HOSTILE t.1 (Sylvain Runberg / Niko Henrichon)

Discutez de Hostile

image

A l’époque de sa sortie, je n’avais pas pris le temps de lire ce 1er tome, en me disant que je lirai ça avec une suite, puisque c’était d’entrée de jeu annoncé en 4 volumes. Évidemment, tel un jeune chien sur une aire d’autoroute en période estivale, le titre a purement été abandonné (par qui et pour quelle(s) raison(s) ? Nous le serons sans doute jamais). Et c’est dommage quand même. Dans un futur où l’équilibre des forces économiques est complètement revu, un conglomérat va délocaliser une de ses usines chinoises dans un des trois pays qui formaient les États-Unis, où le niveau de vie est un des plus faibles du monde. Évidemment, les ouvriers de cette usine et les habitants de cete province, dépendants de l’existence de cette usine ne l’entendent pas de cette manière et le conglomérat à quelques heures devant lui pour dépêcher un petit groupe de mercenaires pour sortir leur PDG de cette embuscade.
Alors, y a pas mal de choses en 56 pages : de la politique d’Etat, de la politique religieuse, de la politique d’économie mondiale et industrielle, et quand même, de la SF qui montre le coin de son nez en toute fin d’album. Ajoutons à cela des mercenaires dont la vie est bien plus complexe que s’ils étaient de simples barbouzes sans famille (ouais, y a un peu de pathos, et à l’échelle de ce tome 1, j’en vois pas trop l’utilité pour le moment, si ce n’est émouvoir le lecteur pour le rendre le perso plus sympa), cela montre aussi que les perso ne sont pas oubliés pour autant. Et malgré la densité des factions et un bon nombre de perso, l’intrigue ne se perd pas en route, tout vient au bon moment.

Pour le dessin d’Henrichon, j’ai des bémols quand même. Le début est vraiment très joli. mais pour le dernier 1/4, je ne sais pas si c’est un manque de motivation ou de la précipitation, mais les dessins sont anguleux, manque de souplesse presque, les visages des persos sont moins fins … étrange et dommage. Même la couleur pour les fonds perd des nuances à la toute fin.

image

image

image

image

image

image

image

image

image

image

C’est bien ce qu’il me semblait. Et c’est dommage, parce que j’avais gardé un bon souvenir de ce premier tome.

Jim

Donc, ce n’est pas la peine que je te le propose ? :wink:

Je l’ai déjà.
Je l’ai acheté vers sa sortie, je l’ai lu quelque temps après, donc plus vite que toi, et j’attendais la suite. Bon, après, j’ai un peu oublié, mais ton commentaire me rappelle l’absence de ces suites attendues.

Jim

En tout cas, je pense que je ne vais pas le garder (je l’avais aussi acheté vers sa sortie, bien vendu qu’il était sur SP et puis, y avait Henrichon). Y aura sûrement jamais de suite, je vois mal Henrichon remettre le couvert.

Pendant un temps, je pensais que la série aurait pu être reprise par un autre illustrateur. Hélas…

Jim

Dans mon souvenir d’époque qui est peut être tronqué par une mauvaise temporalité (et ne sachant pas vraiment comment s’encastrent les différents projets, je me garderai bien de juger aujourd’hui sans savoir), j’avais eu l’impression qu’Henrichon s’était engouffré dans un autre projet dès la parution du tome 1.

Carrément. Runberg tisse une toile politique complexe, et surtout il brosse le portrait d’un monde cynique, entre real politik et néo-libéralisme débridé. Ce n’est pas un diplomate ou un gouvernant qu’on exfiltre, mais un cadre supérieur d’entreprise. Et le mouvement politique de Christian, c’est l’incarnation du flou des sphères, entre cinéma, politique et religion, dans un total mélange digne de la société du spectacle. C’est vraiment une cartographie de notre monde, certes redistribué, mais ce monde saigné à blanc et où les cartes ont été rebattues, c’est le nôtre. Et c’est assez glaçant.

Ouais, de la SF spatiale, on va dire. C’est ce qui connecte cet album à la série Orbital, qui montre de quelle manière l’humanité a intégré un monde plus vaste. Là, c’est les débuts. Nouvelle raison pour trouver dommage l’arrêt de la série.
Mais la SF plus cyber est déjà présente au tout début : les déguisements, la fausse caméra miniature, tout ça. C’est discret et bien amené, en plus de porter ses fruits.

Entièrement d’accord : ça sent l’accélération malheureuse. Dommage, parce que le début est vraiment chouette, avec un sens du détail assez évident.

Jim