HISTOIRES COURTES DE NAOKI URASAWA (Naoki Urasawa)

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D’après ce que j’ai compris, ce recueil est désormais épuisé. Mais j’ai découvert l’existence d’un autre recueil intitulé Atchoum!, et qui est bien sympa aussi.

Le recueil est paru chez Kana en 2020 et rassemble des histoires éditées au Japon (sauf une, j’y reviens) de 1995 à 2016. J’ai commencé à lire, et c’est bien sympa, assez diversifié (y a même un récit animalier).

« Le Royaume des Kaiju » est un récit de monstre, mais qui s’interroge sur la mystique de ce genre, ce qu’il véhicule de fascination (fatalement un brin morbide) chez un public de fans un peu oublieux de l’horreur derrière le spectacle. Mais bien entendu, comme souvent chez Urasawa, rien n’est si simple et il y a derrière les attaques à répétition de monstres sur Tokyo une vérité bien moins belle. La morale de la fin, un peu naïve, reste assez touchante et surtout, surtout, Urasawa joue à fond la carte des belles images emblématiques, des plans incontournables : ça donne envie qu’il se lâche de la sorte à un moment donné, dans Asadora (et ne nous refasse pas le coup de la menace colossale dans l’ombre).

« Solo Mission » est une relecture du genre super-héros (tendance sentai, bien sûr, mais pas seulement). Urasawa joue la carte du récit court à chute, et ça fonctionne pas trop mal, même si ladite chute (digne d’un récit de monstre à la Atlas) est sans doute un peu trop vite amenée. Clairement pas le meilleur récit du recueil, c’est quand même un morceau bien agréable.

Cette histoire a été commandée par les Humanoïdes Associés afin d’intégrer le sommaire d’un album collectif intitulé Le Jour où ça bascule. L’album étant occidental, Urasawa a bossé dans le sens occidental de lecture, et il avoue, dans le commentaire présent dans Atchoum!, que l’exercice s’est avéré bien plus compliqué que ce qu’il soupçonnait au début.
Pour cette édition, son récit a été retraduit et relettré (c’est la version Humanos de la première planche que je présente ici). Une expérience intéressante.

Je continue à picorer dans le sommaire, j’y reviendrai bientôt.

Jim

Je continue à lire le sommaire du recueil Atchoum!, dont le centre est occupé en partie par deux évocations musicales, « Les Vieux gars » et « Musica Nostra », le dernier étant une compilation d’anecdotes issues d’un voyage en Amérique à l’occasion duquel l’auteur a fait quelques rencontres marquantes. Sympathique mais très anecdotique, surtout pour quelqu’un comme moi qui ne s’intéresse pas tellement à la musique. Cependant, la construction des planches, qui mélangent cases sans bords et textes flottants, affiche quelque chose d’eisnerien qui rend la lecture intéressante.
« It’s a beautiful day » est l’adaptation d’un récit raconté à Urasawa par un ami musicien. Là aussi, c’est charmant mais anecdotique, avec un côté hallucinatoire et décalé, mais dont on sort avec un sentiment de trop peu.

« Henry et Charles » est le récit le plus ancien du recueil. C’est également celui qui est entièrement en couleurs. Et c’est surtout le seul récit animalier. On y croise deux souris, dont l’une, vantarde et mythomane, s’est inventé un passé héroïque à la manière de Tartarin de Tarascon (c’est le RATtarin de RATascon local, donc !). Les deux compères convoitent un juteux gâteau situé à l’autre bout de la cuisine, au milieu de laquelle dort un chat. On suit donc le périple des deux rongeurs à qui il arrive une avalanche de bricole hilarante. Une veine rare mais très sympathique.

Situé plutôt au début du recueil, « Vise la lune! », construit avec son complice Takashi Nagasaki, est de tout le sommaire le récit qui s’apparente le plus à sa manière actuelle, celle qui l’a rendu célèbre de Monster à Pluto en passant par Billy Bat ou 20th Century Boys. On y trouve beaucoup de ressorts fréquents dans ses histoires : le souvenir d’enfance, la prédiction, le complot, les révélations d’identité, le rapport au destin, la petite et la grande histoire… C’est très bien mené, très dense, avec la mécanique bien huilée qu’on attend de la part de l’auteur.

Enfin, premier récit du recueil, « Damyan! » est un récit mêlant super-pouvoir et mafieux. On y trouve une petite tonalité Stephen King, avec des vies cassées, des pouvoirs mal maîtrisés, de la manipulation, et en même temps un grand cœur, une humanité vibrante, des personnages touchants. Le retournement de situation, qui montre que le personnage manipulé est bien moins benêt et attardé qu’on ne pense, fonctionne à plein, offrant même une réflexion sur ce qu’est la vie humaine.

C’est le petit bijou du recueil, à mes yeux, qui parvient à mélanger suspense, humour, drame et émotion, tout en jouant sur plein de petits décalages et en réservant une surprise efficace à ses lecteurs.

Jim

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