HEROES IN CRISIS #1-9 (Tom King / Clay Mann)

Il faut aussi voir ce qui révèle du discours personnel que de la communication commerciale, et des phrases du marketing.
Joe Quesada, Tom Brevort et Alex Alonso ont lancé cette mode d’exhorter les lecteurs à l’achat en louant à outrance la qualité et l’importance de la saga qu’ils évoquaient ; à chaque fois, chaque année.
En bref, il faudrait savoir si Scott Snyder se considère en effet l’auteur de sagas incontournables - ou si, à la tête d’une saga d’importance de l’éditeur, il ne lui est pas demandé d’en faire des tonnes.

Complètement d’accord (hormis sur l’aspect mégalo).
Harper était la nouvelle Batgirl (inspirée par Batman mais pas formée/à sa botte, douée informatiquement/électroniquement), Duke le nouveau Robin (formé/accompagné par Batman, parents décédés/inaccessibles, jeune homme en colère)… mais « différents », divergents, pour faire « moderne » (d’où le cirque sur le nom de code de Duke, risible, notamment pour le résultat).
Mais, en soi, est-ce choquant ? Chaque décennie depuis les années 80 ont eu de nouveaux porteurs de costume : Jason Todd en Robin dans les 80s, Tim Drake dans les 90s, Cassandra Cain en Batgirl dans les 90s et début 2000s, Damian en Robin dans les 2000s, Stephanie Brown en Batgirl dans les 2000s… certes, ni Harper ni Duke n’ont pris les titres, mais bien les fonctions.
Et, en effet, c’est leur manque de popularité qui a mené à les retirer des titres principaux (ainsi que le départ de leur créateur) ; mais DC ne les a pas abandonnés pour autant, et ils continuent de vivoter !

Personnellement je ne suis ni anti-Harper ni-anti Duke, mais je peux comprendre une partie des réactions qu’ils ont suscités, cela dit. Le problème n’est pas qu’ils soient les nouveaux Batgirl et Robin, c’est que, comme souvent avec Snyder, passé le pitch, ça ne va pas loin.

Quand Morrison crée Damian, il s’appuie sur une continuité existante, et il ne recule pas devant le titre de « Robin », il en fait même un enjeu ; et pourtant il crée un personnage indubitablement nouveau et qui introduit des dynamiques inédites.

Avec Harper et Duke, une fois qu’on a retiré leur côté « indépendant de Batman » qui est leur trait commun, qu’est-ce qui reste ? Une pseudo-Batgirl douée en informatique et en électronique… comme Barbara Gordon… et un pseudo-Robin dont ni Snyder ni d’ailleurs King en interview ne cachent que c’est juste un Tim Drake noir dont l’histoire a été reprise au début. C’est de la redite. À l’inverse des exemples que tu cites, Babs / Cassandra / Stephanie et Dick / Jason / Tim / Damian, qui ont des personnalités bien marquées et séparées les unes des autres ce qui d’ailleurs permet des interactions dynamiques y compris entre eux. Et c’est, cerise sur la choucroute, de la redite qui arrive dans un univers surpeuplé qui n’a pas besoin de ça car trois ou quatre générations de persos y sédimentent déjà.

C’est vrai, mais il faut aussi avouer que Cassandra & Tim ont bénéficié de séries sur eux, qui ont permis de développer ces personnages au-delà des clichés liés à leurs origines. Spoiler n’a pas vraiment eu de titre sur elle, mais elle a, à mon sens, perdu un peu de son originalité en devenant Batgirl ; originalité qu’elle a retrouvé avec Tynion, qui lui offre une place pertinente dans la Batfamily.
M’enfin, tout ça pour dire que Harper n’a pas eu de série à elle, et la mini-série sur Duke a été raccourcie. A voir si la nouvelle série Batman & the Outsiders le développera plus, mais DC ne semble pas vouloir l’abandonner.
Peut-être aussi, et ce n’est pas en soi une critique, parce que Duke incarne une diversité de couleur dans le Batverse, qui en manque quand même grandement.

FARPAITEMENT

Jim

Enfin bon, combien de scénaristes ont voulu implanter leurs créations et personnages sans que cela prenne?
Personnellement, ça ne me choque pas. Tout le casting imaginé par Bendis sur Action Comics, je peux prédire que DC les oubliera pour revenir aux personnages fondamentaux.

Donc Snyder ou un autre…

SI on prend le personnage de Duke Thomas, il est reprise autrement par Murphy dans son White Knight.

Au final, ça reste de la boite à outils. Et ce pour tout le monde sauf Morrison avec Damian. :wink:
Mais Momo est intouchable et ça tout le monde le sait. :wink:

Heroes In Crisis #3

(W) Tom King (A) Clay Mann, Lee Weeks, Tomeu Morey (CA) Clay Mann

Tragedies deepen as more secrets behind the “superhero hospital” called Sanctuary are revealed! What compelled Batman, Superman and Wonder Woman to create it in the first place? How was it built? And if the hospital truly is alive via A.I., who – or what – is the brain of “Sanctuary?” Another layer peeled back in the biggest mystery woven through the entire DC Universe.

In Shops: Nov 28, 2018
SRP: $3.99

Source : www.joblo.com

3ème numéro et il ne s’est pas passé grand chose … Franchement, c’est du remplissage les cases portraits à répétition … Mais c’est pas désagréable pour les mirettes …

Il semble établi qu’on ne sera pas d’accord sur cette série. icon_mrgreen (Mais à ce stade je t’inciterais quand même à t’interroger sur ce que tu attends de la série exactement… par rapport à ce que Tom King offre… le problème peut aussi venir de là…)

De mon côté en tout cas, wow… Ce troisième numéro m’a fait l’effet d’un coup à l’estomac. J’ai l’impression que chaque numéro marque une bonification.

Ce numéro, en forme de flashback par rapport aux épisodes précédents, nous introduit plus en détail au mode opératoire du Sanctuaire avant l’attaque, à travers les séances de « thérapie » suivies par Flash (Wally West), Lagoon Boy et Booster Gold. Il avait été précédemment question, de façon assez allusive, d’intelligence artificielle et de réalité virtuelle, mais l’on rentre ici dans le fonctionnement, avec une sorte de « chambre des dangers » inversée (ou pas). Cette démonstration en action est surtout une occasion de montrer les personnages tentant d’affronter, par différents biais et moyens, leurs deuils et leurs traumas.

Pour Wally, il s’agit de chercher le réconfort, même de façon factice, auprès de la famille qui était la sienne dans l’univers pré-Flashpoint et qui n’existe plus (ce qui nous amènera à une dernière réplique assez déchirante). Pour Lagoon Boy, au contraire, il s’agit de se confronter, encore et encore, à la douleur d’un évènement traumatique (selon toute apparence la mort de Power Boy et l’attaque subie dans le numéro spécial des Titans de Winick qui avait ouvert son run). Quant à Booster, l’égocentrique, il ne peut que… se parler à lui-même…

Encore une fois, ce qui intéresse King dans le surhomme, c’est l’homme ; et dans les comics, c’est ce qu’on ne montre normalement pas, le hors-champs de la case en quelque sorte. Mais il n’est pas certain, pour autant, que, s’il ne fait pas « avancer », proprement dit, l’intrigue (normal pour un flashback), ce numéro ne glisse pas quelques clés potentielles pour la résolution du whodunit vu la démonstration des capacités de l’AI, d’une part, et d’autre part (?), les souvenirs apparemment contradictoires de Booster et Harley…

Malgré tout, je pense que la solution du crime est déjà sous nos yeux et que l’apparent immobilisme du récit n’est là que pour nous cacher ce qui saute aux yeux.
Mais ce n’est pas pour autant que j’accroche à la façon dont est présentée l’histoire.

Je n’attend rien de l’auteur que je ne connaissais pas avant donc j’étais ouvert à tout ce qu’il pouvait mettre sur la table. Mais tout le monde n’est pas Agatha.

Oui, Tom King décide dans ce numéro de stopper l’enquête au présent pour revenir sur le Sanctuaire - autant son fonctionnement, en creux, que le déroulé des événements dramatiques.
Il passe, pour cela, par l’analyse de trois « thérapies », sur Lagoon Boy (qui ne se remet pas des événements traumatisants du one-shot Titans East il y a des années, avec déjà son lot de morts choquantes [et gratuites]), sur Wally (qui ne se remet pas de la perte de sa famille) et sur Booster Gold (qui… est fou dans la caractérisation de Tom King depuis les épisodes de Batman avant le #50). Et ça fonctionne très bien.
L’auteur est vraiment à l’aise dans l’évocation des traumatismes des personnages, et a de bonnes idées sur les thérapies proposées par le Sanctuaire. On découvre, en soi, son fonctionnement, et ça a beaucoup de sens… même si je trouve quand même cela très « froid », très clinique, très inhumain ; je suis surpris que Diana ou Clark aient accepté cela, ce manque d’humanisme, d’humanité. Ca me fait tiquer.
Après, le numéro est très bon, mais terrible. Heroes in Crisis est une lecture difficile, fondamentalement pessimiste et dépressive, voire déprimante. Tom King gère très bien ses personnages et les traumatismes, semble faire avancer l’enquête mais je n’y crois guère - pas aussi vite, pas au 3/9.
Clay Mann, Lee Weeks et Tomeu Morey ont des styles qui se fondent bien les uns avec les autres, et c’est très joli ; mais ça demeure une lecture brutale, psychiquement violente. Je suis curieux de voir où ça ira - mais je pense que l’ensemble ne me plaira pas.
Pas objectivement, car cela aura sûrement des qualités ; mais subjectivement, je ne pense pas que DC ait « besoin » d’une telle histoire, et je ne suis pas dans la période adéquate pour cela. Mais soit, je lirais, même si je pressens le cataclysme émotionnel par ici. :slight_smile:

Question parfaitement neutre et dépourvue de sous-entendus, juste par curiosité : tu trouves ça plus difficile / dépressif / déprimant que Mr Miracle ?

Complètement.
Mister Miracle est le récit d’un trentenaire qui doit faire face aux responsabilités du passage définitif à l’âge adulte (mort [littérale] du père, paternité, affirmation face aux proches, « conclusion » des traumatismes du passé, plongée en avant), alors qu’il ne souhaite que fuir et retrouver l’insouciance de la jeunesse (les sorties avec Booster et Beetle, les t-shirts comics) ou la facilité de l’enfance (où la mère/Granny gère tout et impose tout).
C’est dur, très dur, mais il y a cette note d’espoir incarnée par Barda, Jake, le bébé, et la possibilité de s’en sortir ; s’il tient, si on tient, si on y arrive, on peut s’en sortir.

Rien de tout ça dans Heroes in Crisis.
Il n’y a pas d’espoir, ici. Il n’y a que le désespoir - les traumatismes liés à l’activité de héros, et les pertes et échecs que cela a provoqués.
HiC raconte ce que les héros vivent quand ils ont échoué, et quand ils ne peuvent revenir en arrière ; juste devoir faire face aux conséquences de leurs actes, et à la certitude qu’ils ne pourront jamais réparer… se réparer.

Je suis assez d’accord avec le côté froid et clinique mais je trouve le récit vraiment éprouvant à lire parcequ’il frappe vraiment au cœur. Même si je ne suis pas content du sort de Wally, je comprends pourquoi il a choisi ce personnage pour en quelques sorte faire mal aux lecteurs. Je ne sais pas si la conclusion sera a la hauteur mais l’épisode réussie son effet sur moi.

Par contre je trouve ça super anxiogène le coup des masques de psychopirate pour garder leurs identités secrètes si ils le souhaitent.

Il me semble que personne n’a relevé encore que la disposition des corps est différente dans cet épisode 3 par rapport à ce que l’on a dans le 1er épisode quand Sup arrive sur les lieux

Wally et Roy sont tués sur le porche tandis que dans le 1er épisode, ils sont dans la maison. Est ce un faux raccord (j’en doute). qui a bougé les corps? pourquoi?

Moi je trouve que la surexploitation de la thérapie en mode : « revis ton traumatisme » est quand même complètement à l’ouest … Sanctuaire tient plus de la grosse salle de torture psychologique sans aucune assistance mais bon on nous dit qu’il y a la compassion de WW et on doit donc en déduire que c’est fait pour le mieux mais pour moi, Sanctuaire en tant que centre de soins psychologiques est une aberration.

Bien vu, je n’avais pas remarqué.
De toute façon, tout paraît trop simple pour l’instant. Au tiers de la saga, on est loin d’avoir tout vu.

Je te rejoins : je vois mal comment Clark & Diana accepteraient un Sanctuaire tellement dénué d’affect et de douceur. Tout ça est terriblement froid, clinique, aseptisé ; sans aucune émotion, en fait. C’est surprenant.

Donc, c’est le double de Booster Gold qui a fait le coup ?

Ou c’est Alfred ? 'cause, the Butler did it !

Mon avis est que l’auteur va nous faire tourner en rond pour que l’on découvre plus tard que c’est bien le butler, ou plutôt dans le cas présent Sanctuaire lui même et les doubles qu’il génère

Et que les morts (ou une partie) sont en fait juste une simulation et pas les morts véritables qui sont encore traités pour un gros trauma inavoué. Yep.

Yep itou