Trading Card de 1994 par Sean Phillips :
On aurait pu ajouter Etrigan
Ca fait longtemps que je l’ai pas vu sur un titre il devient quoi ?
il devient quoi ?
Hurtt signe des couvertures et il continue de travailler avec son pote Cullen Bunn. En 2023, ils ont sorti The Midnite Show, une mini-série d’horreur, et depuis ils bossent sur une relance de The Sixth Gun prévue pour cette année. L’année dernière, il y a eu un prélude chez Oni.
Merci doc
SAGA OF SWAMP THING #37 (1985) :
Comptant parmi les runs les plus influents des années 80 (pas d’Hellblazer ni de Sandman sans ce titre-là, par effet « boule de neige », sans oublier la réunion du duo Alan Moore/Len Wein sur Watchmen* ou encore son impact déterminant sur le futur label Vertigo, avec la grande Karen Berger comme trait d’union), le fameux Saga of Swamp Thing de Moore/Bissette/Totleben a notamment marqué les débuts de la « British Invasion** » ainsi que l’entrée en scène d’un certain John Constantine.
*à l’exception du dernier numéro (Watchmen #12) alors jugé trop proche d’un épisode de The Outer Limits par l’editor Len Wein (à tel qu’il préféra prendre ses distances avec ce final « poulpe fiction »)
**avant que les créatifs américains ne finissent par « contre-attaquer » via la génération des Image Boys, du moins selon la perspective du scénariste Grant Morrison dans son ouvrage Supergods
Soit l’un de ses apports les plus importants sur le long terme, à l’instar d’autres contributions d’Alan Moore à l’univers partagé de DC comics (servant toujours depuis lors de carburant à l’inspiration des scénaristes actuels*, comme l’a démontré l’assez récent event Dark Crisis on Infinite Earths de DC, ou encore l’influence qu’à pu avoir l’une de ses histoires courtes sur le lore des Green Lantern).
*Alan Moore: “going through my trashcan like raccoons in the dead of the night”
Relancé en 1982 (afin de surfer sur la sortie du navet de Wes Craven, dont la principale contribution fut la romance entre Alec & Abby), la série Saga of Swamp Thing était alors supervisé par Len Wein (le co-créateur du personnage), dont le choix s’était alors porté sur Martin Pasko (avec qui il refera équipe à l’occasion de Batman: TAS) pour un run assez bref d’un an et demi (19 N°), et cela jusqu’à l’arrivée du Barbu de Northampton. Un changement motivé par les tensions au sein de l’équipe créative (Martin Pasko ne s’entendant pas très bien avec Bissette & Totleben) ainsi que des ventes faibles (la série DC avec les pires chiffres de ventes paraît-il) l’entrainant vers le seuil d’annulation.
Elizabeth Sandifer : « Moore, however, approached the situation with his characteristic gusto. After his conversation with Wein, Moore received a package containing the Pasko run, and he immediately set out writing a fifteen page assessment of everything that was wrong with it and how he intended to fix it. The first and biggest problem Moore identified was that the root idea of Swamp Thing, though good for a few stories, was profoundly limited. This analysis included Moore’s description of the character as “Hamlet covered in snot. He just walks around feeling sorry for himself. That’s understandable, I mean I would too, but everybody knows that his quest to regain his lost humanity, that’s never going to happen. Because as soon as he does that, the book finishes.” But beyond that, Moore noted that there were larger problems, such as the fact that “other than being a bit lumpy and kind of greenish, the only thing that you can say about him is that he’s very strong. Which in the DC Universe – which back then had lots of people who could play ball with planets – being strong was quite vanilla, really” and that “we had to come up with a better way for the Swamp Thing to travel around, rather than constantly moving around the country upon freight trains or in the boot of a car or in some truck.” He also touched base with Bissette and Totleben, and found, unlike Pasko, that he was very much on the same page as his artists. They were eager to draw more horror content, and his desire to take greater advantage of Swamp Thing’s status as a vegetable monster found an immediate resonance in John Totleben’s desire to explore the fact that Swamp Thing was “this guy made out of moss and mud and these weeds and junk growing on him.”
Un run précédent ayant laissé derrière lui quelques reliquats d’intrigues qu’Alan Moore pris soin par courtoisie de terminer dans son 1er numéro*, avant d’enclencher les grandes manoeuvres avec le célèbre numéro suivant (le fameux stand-alone qu’est « La Leçon d’Anatomie », resté depuis lors dans les annales en raison de sa très grande qualité et de son twist mémorable).
*tel Peter David quand il débarqua sur Incredible Hulk peu après la mort du général Ross, Alan Moore débarquant quand à lui juste après la mort d’Arcane (la némésis de Swamp Thing)
Un 1er numéro faisant brutalement le ménage dans le casting (sa manière de trier le bon grain de l’ivraie), à base de lance-flammes et d’armes à feux, en allant même jusqu’à tuer le protagoniste principal à la fin de ce premier numéro. Soit un démarrage en trombe, sur le point de dévoiler l’atout dans sa manche. « Tout ce que vous croyez savoir sur ce personnage s’avère être faux. » Une approche devenue assez familière depuis (de l’ordre du poncif désormais) mais qui à cette période-là était par contre beaucoup plus novatrice (mais pas la première fois pour Moore, qui avait alors déjà bien secoué le cocotier en ce qui concerne sa relance remarquée de Marvelman/Miracleman).
Un développement fertile, élargissant considérablement l’horizon du personnage, qui cesse dès lors de courir après un mirage (cette humanité qu’il croyait à tort être la sienne, le démarquant ainsi d’un Ben Grimm également prompt à s’apitoyer sur son sort comme le Swamp Thing pré-Moore) pour mieux assumer sa véritable nature, celle d’un être végétal qui n’a en fait jamais été humain. Soit un changement de paradigme proprement radical, qui ne fut pas forcément du goût de tout le monde (Wein l’a bien sûr approuvé en tant qu’editor du début de ce run, mais Martin Pasko le prédécesseur de Moore, a par contre moyennement apprécié ce changement complet de direction « so British »).
En plus de Len Wein (qui finira par laisser sa place d’editor à Karen Berger) Moore est alors aussi épaulé par Bissette & Totleben, qui se chargeaient déjà de la partie graphique avant l’arrivée du barbu. Lorsque Alan Moore demanda à Steve Bissette & John Totleben ce qu’ils souhaitaient faire, l’une de leurs principales idées n’était autre qu’un sosie de Sting. Mais comment incorporer cette requête dans l’univers de Swamp Thing sans que cela ne jure (tel l’inclusion au chausse pied du comique Don Rickles dans Le Quatrième Monde de Kirby) ? Alan Moore cherchait alors à s’éloigner d’une certaine image d’Épinal de la figure du magicien et autre mystiques, à savoir des hommes âgés à l’allure assez austères et revêtants les apparats de la bourgeoisie (tel le guindé Phantom Stranger avec son col à jabot ou encore le sévère Docteur Strange originel pas très chaleureux). Le genre de personnage pas vraiment « terre-à-terre » et qui aurait donc bien du mal à se fondre discrètement dans un univers urbain. D’où l’idée de Moore d’opter pour un magicien en col bleu plus connoté « classe ouvrière » (originaire d’un milieu modeste et donc enclin à fréquenter les pubs).
Basé sur l’apparence de la rockstar Sting du groupe Police (ainsi que le look qu’il arbore dans le film Quadrophenia et surtout son personnage de Brimstone and Treacle, un archétype du « trickster » et autre « con man »), la personnalité du Jerry Cornelius du romancier Michael Moorcock et la culture punk de la fin 70’s/début 80’s (le personnage ayant d’ailleurs fait brièvement parti d’un groupe de punk rock), Constantine s’inscrit en outre dans la longue lignée des détectives de l’occulte (et dont le look vestimentaire lui vaut de rejoindre un groupe surnommé la « trench-coat brigade »), une fonction qui fait donc de lui la figure idéale pour servir de guide/consultant à Swamp Thing.
Après la première phase du run (durant laquelle deux numéros sortent du lot, #21 & #34), Saga of Swamp Thing #37 marque un tournant important à plus d’un titre puisqu’il constitue aussi le début de l’arc « American Gothic », sorte de relecture d’Easy Rider (le road trip, ce genre typiquement américain) à la sauce horrifique (peu après le séjour de Moore aux USA). Signe d’une introduction réussie, John Constantine ne tardera pas à pointer le bout de son nez en dehors du périmètre du Swamp Thing (notamment un caméo dans le Crisis de Wolfman/Pérez), jusqu’à sa consécration en 1987 avec le lancement de sa propre série régulière (sans Alan Moore mais avec Jamie Delano).
ALAN MOORE speaks on what makes working as a comic writer so appealing.
The following excerpt comes from an article which appeared in the November 1993 issue of Wizard magazine. The authors were William A. Christensen and Mark Seifert
Where did the character John Constantine come from ?
Basically, when I take over something as a writer, I always try to work as closely as I can with the artists on the book, so I immediately did my best to strike up a friendship with Steve Bissette and John Totleben. I asked them what they would like to do in Swamp Thing . They both sent me reams of material. Things that they had always wanted to do in Swamp Thing, but never thought they would get away with. I incorporated this into my scheme of things, and tried to pin it all together. One of those early notes was they both wanted to do a character that looked like Sting. I think DC is terrified that Sting will sue them, although Sting has seen the character and commented in Rolling Stone that he thought it was great. He was very flattered to have a comic character who looked like him, but DC gets nervous about these things. They started to eradicate all traces of references in the introduction of the early Swamp Thing books to John Constantine’s resemblance to Sting . But I can state categorically that the character only existed because Steve and John wanted to do a character that looked like Sting. Having been given that challenge, how could I fit Sting into Swamp Thing ? I have an idea that most of the mystics in comics are generally older people, very austere, very proper, very middle class in a lot of ways. They are not at all functional on the street. It struck me that it might be interesting for once to do an almost blue-collar warlock. Somebody who was streetwise, working class, and from a different background than the standard run of comic book mystics. Constantine started to grow out of that.