’ai rapidement séché.

Son premier arc, qui déjà ne tient pas au niveau continuité avec ce que faisait au même moment James Tynion IV (mais j’ai peut-être raté quelque chose), est très laborieux. Il n’a emporté le morceau que grâce à l’épilogue. Qui bien que débordant de pathos, m’a suffisamment surpris (et ému) pour que je continue.

La douche n’en a été que plus froide.

La rencontre avec Bane, et Batman qui répète inlassablement la même phrase, m’a paru bien trop tordu. Et voir le plus grand stratège de l’univers DC, faire une faute de débutant comme celle qu’il commet à la toute fin, laisse songeur, en regard du plan machiavélique qu’il a mis au point pour en arriver là.

Mais la cerise sur le gâteau a été pour moi « Sur un toit ». C’est d’autant plus dommage, que tout ce travail sur le découpage, et les dessinateurs avec qui il fait équipe, me plaisent beaucoup.
Même cette histoire de kilafé de Héros in Crisis me plaît.

Mais King n’a pas (encore ?) trouvé, selon moi, l’équilibre entre son travail sur le découpage, et des scénarios vraiment intéressants.

Cela dit, cette mini-série sera peut-être son Sésame ?

Pas sûr ; en tout cas, pas sur ce #1.
Tom King lance sa saga Heroes in Crisis, finalement plus longue que prévue, mais ne me convainc pas sur ce début.
Ho, c’est beau : Clay Mann livre des planches superbes, et le scénariste utilise une nouvelle fois sa science des dialogues et des émotions à merveille (les pages où les « invités » du fameux Sanctuaire, une zone de repos construite par la Trinité pour aider les Héros à trouver la paix et à la rédemption, se livrent sur leurs raisons d’être ici sont fines et bien pensées), mais… ça ne va pas loin ; ça ne vole pas haut.
Un peu comme Batman Damned #1, Heroes in Crisis #1 n’offre rien de plus que son résumé initial, l’accroche de la saga. La Trinité a créé un Sanctuaire, des Héros sont morts, Harley Quinn & Booster Gold sont liés à ça ; voilà. Rien d’autre.
Ho, Tom King joue bien sa partie, il alterne les moments intimistes avec le combat Harley/Booster et la révélation du massacre (et des Héros tombés… j’attends le twist, car il y en aura, mais c’est quasiment une douche froide vu le « jeu » autour des disparus, tant les cadavres sont balancés en bouts de case [et ça charcute dans les « connus »]), mais… ça ne décolle pas ; ça n’a pas encore décollé.
Attendons, alors. Attendons d’en voir plus, même si je suis lassé que des mini ou maxi séries mettent de plus en plus du temps à se lancer - surtout quand, comme ici, elles sont rallongées à la dernière minute.

Bref. Avis mitigé, c’est bien mais trop peu ; bien que joli.
A voir la suite, qui elle ne devra pas se louper, et en dire plus sur l’événement mais le Sanctuaire (qu’on entrevoit à peine).

Je serais un peu plus enthousiaste que toi, une fois n’est pas coutume. Alors entendons-nous : je ne suis pas en train de crier au chef-d’œuvre absolu dès le #1. En fait, objectivement, on serait même plutôt d’accord sur un certain nombre de points que tu relèves ; mais les conclusions que j’en tire et surtout mon ressenti sont autres.

Certes ce #1 sert essentiellement à exposer le concept et le pitch, mais d’une part le lecteur lambda ne connait pas forcément celui-ci depuis des mois, d’autre part je trouve ce numéro plutôt accrocheur. Pas parce qu’il y a des super-héros morts — je me méfie, je vois Victor arriver d’ici —, même si j’ai moi aussi été surpris par certaines identités concernées et par la façon dont c’est traité pour le moment (?). Mais bien par la façon dont cette entrée en matière est traitée, qui me semble relever d’une certaine maestria, par l’alternance entre les trois registres de narration entremêlés et les effets de (ruptures de) rythmes et d’attentes ainsi produits : les « interviews » en mode gaufrier, signature de Tom King ; et dans une forme plus classique — avec tout le talent de Clay Mann pour porter la chose — l’arrivée de la Trinité au Sanctuaire dévasté, d’une part, et d’autre part l’affrontement entre Booster Gold et Harley Quinn dont les enjeux n’apparaissent qu’à la toute fin du numéro.

À ce niveau, si je ne sais trop que penser du traitement « dépressif » et dépourvu de toute flamboyance du premier de ces deux-là — d’autant plus étonnant que King avait prouvé qu’il « l’avait en main », y compris dans tout son potentiel comique, dans les numéros de Batman où il l’avait fait intervenir (et dont il était pour ainsi dire l’attraction principale) —, j’ai été déstabilisé mais plutôt accroché par le parti pris d’une Harley à l’ultra-violence « sèche », rompant, il me semble, avec le traitement beaucoup plus « cartoonesque » qui prime pour le personnage ces dernières années — un traitement « déréalisant » avec lequel King semble marquer ses distances dans la planche de l’entretien avec Harley. Le genre de pistes de réflexions qui me donnent justement envie de continuer ma lecture du titre (d’ailleurs il n’est pas dit que la présentation des victimes au Sanctuaire ne relève pas aussi d’une volonté très consciente du même ordre qui sera plus claire par la suite).

En fait, pas vraiment. Il devait bien y avoir deux numéros spéciaux, dessinés par je-ne-sais-plus-qui, en plus des sept numéros prévus. Mais pour une meilleure organisation de lecture, Tom King a décidé de les inclure dans la mini-série principale. Ce qui n’est pas plus mal.

Sinon, c’est joli. C’est toujours du King qui s’écoute écrire. Espérons qu’il a quelque chose à raconter parce que la mise en scène ne fait pas tout (sa série Batman nous a au moins appris cela).

Ha, j’ignorais qu’il y aurait des numéros spéciaux, et que ce sont eux qui se rajoutent.
Pourquoi pas.
Je parie que l’un sera sur Harley, l’autre sur Booster.

Sinon, je te rejoins, Hermes. Quelques jours après la lecture, la déception s’évapore, mais était initialement très présente - et née parce que j’ai été bête de trop suivre la promotion de HiC (!), dont le #1 a en effet le seul tort de ne pas faire plus que présenter son concept. A voir la suite, mais je suis bien curieux, oui.
D’autant plus que le thème et le ton tranchent entièrement avec l’optimisme qui anime DC depuis Rebirth ; ce qui est curieux, a minima.

Purée! Un vrai « Fuck » au Rebirth, ce HiC!!!

Franchement, Geoff Johns est presque humilié avec un truc pareil. Parce que l’on est loin de Rebirth avec le retour du « Hope » du DCU…

L’intrigue est d’approche très terre à terre mais je pense que l’on rentrera dans une histoire plus psychologique (en même temps, c’est le thème qu’est le traumatisme). :wink:

Je croise les doigts sur une chose. Connaissant bien King, y a un truc de magicien en dessous de ce tas de cadavres invraisemblable…

Oh; le Johns, il a pris cher avec cette introduction.

HEROES IN CRISIS #2 (OF 9)

(W) Tom King (A/CA) Clay Mann

Suspected of murder, [REDACTED] and [REDACTED] find themselves on the run from the super-hospital called Sanctuary -with each thinking the other one is the real killer! It’s up to Batman to solve this heinous crime, but suspicion falls on him when Superman and Wonder Woman ponder just how much Sanctuary’s A.I. is telling them. Meanwhile, [REDACTED] tries to make a shady deal to hide from the Trinity, while [REDACTED] searches out an old friend to help him out of this mess-and only gets deeper in trouble.

In Shops: Oct 31, 2018

SRP: $3.99

Source : www.ign.com

J’ai préféré au #1, car je comprends ce que Tom King veut faire ici ; à savoir parler de la douleur, de la violence, des chocs subis par les héros - et qu’ils veulent, doivent cacher à la population, et à leurs camarades. Voir ces révélations, ces aveux sortir du cadre du Sanctuaire va faire mal, et cette « bulle » qui ne cesse de grandir et sur laquelle toute la communauté a toujours jeté un voile pudique m’intéresse ; ça m’a plu.
Dommage qu’on ait eu un #1 bien trop « vide », car trop décompressé et trop illustratif des premiers moments. C’est, un peu, comme si le #1 était l’introduction pré-générique d’une série TV ou d’un film, et le #2 enclenche les choses ; bref, dommage.
Ca n’enlève rien à la qualité de ce #2, donc, qui permet de confirmer les premières bases posées, d’offrir de bons moments et dialogues, notamment sur Harley. Le duo Booster/Skeets est bon, mais Tom King avait déjà montré qu’il maîtrisait cette version spécifique, et dérangée, du personnage. Sa gestion d’Harley Quinn surprend agréablement, car il ne l’a pas encore utilisée de mémoire, mais s’en sort admirablement bien ; son monologue sur le pont est d’une puissance émotionnelle rare.
Une réussite, donc, avec des indices, des moments d’émotion, et beaucoup de drame ; le tout magnifié par un Clayn Mann en très grande forme.
Dommage pour le #1, donc. Dommage, aussi, que tout ce dramatisme tombe sur un univers DC qui continuait à remonter dans l’optimisme de Rebirth, qui me convenait. Et dommage, enfin, que je crois si peu à au moins deux décès, qui ne me paraissent pas crédibles.
Mais, définitivement, Heroes in Crisis a commencé, et Tom King s’y révèle aussi doué que dans ses meilleurs numéros de Batman ; à voir s’il atteindra les sommets de Mister Miracle.

Ouch ! Dommage pour les lecteurs.

J’ai dit « les meilleurs », pas tous. :wink:

C’est bien ce que je dis.

Mauvaise langue.
Si je lui reconnais des défauts, de nombreux épisodes m’ont énormément touché. Rien que ceux réunissant Bat/Cat/Talia, ou Bat & Cat/Lois & Clark sont des études parfaites des personnages.

C’est marrant parce que c’est exactement ce qui débarque en France et je trouve ça creux. C’est déjà vu, déjà fait, vite lu, pas très malin, comme l’affrontement avec Bane. Et la narration soit-disant un peu soignée ne change rien à l’effet de redondance en ce qui me concerne.

J’ai beau être fan de King, son run sur Batman, que je trouvais, pourtant, plutôt très bien commencé, me semble loin d’être ce qu’il a fait de mieux, malgré d’occasionnels sommets (comme l’Annual #2 également sorti tout récemment en VF) et, m’a-t-il semblé, un fil rouge thématique intéressant (Batman, super-héros de la sublimation du traumatisme, peut-il dépasser celui-ci ?).

J’ai lâché temporairement l’affaire cet été après le décevant (en partie parce que trop attendu) numéro 50 / « mariage », comme je l’avais déjà lâchée au cours du long marasme de la « Guerre des Blagues et des Enigmes » — le point le plus bas du run, sans aucun doute —, et cette fois-ci je n’ai pas encore trouvé la motivation de rattraper mon retard.

Tout ça pour dire que contrairement à l’ami Benny, les épisodes avec le trio Bat/Cat/Talia me semblent symptomatiques d’une des périodes plutôt creuses du run en question : si c’est rarement complètement mauvais, parce que King arrive presque toujours à placer çà et là la petite idée qui fait mouche, on reste tout de même loin de la réussite exemplaire.

Mais tout ça pour dire aussi que pour ce qui est de Heroes in Crisis, en revanche, ce #2 qui enclenche pas mal de choses maintenant que le 1 a posé les bases, confirme pour le moment ma bonne impression première !

Pour ma part, je n’ai pas le même ressenti. Le #1 posait les bases et le #2 continue à poser les mêmes bases, je n’ai pas l’impression après la lecture que l’intrigue ait progressé en quoi que ce soit.
J’avais pas vu que c’était en 9 numéros, du coup je pense que j’aurais encore la même sensation avec le #3 et que si ça se réveille ce sera à partir du #4.

Le premier pose, le deuxième lance. Techniquement, il se passe moins de choses dans ce #2 que dans le précédent — mais (et c’est là où je me rapprocherais de Ben) ces choses sont présentées de façon plus dynamiques.

On n’apprend finalement rien de plus ici, sinon l’identité d’une victime supplémentaire, qui n’était que très subtilement sous-entendue à la fin du 1 (« I saw you… with all… with my… », avec le cadrage sur la main caressant une fleur dans l’herbe), et qui vient justifier, implicitement, l’attaque personnelle d’Harley contre Booster. Le flou est maintenu sur la possible culpabilité de ce dernier (Harley tient-elle le lasso quand elle dit que Booster a tué tout le monde, ou seulement après ?), avec également une deuxième mention des « puddleurs » qui vient compliquer la première apparition du terme dans le premier épisode.

En revanche, l’espace étant laissé plus libre — là où le précédent devait tout à la fois nous informer de l’existence du Sanctuaire, de ce qui s’y passait « normalement », de sa chute, et de l’implication trouble d’Harley Quinn et de Booster Gold dans l’affaire, bref une assez lourde tâche d’exposition même si je continue de penser que King s’en est sorti avec les honneurs —, le scénariste s’offre ici plus de latitude pour nous faire suivre (et nous impliquer dans), d’une part, la cavale d’Harley, dont les motivations pour l’instant* restent ouvertes / mystérieuses (pourquoi vole-t-elle la Kryptonite ?), et, d’autre part, l’errance de Booster.

Soit dit en passant, le choix, a priori surprenant dans le contexte, d’utiliser ce dernier en tant que personnage principal, ne doit probablement rien au hasard, ce qui me pousse à me demander : le voyage dans le temps ferait-il partie du problème, ou de la solution ?..


*À supposer que motivations il y ait et pas juste une psyché, déjà pas bien stable à la base, complètement fracturée par les évènements.

Il ne se passait déjà pas grand chose dans le premier numéro…

Surtout, est-ce la vérité ou sa vérité qu’elle croit fermement de son cœur vrai. En ce sens, le lasso de Wonder Woman pourrait bien être trompé.

Complètement.
Le run de King ne sera ni exemplaire, ni une réussite complète, ni un immense succès.
Mais… je n’arrive jamais à lâcher, à arrêter, même quand ça m’ennuie (les deux récents numéros, sur la poursuite puis la bataille avec KGBeast), m’énerve (le diptyque avec Wonder Woman, honteusement copié sur un épisode similaire Superman/Wonder Woman), me fait perdre pied (la saga sur Ivy…), me lasse (I Am Bane, trop long même en lecture bimensuelle) ou m’interroge (la War of Jokes & Riddles, si… surprenante).
Parce que King a la petite idée, ou le petit dialogue, ou le petit élément qui s’inscrit très bien, et fonctionne très bien.

Après, je pense que tout est une question de sensibilité : on adhère, ou pas ; et ce n’est pas un compliment, car un auteur devrait parler à tous, et pas uniquement à ceux qui adhèrent à un Batman traumatisé à l’excès, ou qui se reconnaissent dedans.
A titre personnel, les penchants auto-destructeurs de Bruce, et sa volonté de lutter contre, ça me parle. Son souhait de s’en sortir, en s’accrochant à Catwoman pour ça, ça me parle aussi. Mais c’est très personnel, et j’avoue que si je n’avais pas mon propre vécu, ou si ça n’arrivait pas à cet instant de ma vie, j’adhérerais moins.
Pis, bon, faut pas déconner : Batman, c’est l’oeuvre la plus en vue de King, mais sûrement la moins aboutie, clairement. Si on veut voir ce qu’il peut faire, Mister Miracle est là pour révéler, clairement, ce que l’auteur sait faire.

(Heroes in Crisis #1 a été la deuxième plus grosse vente comics de septembre, cela dit, d’après les chiffres Diamond.)

Le fond du truc, à mon avis, c’est que King est beaucoup plus à son aise sur des format de mini ou de maxi-séries — comme pour Omega Men, The Sheriff of Babylon, The Vision, Mister Miracle, et maintenant Heroes in Crisis — où il peut contrôler les verticales et les horizontales, pardon, je veux dire, penser à l’avance toute la structure de son récit, que sur un run au long cours — et devant probablement, de surcroît, composer avec des ingérences éditoriales.

Sur Grayson il avait Seeley comme co-« plotter » pour assurer la définition des grandes lignes, même si ensuite, dans le détail, les épisodes écrits par King étaient quasi immanquablement supérieurs à ceux écrits par Seeley. Sur Batman en revanche on voit bien qu’il manque un pilote dans l’avion. À un moment il donne l’impression de ne pas savoir où il va : les premiers arcs introduisent Gotham Girl, et dans une moindre mesure Duke Thomas, comme figures clés, voire centrales, du run, et ensuite on ne les y a plus jamais revus. À un autre, on voit où il va, mais c’est interminablement délayé : 18 numéros de remplissage entre la fin de la (déjà trop longue) « Guerre des Blagues et des Énigmes » et le mariage attendu au #50, pour aboutir en plus à une queue de poisson, c’est quand même problématique, et on voit que c’est du bouche-trou improvisé par groupe de deux ou trois numéros. Si on veut être très généreux, ça a un petit côté « artisanat à l’ancienne », mais quand en face, sur le même personnage, au même moment, il y a le run exemplaire de Tynion sur Detective Comics — 47 numéros où tout se tient et se développe organiquement —, la comparaison fait mal…!

C’est vrai.
Mais, pour ce point de détail, je pense que Duke Thomas lui a été imposé par Scott Snyder, qui l’a créé et mis en avant dans son run, puis dans Dark Nights : Metal.