HOLLYWOOD NE RÉPOND PLUS (Olivier Rajchman)


Au début des années 1960, la 20th Century Fox traverse une crise sans précédent qui manque de la faire sombrer. Au coeur de cette tempête naissent pourtant deux films : Cléopâtre et Le Jour le plus long, qui marqueront l’histoire du cinéma, ainsi qu’un troisième, Something’s Got to Give, qui demeurera inachevé. Leurs destins, comme ceux de leurs protagonistes, sont étroitement liés, symboles d’un âge d’or des studios brillants de ses derniers feux.

  • Éditeur (poche) ‏ : ‎ Tempus Perrin (18 août 2022)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Poche ‏ : ‎ 480 pages
  • ISBN-10 ‏ : ‎ 2262100128
  • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2262100124
  • Poids de l’article ‏ : ‎ 230 g
  • Dimensions ‏ : ‎ 11.1 x 2.1 x 18 cm

Le destin de trois films, de ceux qui les ont faits, du studio qui les a produits et tout cela à la fin d’une grande époque alors qu’une nouvelle génération est prête à tout changer.

En se basant sur une multitude de sources, de livres et avec en référence le journal intime de Joseph Mankiewicz durant le tournage de Cléopâtre, Olivier Rajchman va effectuer un travail historique passionnant et raconter le début de la fin de l’âge d’or hollywoodien.

Conçu comme une histoire haletante, le livre prend le temps de poser ses protagonistes dans une première partie se déroulant sur les dix années avant le début du tournage de la grande fresque en 1961 avant d’entrer dans le cœur du récit à savoir le tournage simultanée des trois films et les conséquences qui en découleront sur l’industrie cinématographique. Quatre figures : les actrices Elizabeth Taylor et Marylin Monroe, le grand mogul Darryl F. Zanuck et le réalisateur Joseph L. Mankiewicz autour desquelles vont graviter Rex Harrison, Richard Taylor, Elmo Williams (complice de Zanuck), Walter Wanger (producteur de Cléopâtre), George Cukor (réalisateur de Something’s Got to Give) et bien d’autres.

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Si Rajchman enrobe la réalité pour mieux titiller la légende au départ en imaginant Wanger penser à l’idée de Cléopâtre dans les instants de son arrestation suite à la tentative d’assassinat sur sa femme et son amant, sur ce qui nourrira le jeu de Taylor et ses exigences financière suite à la mort de son mari Mike Todd ou bien encore ce qui motivera Zanuck a lancer la production du Jour le plus long suite à sa rupture avec Juliette Greco, il le fait que pour mieux capter le lecteur et le préparer à cette période folle du tournage de deux grands films.

Le livre met ensuite parallèle le tournage d’un péplum au budget estimé à trois millions de dollars et qui en arrivera au final à plus de quarante tant les problèmes de tout part vont s’accumulés, un film de guerre à la logistique incroyable et sur lequel tout va bien se dérouler et un film (inachevé aujourd’hui) sur lequel le mépris vis à vis de Monroe est évident et affligeant.

Si c’est bien sur Cléopâtre qui se taille la part du lion en étant le focalisateur du reste, la description du Jour le plus long est passionnant. On s’attarde sur le tournage du débarquement, des scènes sur Sainte-Mère-Église et sur tous les problèmes qu’il a fallu résoudre au jour le jour. Mon préféré étant le tournage de l’atterrissage des soldats sur le village qui ne se déroule pas comme prévue. Ils ne tombent pas là où il faut alors que tout était parfait lors des répétitions. On trouve enfin le coupable : les projecteurs multiples et énorme pour filmer de nuit qui réchauffe l’atmosphère et déporte les parachutistes.

De l’autre coté on a une production qui devient l’enfer sur terre (je crois que c’est pire qu’Apocalypse Now) suite à des décisions stupides (tournée en Angleterre vraiment ?), une star à l’absence légendaire mais aussi au réel problème de santé (le chapitre sur sa double pneumonie qui a failli l’emporter est quand même tétanisant), des aléas imprévisible de tournages et une romance qui fit scandale (on notera la classe ultime de Burton quand il dira à ses amis quelques heures seulement après « ca y est les mecs, je me la suis faite »)


Hollywood ne répond plus c’est aussi un livre sur Joseph Mankiewicz et comment il sauva un navire du naufrage, fut crucifié pour cela et le changea à jamais. La préface de sa fille expliquant que dans le couloir de la maison était accroché tous les affiches des films de son père sauf Cléopâtre est touchante et remarquable à ce niveau. Le livre est un hommage au travail de titan du réalisateur sans jamais en cacher l’égo et les mauvais coté.

C’est aussi un monde de requin qui est décrit et alors que le pire semble passer voila qu’arrive la post-production du film et les manigances de Zanuck pour reprendre les rênes de la Fox pour que SON film soit privilégié et pour déposséder Mankiewicz du sien.

Brillamment écrit, toujours clair, basé sur une riches sources d’info, le bouquin est tout autant factuel, que drôle dans les propos rapportés des protagonistes et touchant dans certains moments (la mort de Marylin). Le tout est accompagné d’une grande chronologie débutant, tout de même, sur la naissance de César ainsi qu’une partie des pages manuscrites du journal de Mankiewicz.

Un livre passionnant et indispensable pour qui s’intéresse au cinéma américain.

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