JÉRUSALEM - Alan Moore (Inculte)

Jerusalem, le deuxième roman écrit par Alan Moore, sera publié en septembre 2016 simultanément en Angleterre, par l’éditeur Knockabout comics, et aux Etats-Unis, par l’éditeur Liveright. En fin d’année dernière, Moore s’est fendu d’une petite présentation de ce projet pharaonique de plus d’un million de mots :

source : fr-fr.facebook.com/editions.inculte

Les éditions Inculte ont également annoncé avoir acquis les droits du roman fleuve d’Alan Moore pour une parution française prévue pour fin 2017, avec Christophe Claro à la traduction:

source : http://towardgrace.blogspot.fr

[quote=« Benoît »]…]

Les éditions Inculte ont également annoncé avoir acquis les droits du roman fleuve d’Alan Moore pour une parution française prévue pour fin 2017, avec Christophe Claro à la traduction:[/quote]

Ça c’est une très très bonne nouvelle, d’autant que **Claro ** a une excellente réputation, et qu’il a déjà traduit des auteurs réputés « difficiles ».

Merci de la nouvelle *amigo *!

Oui, excellente nouvelle !

C’est clair, mais…fin 2017 ?? Vache, c’est loin !

Claro aux commandes, c’est parfait. Il a tâté de Thomas Pynchon, Mark Z. Danielewski ou William H. Gas : pas spécialement des auteurs « commodes » ; il devrait s’en sortir comme un chef. Ceci étant dit, nonobstant la somme de travail peut-être rédhibitoire, j’aurais bien vu Patrick Marcel réitérer sa belle performance sur « La Voix du Feu ».

Vi, aussi ! Je pensais cela comme une évidence, mais bon …

Source : Le Clavier Cannibale (Claro)

Gasp. 2000 pages. Voilà de quoi occuper les longues soirées d’hiver l’an prochain. Je suis curieux de voir comment cet opus va se distinguer de La voix du feu, le résumé de Jerusalem évoquant une certaine parenté avec le livre précédent de Moore (la structure polyphonique, la façon dont plusieurs existences façonnent un lieu physiquement et spirituellement au cours du temps qui passe).

Nom de Zeus !!! Mais je n’ai jamais lu 2000 pages, moi ! ça doit être un sacré exercice !

Je suis sûr que tu as dépassé les 2000 pages à ce stade de ta vie, Soy. :mrgreen:

Blague à part, je n’ai moins non plus jamais lu un ouvrage aussi volumineux, de mémoire de lecteur.

En poche, les Chroniques des années noires de Kim Stanley Robinson doit taper dans les mille pages, Les Bienveillantes de Jonathan Littel dans les mille quatre cents. Après, je suis sûr qu’il y a d’autres trucs colossaux chez moi, mais là, ça ne me vient pas à l’esprit tout de suite. Donc rien que dans ma bibliothèque, ça va faire office de record, ouais.

Jim

Trône de Fer, anyone ?

C’est un cycle, est-ce que ça compte ?
Chacun des volumes est-il donc à ce point épais ?

Jim

t’as du 1400 ou 1600 pages le bout, ouais.

Ah ouais quand même.
Moi qui n’étais déjà pas sûr de le lire un jour, là, je crois que je vais oublier l’idée, carrément.

Jim

j’avais lu le seigneur des anneaux en édition compilée, couverture rigide et illustrations magistrales de alan lee. Ca faisait un gros pavé écrit petit.

La couverture, dessinée par **Moore ** *himself *:

Edit : SOURCE

"]*Traduire c’est vider des greniers

Pour un traducteur, les meilleurs dictionnaires sont les livres. Si le sens n’est pas un papillon, alors c’est un moustique, et rien de tel qu’une piqûre de rappel pour s’enfiévrer de ses possibles. Quand on traduit, on est traversé, bombardé par des particules sonores, mais également visité par des bactéries signifiantes, et l’on peine parfois à les cultiver, à les laisser se propager. Rien de tel, donc, qu’une immersion dans d’autres marécages pour refaire le plein de turbulences. Mais comme je crains que ce salmigondis d’images nuise à mon propos, partons en exemple.

Traduisant en ce moment Jerusalem d’Alan Moore, je baigne peu ou prou (plutôt prou) dans le contexte suivant: fantômes, maisonnette obscures, portes dérobées, hallucinations, jeux d’ombre et de lumière, présence énigmatique des objets, etc. Afin de ne pas perdre le fil, et surtout d’enrichir ma pelote (ah, zut, encore des images emberlificotées…), je me permets des excursions, des robinsonnades, bref, j’ouvre d’autres livres susceptibles de chasser sur les mêmes terres.

J’ai donc ouvert, instinctivement, Le Grand Nocturne, de Jean Ray, et ma foi la moisson n’a pas été décevante. Tant d’un point de vue lexical qu’imagé, le texte me fournit des pistes, déploie des échos, j’y glane d’utiles levures. Il ne s’agit pas forcément de mots ou d’expressions que j’ignorais, mais qui n’étaient pas actifs/actives présentement. L’acte de traduire resserre parfois la focale, et il est bon de faire des courants d’air pour que tout reste disponible dans l’air ambiant du cerveau.

Je fais donc mon « marché »: je relève le mot « ordonnance » dans l’expression « l’ordonnance des menus »; je profite de cette notation concernant les cercles laissés par des verres sur une table:
« au vernis brûlé par la pipe et le cigare et marqué par les rondes épures d’anciens verres et de bouteilles. »
Cet « épure » est précieux. Et que dire de « des chaises massives gonflées de cuir de Cordoue »? Voilà un usage de « gonflé » qui peut servir, c’est sûr. Je picore ici le mot « souvenance », là celui de « arrière-façade ». Je retiens cette « eau brumeuse », elle servira sans doute, tout comme ces « céramiques irisées ». Tant qu’on y est, empochons aussi ces « flacons pansus ». Ah, j’allais oublier, il me faut absolument ce « brasillement ».

Pour le traducteur, par une curieuse malice optique, se concentrer, c’est avant tout se diffracter. Il lui faut chercher ailleurs les mille et une calories verbales qui manquent à son esprit par trop tendu. Mais où ? par quelle méthode? Oh, le cerveau humain est ainsi fait qu’il guidera votre main vers le bon volume au bon moment. Sérendipité, ô concordance des temps.


Réference: Le Grand Nocturne, de Jean Ray, Actes Sud-Babel*

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J’ai donc ouvert, instinctivement, Le Grand Nocturne, de Jean Ray, et ma foi la moisson n’a pas été décevante.
Bien, Claro, très bien !

http://imageshack.com/a/img921/7629/9jddRj.png

L’acteur Simon Vance, l’homme qui s’est chargé d’enregistrer la version audio de Jerusalem, alias « le livre le plus long qu’il a jamais lu », vient de raconter son aventure et sa rencontre avec nul autre que l’auteur Alan Moore lors d’un Vlog (Video-Blog) en plusieurs chapitres.

C’est à découvrir sur la chaine Vimeo.

Dès septembre Claro nous propose de suivre sur son blog son travail de traduction sur Jerusalem.

Mais dès à présent il explique son travail de manière globale :

1° : Calibrer : (Pour en savoir +)

2° : Combien de fois lit-on le texte que l’on traduit ? (Pour en savoir +)

Et enfin, un commentaire pour la reconnaissance du travail de traducteur (Pour en savoir +), un sujet auquel je pense souvent et particulièrement ce matin puisque je suis en train de lire un album de Glénat Comics et que cet éditeur à la fâcheuse manie de mettre le nom du traducteur dans l’ours ; un ours minuscule de surcroît.

Alors que de mon point de vue le traducteur est un co-écrivain rien de moins, ou pour la BD au minimum un co-dialoguiste, mais il me semble que certains éditeurs veulent nier leur apport, essentiel, dans la transmission d’une oeuvre dans une autre langue que celle où elle a été écrite.

Aberrant !