INVADERS #1-12 (Chip Zdarsky / Carlos Magno, Butch Guice)

Après, à la décharge de Ross, il faut reconnaître qu’il existe des lecteurs (dont je suis…) qui n’apprécient pas toujours à leur juste mesure ses explorations, quelles qu’elles soient. Par exemple, ces dernières années (je dirais que ça a commencé avec sa couverture de Captain America quand Bucky a remplacé Steve et troqué un bouclier contre un flingue), il a usé jusqu’à la corde le motif du rayonnement en étoile, de l’éclaté lumineux, qu’il a décliné dans toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, dans des ambiances stroboscopiques disco-hippy pas du meilleur goût. Force est de constater que là, durant cette période multicolore, il explorait un truc, plus de l’ordre de la palette chromatique que de la technique, qui à mon sens semble rester la même. Personnellement, je n’étais guère client, et apparemment, je n’étais pas le seul (je sais, ce n’est pas un argument).
Personnellement, moi, Ross, j’aimerais le voir crayonner et encrer ses planches. Il s’est expliqué, il y a des années, sur le fait qu’il ne fait (faisait) plus que des couvertures ainsi que le storyboard (déjà extrêmement poussé) des BD qu’il chapeautait : c’était une question de temps et de tarif, il préférait engranger de l’argent de cette manière et conserver du temps pour sa famille. Ça se comprend. Très bien. Sauf que désormais, je crois que ses obligations familiales lui dégageraient du temps, et j’avoue que ses facilités graphiques ainsi que l’élégance de ses personnages me raviraient si j’avais l’occasion d’en profiter dans une BD. Les quelques images de sa proposition concernant Fantastic Four, à découvrir dans Marvelocity, me confortent dans cette idée : j’aimerais voir une BD de Ross dessinée par Ross (et pas finie par un gars moins bon que lui).
J’aimerais aussi le voir signer des couvertures « calmes ». Dans Marvels, sa dimension « normanrockwellienne » m’avait emballé, j’aimais sa capacité à représenter des gens dégustant un milkshake, par exemple. J’aime ça, et j’aimerais en voir plus souvent.
Enfin, je trouvais dans cette couverture une influence d’Alex Schomburg (des personnages gigantesques prenant l’allure d’allégories penchées sur le champ de bataille), mais en fait, je crois que la référence directe, c’est la couverture du Giant Size Invaders, illustrée par Frank Robbins et John Romita. Certes, elle est influencée par Schomburg, mais j’ai bien l’impression que c’est elle que Ross a en tête.
Ce qui m’amène à ce qui me semble le seul vrai reproche que j’aurais à son endroit (et encore, c’est pas un gros reproche), c’est que Ross n’arrive pas à s’émanciper de sa connaissance encyclopédique des héros et de son amour immodéré du genre. Ce qui fait de lui une sorte de fanboy ultime, farcissant son travail de références. Et de nostalgie. Cela fait de lui l’illustrateur idéal pour un projet comme celui qui nous occupe, mais cela explique aussi sans doute pourquoi j’apprécie ses couvertures d’Immortal Hulk : parce que le sujet est l’ambiance sont aux antipodes de ce que l’on connaît de ses goûts, et que la rencontre nourrit les illustrations d’une tension intéressante.

Pour Marvelocity, ça se passe ici :

Pour le pitch de Fantastic Four, c’est là :

Jim