JOBS (Joshua Michael Stern)

Voici les premières images du biopic retraçant « les 30 années déterminantes de la vie de Steve Jobs » (d’après le communiqué du Festival de Sundance où le film sera projeté fin janvier).
C’est Ashton Kutcher qui incarne le co-fondateur d’Apple.

[quote]DATE DE SORTIE FRANCAISE

21 août 2013

REALISATEUR

Joshua Michael Stern (Swing Vote avec Kevin Costner)

SCENARISTE

Matt Whiteley

DISTRIBUTION

Ashton Kutcher, Josh Gad, Dermot Mulroney, J.K. Simmons, James Woods, Ron Eldard, Matthew Modine, Lukas Haas, Lesley Ann Warren…

INFOS

Long métrage américain
Genre : Biographie/Drame
Année de production : 2012[/quote]

Ashton Kutcher (Steve Jobs) et Josh Gad (Steve Wozniak) :

Le genre de projet qui déclenche chez moi de furieuses envies de meurtre…

Explique-nous donc ça.

Jim

Bon, déjà je n’aime pas le genre du biopic, ou alors quelques exemples très marginaux (« Great Balls of Fire » par exemple, ou alors le « Young Mr Loncoln » de Ford mais c’est un exemple un peu particulier car il ne se concentre que sur un épisode de la vie du président américain).

La nature opportuniste du projet crève tellement les yeux que c’en est embarrassant, et je ne suis pas fou de Kutcher en prime.

Mais surtout (c’est très personnel et je veux bien être contredit), je me pose de sacrés questions sur une époque dont les héros / messies sont des chefs d’entreprise…
De plus, ayant un rapport très faible à la technologie, je m’interroge également sur la nature supposée révolutionnaire de l’action de Jobs.

Moi, j’aime bien le biopic en général. J’aime bien Ali. J’aime beaucoup La Môme. Je suis fan de Tucker. Et sur le principe, je n’ai rien contre un biopic, peu importe ce que je pense du personnage mis en scène. Donc en soi, je dis « pourquoi pas ».
Après, j’aime bien quand c’est une personnalité forte qui s’en charge. Une vision d’auteur qui se confronte à l’histoire, c’est toujours mieux. Ed Wood me semble l’exemple le plus parlant d’un biopic qui allie le sujet fort et la vision d’auteur.

Ouais, je pense aussi que Social Network a pas mal aidé, ça a amené les producteurs à réfléchir à des figures « actuelles ».

Alors sur le principe, je suis d’accord. Mais bon, ça peut aussi donner de bons films.
Après, ce qui m’embarrasse un peu plus, c’est que, au final, c’est une figure de vainqueur qu’on nous propose ici. En soi, pourquoi pas, mais cette incarnation du rêve américain m’inquiète un peu dans le sens où ça peut tourner à la défense et illustration d’un système capitaliste libéral un peu deshumanisé à force d’idéalisation. C’est pour cela que les films sur des perdants, sur des vaincus glorieux, comme Wood ou Tucker, ça me parle nettement plus.

Pour moi, c’est le mec qui a lancé des ordinateurs que même moi je peux utiliser. Donc c’est mon héros ! Car moi aussi, mon rapport à la technologie est proche du zéro (sans doute même le zéro absolu).
Au-delà de la boutade, j’imagine que quelqu’un qui s’y connaît saura expliquer pourquoi ce type est important (ou pas), et en quoi il a changé les choses (ou pas).
Tout repose sur le projet du film, sa note d’intention. Moi, les bagnoles, j’en ai franchement rien à faire, et les avions encore moins, mais je trouve d’énormes qualités à Tucker et j’aime bien The Aviator (malgré les raccords pourris des scènes à table, ou tout ça…).
J’ai pas encore vu Social Network, mais si j’ai bien compris, l’une des forces est justement de mettre en valeur un type qui n’est ni aimable ni empathique, une sorte de coquille vide émotionnelle, froid et égoïste. Ce qui me semble un parti pris intéressant.
Et là, j’en reviens à la personnalité du réalisateur et du scénariste, qui me semblent importants dans ce type de projet…

Jim

J’ai bien aimé Blood and bones dans le genre, qui, en plus de dépeindre un personnage profondément détestable, proposait en sus une peinture sociale instructive du Japon de cette époque.

J’entends vos arguments, mais je ne crois pas du tout que ce projet va se diriger vers un « biopic intéressant car ambigü et basé sur une personne antipathique » (ce qui peut être intéressant en effet). On va avoir droit à une hagiographie en règle…
Pour Jobs, oui, je veux bien qu’on m’explique qu’il a révolutionné un outil technique, mais j’ai envie de dire : et alors ? Je ne connais pas le nom de l’inventeur de la voiture, et voilà qui ne me manque pas tellement. L’apport technique, en soi, c’est une coquille vide.
Peut-être que sa vie fut passionnante, mais bon, comme de nombreux anonymes j’ai envie de dire…

L’exemple de « The Social Network » (que j’ai beaucoup aimé) ne m’est pas venu en tête du tout de manière surprenante, mais je crois savoir pourquoi : ce film n’a tellement aucun rapport avec Zuckerberg et Facebook que ça ne m’est pas venu à l’esprit de faire le lien.
Le vrai sujet de « The Social Network » c’est de montrer une sorte de transfert de pouvoir entre deux types de businessmen : les geeks prennent le pouvoir en gros, et ce qui intéresse Fincher c’est de répondre à la question « est-ce que les hommes changent le pouvoir quand ils y accèdent ou est-ce que c’est le pouvoir qui les change ? ». Evidemment Fincher opte plutôt pour la deuxième réponse.
C’est une thématique forte et en totale cohérence avec la filmo passée de Fincher, qui se révèle depuis une douzaine d’années comme un auteur de tout premier plan.

Je peux évidemment me tromper, mais je crois pas qu’on aura ce type de réflexions au sujet de « jOBS »…

Jim, je n’ai plus « The Aviator » en tête, mais méfie-toi des raccords pourris et / ou bizarres chez Scorcese : ils sont souvent volontaires, et signes que quelque chose commence à ne plus tourner très rond dans la tête du protagoniste principal (je pense au grain de beauté de De Niro qui se ballade de sa joue droite à sa joue gauche dans la fameuse scène du miroir de « Taxi Driver » : sans nous le faire comprendre clairement, ces « faux raccords » volontaires indiquent qu’on assiste à un dialogue en champ / contre-champ entre un homme et son reflet ; la shizophrénie est le grand sujet de Scorcese).

Possible, ce film ne m’intéresse pas non plus d’ailleurs, pas plus que le personnage en soi. Je soutenais plus Jim sur le fait que le biopic peut donner des bonnes choses. Ce qui m’intéresse dans ce genre de films, c’est qu’il permet de resituer un personnage par rapport à son époque, et d’en aborder les troubles sociaux, politiques, etc… Le Lincoln de Spielberg, pour prendre un exemple, m’intéresserait pour la période charnière qu’il évoque, soit l’Amérique au moment de l’abolition de l’esclavage et de la guerre de sécession.

Alors je suis exactement sur la même longueur d’ondes que toi (mais les biopics ne sont que trop rarement de cet acabit, on a souvent des histoires édifiantes grandement romancées au regard de la « réalité »), et d’ailleurs le « Lincoln » de Spielberg m’intéresse aussi énormément, sans compter qu’il dialogue paraît-il avec le « Young Mr Lincoln » de Ford que je citais plus haut, et qui est un film formidable (et relativement méconnu pour du Ford).

Extrait :

J’ai vu l’extrait, j’espère que l’on verra une vraie bande annonce qui montrerai le parcours de Steve Jobs parce que je n’accroche pas pour l’instant.

La bande-annonce :

http://img845.imageshack.us/img845/8508/7iee.jpg