JANET JONES, PHOTOGRAPHE t.1-3 (Dieter / Stéphane Duval)

Discutez de Janet Jones, photographe

Western atypique et série mésestimée.

jim

La série Janet Jones Photographe, parue chez Delcourt entre 1999 et 2001, se veut un western féministe. L’héroïne, formée à l’art de la photographie, pense trouver dans l’ouest sauvage une source d’inspiration. Ne trouvant que les cadavres des victimes de duel à « immortaliser », elle décide de se joindre à un convoi de pionniers histoire de fixer sur plaque paysages exotiques et indiens pittoresques. Bien sûr, tout ça ne va pas se dérouler comme prévu.

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Écrit par Dieter et illustré par Stephane Duval, cette série se compose de trois tomes, chacun proposant un récit séparé. Dans le premier, Janet Jones partage la vie de pionniers, avec les aléas, les pertes de chariots, les rencontres tendues, la météo capricieuse, les vivres qui manquent, la foi à laquelle on s’accroche aveuglément et… une vengeance pernicieuse. Si l’identité du coupable (car il en faut un) est assez facile à trouver, le sel se situe surtout dans le portrait des personnages composant le convoi.

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Dans le second tome, Janet, qui est arrivée en Californie et s’est associée à un géographe, fait une escale à Golden Creek, une ville champignon ayant poussé sur la fièvre de l’or. Elle va croiser le chemin de putes au grand cœur et de l’empereur Jack, fondateur de la ville et riche exploitant de ses commerces.

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Dans le troisième album, Janet, désormais maman, franchit de nombreuses contrées à la poursuite de l’assassin de son amant, avant de se rendre compte qu’elle courait après une illusion. Et les lecteurs, avec elle, de comprendre que l’Ouest est une machine à broyer les humains, qui qu’ils soient.

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La photographie est un prétexte qui disparaît graduellement au fil du récit, au point de ne plus figurer que sur le titre du troisième album. Ce qui compte, au final, c’est Janet Jones elle-même, une femme forte mais encore pleine d’idéaux. La voix off, prenant l’aspect des lignes couchées sur un journal personnel, est plutôt habile. Les dialogues, cela dit, sont encore trop modernes et n’ont pas cette petite touche « historique » qui conviendrait sans doute à une évocation de la conquête de l’ouest.

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Le dessin de Stéphane Duval, inspiré de Moebius, de Darrow et surtout de Plessix, se bonifie avec les albums. Dense, serré, un peu raide et emporté par une volonté de trop en montrer dans le premier tome, il respire dans le troisième, permettant des compositions plus soignées et de jolis plans de décors.

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Série méconnue, Janet Jones Photographe mérite une redécouverte.

Jim