INVADERS #1-12 (Chip Zdarsky / Carlos Magno, Butch Guice)

Dans le cadre des festivités de son 80ème anniversaire, Marvel relancera la série Invaders en janvier 2019, avec Chip Zdarsky (Peter Parker : The Spectacular Spider-Man) au scénario et Carlos Magno (Planet of the Apes) et Butch Guice (Captain America) aux dessins.

Et s’il y a deux dessinateurs, c’est parce que les histoires de ce nouveau titre feront des allers-retours entre le présent et le passé.

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Source : www.bleedingcool.com

Sympa.

yes!!

ça peut être cool.

Jim

Hou, Carlos Magno, je l’ai connu il y a plus de dix ans sur le Phantom de Moonstone.

Il a grenouillé aussi sur des titres Dynamite, je crois.
Avec un encreur potable et un bon coloriste, ça peut aller, je pense.

Jim

Mouais, mouais … vous essayez de vous persuader, là ?
Bon, Zdarsky (même sans Hutch) a fait ses preuves, ça peut être pas mal !

Magno, j’aime bien. Il est souvent très mal colorisé, mais y a souvent une énergie sympa.
Avec une prod maîtrisée, ça peut faire son office.

Jim

Les couvertures du #1 par Butch Guice et Alex Ross :

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Je reprends plaisir à revoir des couverture de Ross. C’est la deuxième que je vois où je trouve qu’il sort de son confort …

Déjà, c’est moins flashy / disco.
Bon, après, il revient aussi aux fixettes affichistes de ses débuts, mais le voir jouer avec les codes d’Alex Schomburg, c’est cool.

Jim

Ce n’est pas la première fois que je vois, parlant du travail d’Alex Ross, de « zone de confort ». Pour ma part, plutôt amateur de son travail, je ne l’ai justement jamais vu s’enferrer dans un quelconque couloir de nage, duquel il ne sortirait pas ou plus. Au contraire. Dans l’économie assez contraignante de la réalisation de couvertures (à un rythme assez élevé), il réussit à ne pas être monotone. Tout en gardant son style, certes.

Cela dit je suis tout autant surpris de voir qu’on demande à un artiste qu’il change sa « patte ». Puisque c’est elle qui fait sa renommée.
Un peu comme si je demandais à mon boulanger de changer la recette de sa baguette.

Le changement pour lui-même me semble assez vain. Surtout s’il on aime ce qui est produit (couvertures ou baguettes).

Et puis si un éditeur fait appel à lui, c’est qu’il lui demande, du moins je le suppose, du Alex Ross™©, sa marche de manœuvre doit être réduite d’autant.

Jim

1 « J'aime »

Je trouve un peu étrange le contre-argumentaire consistant d’abord à nier que Ross fasse toujours la même chose, puis à valoriser le fait qu’il fasse toujours la même chose et à dire qu’il n’a pas de raison de faire autre chose… Mais j’ai encore dû mal comprendre.

Pour ma part, il me semble bien, pour reprendre la métaphore nº1, que Ross arpente encore et toujours le même « couloir de nage » : c’est du dessin hyper-académique d’après modèles (je peux me tromper, mais je doute qu’il sache faire autre chose), multipliant les poses héroïques / hiératiques, assorti d’un goût… disons, plus particulier, pour ce qui est de la mise en couleurs. Mais je suis tout à fait prêt à reconnaître en revanche que dans son « couloir » particulier il n’a guère de rival, qu’il récolte toutes les médailles et qu’il aurait donc bien tort d’arrêter les compétitions de 100m brasse pour se mettre à l’équitation. Dans cette optique, je crois deviner — sous réserve de confirmation par l’intéressé — que ce que pointait Soyouz était plutôt une composition d’images un peu plus originale que d’habitude ; mais le fait est que pour le reste, on reconnaît immédiatement Ross.

Ensuite — pour poursuivre avec la métaphore nº2 —, sans aller jusqu’à demander au boulanger de changer la recette de sa baguette du tout au tout et toutes les semaines au motif du « changement pour le changement », si le bout de pain en question a exactement le même goût tous les jours sans nuance ni exception pendant vingt-cinq ans, il y a de quoi suspecter de la production industrielle hyper-calibrée plutôt que de l’artisanat pétri avec amour.

Cet été, on était quand même quelques-uns sur ce forum à s’interroger pour savoir si la couverture qu’il avait pondu pour un numéro de la mini-série Plastic Man de Gail Simone était un « original » ou s’il avait ressorti un dessin de Kingdom Come (indépendamment du fait que les ambiances des deux séries sont à des kilomètres). Il s’est avéré, après vérification, que ce n’était pas le cas et que c’était bien une création, mais le fait que personne ne puisse le dire « à l’œil nu » pose quand même question. Si des gusses comme Hergé, Franquin, Kirby ou Pratt étaient à ce point resté figés dans leur style de leurs débuts, l’histoire de la BD en aurait quelque peu été changée…

Tant mieux pour Ross si ce qu’il produit lui plaît, et plaît à un assez large public, et lui rapporte. Mais il est tout de même enfermé — fût-ce avec brio — dans un style qui montre zéro degré de possibilité, et de volonté, d’évolution. Ce qui lui permettrait peut-être de s’ouvrir à d’autres horizons. Parce qu’autant une couverture de Ross, ou une illustration format « pin up », ça peut le faire ; autant quand on commence à en mettre plusieurs à côté les unes des autres, personnellement l’indigestion menace vite ; et si on lui demande de faire autre chose qu’illustrateur et de vraiment dessiner une BD, là, pardon, mais bonjour les dégâts. Et je ne peux m’empêcher de repenser à un Esad Ribić dont le travail sur Silver Surfer: Requiem de JMS, par exemple, il y a dix ans, était complètement dans la même approche (ce qui n’a pas peu contribué à ce que le bouquin me tombe des mains, d’ailleurs), et qui a su, lui, évoluer positivement.

Oui, en effet.

C’est beau, une porte de sortie. :yum:

Ahahah, rien que pour ça le tome 2 est excellent.

Après, à la décharge de Ross, il faut reconnaître qu’il existe des lecteurs (dont je suis…) qui n’apprécient pas toujours à leur juste mesure ses explorations, quelles qu’elles soient. Par exemple, ces dernières années (je dirais que ça a commencé avec sa couverture de Captain America quand Bucky a remplacé Steve et troqué un bouclier contre un flingue), il a usé jusqu’à la corde le motif du rayonnement en étoile, de l’éclaté lumineux, qu’il a décliné dans toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, dans des ambiances stroboscopiques disco-hippy pas du meilleur goût. Force est de constater que là, durant cette période multicolore, il explorait un truc, plus de l’ordre de la palette chromatique que de la technique, qui à mon sens semble rester la même. Personnellement, je n’étais guère client, et apparemment, je n’étais pas le seul (je sais, ce n’est pas un argument).
Personnellement, moi, Ross, j’aimerais le voir crayonner et encrer ses planches. Il s’est expliqué, il y a des années, sur le fait qu’il ne fait (faisait) plus que des couvertures ainsi que le storyboard (déjà extrêmement poussé) des BD qu’il chapeautait : c’était une question de temps et de tarif, il préférait engranger de l’argent de cette manière et conserver du temps pour sa famille. Ça se comprend. Très bien. Sauf que désormais, je crois que ses obligations familiales lui dégageraient du temps, et j’avoue que ses facilités graphiques ainsi que l’élégance de ses personnages me raviraient si j’avais l’occasion d’en profiter dans une BD. Les quelques images de sa proposition concernant Fantastic Four, à découvrir dans Marvelocity, me confortent dans cette idée : j’aimerais voir une BD de Ross dessinée par Ross (et pas finie par un gars moins bon que lui).
J’aimerais aussi le voir signer des couvertures « calmes ». Dans Marvels, sa dimension « normanrockwellienne » m’avait emballé, j’aimais sa capacité à représenter des gens dégustant un milkshake, par exemple. J’aime ça, et j’aimerais en voir plus souvent.
Enfin, je trouvais dans cette couverture une influence d’Alex Schomburg (des personnages gigantesques prenant l’allure d’allégories penchées sur le champ de bataille), mais en fait, je crois que la référence directe, c’est la couverture du Giant Size Invaders, illustrée par Frank Robbins et John Romita. Certes, elle est influencée par Schomburg, mais j’ai bien l’impression que c’est elle que Ross a en tête.
Ce qui m’amène à ce qui me semble le seul vrai reproche que j’aurais à son endroit (et encore, c’est pas un gros reproche), c’est que Ross n’arrive pas à s’émanciper de sa connaissance encyclopédique des héros et de son amour immodéré du genre. Ce qui fait de lui une sorte de fanboy ultime, farcissant son travail de références. Et de nostalgie. Cela fait de lui l’illustrateur idéal pour un projet comme celui qui nous occupe, mais cela explique aussi sans doute pourquoi j’apprécie ses couvertures d’Immortal Hulk : parce que le sujet est l’ambiance sont aux antipodes de ce que l’on connaît de ses goûts, et que la rencontre nourrit les illustrations d’une tension intéressante.

Pour Marvelocity, ça se passe ici :

Pour le pitch de Fantastic Four, c’est là :

Jim

Comme je le disais, c’est vrai que son usage des couleurs est moins… académique. Assez régulièrement, faut que ça pète, que ça flashe, que ça rutile, que ça chrome, et que ça associe les couleurs d’une façon qui fasse faire une syncope à quiconque a deux sous de notions de graphisme. La couverture que tu décris faisais partie de celles auxquelles je pensais, oui, en mode « ça me donne un peu envie de m’arracher les yeux ». Mais je n’aurais pas pensé à classer ça au rayon d’une expérimentation nouvelle à un certain point de sa carrière — j’aurais spontanément plus pensé ça lié, éventuellement, à tel ou tel personnage (sur Batman, il évite, par exemple) qu’à une évolution. Il me semble que les outrances multicolores, elles étaient déjà bien présentes dès Kingdom Come (de mémoire), typiquement.

Je n’y pensais plus, mais tu as raison. Mais ça fait longtemps qu’il n’a plus donné dans cette veine-là. Et globalement, à l’inverse de l’exemple que je donnais avec Ribić, j’ai tout de même spontanément l’impression que Ross dessinateur « au long cours » sur une BD, le sens de l’évolution générale est que plus ça va, moins ça va…

Oui, c’est vrai que pour le coup, certaines de ses couvs pour cette série-là sont assez surprenantes.

J’avais bien vu quand tu en avais parlé sur un autre topic, mais j’avoue que personnellement ça ne m’a pas fait rêver tant que ça. D’autant que même en annonçant seulement un « pitch » tu survends un peu la chose je trouve…! :sweat_smile:

Je sais pas trop. J’ai quand même eu l’impression d’une fréquence plus élevée de ses couvertures « disco », ces dernières années chez Marvel. Et le motif de la lumière éclatée, pouah.

Je ne fais que reprendre l’expression qui semble employée dans les extraits de Marvelocity. C’est plus une proposition graphique qu’un pitch en tant que tel. Qui, là encore, transpire la nostalgie. J’adore comment il dessine les Fantastiques, mais les replonger dans l’imagerie kirbyenne et flanquer Sue d’une coiffure laquée d’époque, c’est dommage.

Jim