Japon, XVIIIème siècle. Alors que le pouvoir impérial impose sa censure sur les artistes, le jeune Shunrô, apprenti peintre, est exclu de son école à cause de son tempérament impétueux et du style peu conventionnel de ses estampes. Personne n’imagine alors qu’il deviendra Hokusai, célèbre auteur de la Grande vague de Kanagawa.
Alors, je crois qu’il ets sorti en 2020 en Japon. En tout cas, mes beaux-parents l’ont vu récemment dans un ciné d’art et d’essai (enfin, je sais pas si c’est son appellation, mais il ressemble plus à ça qu’à un Pathé) et m’ont grandement conseillé de le voir.
Un film intéressant en effet, même si je pense qu’il vaut mieux avoir une petite idée des éléments biographiques (en gros, quoi) de la vie d’Hokusai. Le récit semble considérer que le spectateur sait grosso modo qui est Hokusai, clairement.
Quelques bonnes séquences et idées ici, dont la moindre n’est pas le concept même du film : contrairement à certains biopics, « Hokusai » ne cherche à retracer la vie de son sujet de manière exhaustive, ni sur un moment significatif en particulier, mais sur deux grands moments de son existence. Le film est donc « coupé en deux » : Hokusai à 20 ans, en apprentissage mais très sûr de lui, et le même à 70 ans, vieux maître pétri de doutes… Ce dispositif en deux temps donne la meilleure idée du film, qui est aussi sa conclusion (la coexistence des deux « avatars temporels » à la fin, quelle belle idée).
Evidemment, ce dispositif est l’occasion d’une réflexion très intéressante sur la façon dont un créateur interagit avec son propre corpus, et la façon dont l’âge, ou disons la maturité, modifie les crédos artistiques.
Une séquence magnifique aussi où le vieux Hokusai se retrouve pétrifié devant la beauté d’un paysage montagneux baigné de la lumière rougeoyante d’un soleil couchant, et la façon dont il restitue ça sur le papier dans la foulée : la séquence nous montre bien que l’art pictural, c’est la communication par l’artiste de ce qu’il est le seul à avoir perçu à un moment donné, bien plus que la représentation « photographique » d’un objet quelconque.
Deux grosses réserves quand même : à l’exclusion de ces temps forts cités plus haut, le film manque un peu de folie, tant narrative au sens large que sur le strict plan de la mise en scène ; aussi, et surtout, c’est la première fois depuis longtemps que je me retrouve en salle devant ce type de films avec une version amputée de 40 mn (!!!) par rapport à la version japonaise intégrale. Pourquoi ?? Un choix très étrange, mais je n’ai pas creusé les tenants et aboutissants de ce choix plutôt rare et étrange par les temps qui courent…
Personnellement, j’ai beaucoup aimé ce film dont le rythme plutôt lent et tranquille m’a évoqué certains films des années 50/60 comme ceux de Mizoguchi.
Il y a des séquences superbes, mais je ne suis pas tout à fait d’accord avec Photonik sur le manque de folie.
Comme Utamaro est mon peintre d’estampes préféré, j’ai beaucoup aimé de le découvrir dans le film.
En revanche, j’ignorais que le film avait été amputé de 40 mn… j’espère avoir l’occasion de le découvrir en version longue dans le futur (en DVD?) Peut-être y-a-t-il eu des passages trop osés ou violents pour les pauvres occidentaux que nous sommes?
Dans le cas d’Hokusai, il s’agit possiblement d’une version remontée pour le marché américain qui aurait donc également été celle fournie au distributeur pour l’exploitation française. Dommageable mais a priori peu probable que la version originale nous parvienne à la sortie vidéo dans ce cas de figure.
Ha ha, je ris mais le climat général délétère n’incite pas à l’optimisme. D’ici à ce que ça se répercute sur la culture d’une manière ou d’une autre, à l’heure où des zelotes ignares se piquent de vouloir regarder les financements d’un « cinéma gâté », on pourrait bien subir quelques revers s’il n’y a pas de garde-fous.
Tu fais bien de préciser « ignares », car il semble que la plupart ne connaissent pas la queue du début du commencement du fonctionnement du financement des films en France, et confondent allègrement avec d’autres secteurs culturels.
L’absence du travail élémentaire de collecte de renseignements sur les questions qu’ils abordent les disqualifie.
Voilà.
Dans la BD, je ne sais pas : y a beaucoup moins d’argent, donc la visibilité est moindre, mais un éditeur (et a fortiori un auteur) demeure quand même une proie plus facile qu’un gros producteur cinoche.