JOKER : FOLIE À DEUX (Todd Phillips)

Ah mais tu étais sérieux ?
Bien sûr que ça n’existe pas dans le cinéma, c’était une boutade de ma part pour relever le fait que certains films sont « vendus » avec une sorte de label qualité bien souvent usurpé.

La France a le droit de savoir.

Oui. Désolé. Je referai plus.
(Mais je me doutais que cette appellation était une sorte de boutade)

Au cinema ?

Aucun ne peut me plaire ?

C’est aussi problématique dans le sens où cela sert à anoblir ce qui arrange (de fait j’ai beaucoup de mal avec cette appellation) et permet de trier le bon grain de l’ivraie pour une élite. Tu soulignes le cas des films de genre mais l’on voit bien comment cette approche permet de tranquillement méprisé durant deux décennie la série télévisée puisque, crime de lèse majesté, création non d’un réalisateur mais d’avantage d’un scénariste. Ca va mieux aujourd’hui puisqu’un travail a était fait quand au fonctionnement de ce média, le fait qu’on voit bel et bien un corpus créatif des séries d’un même scénariste ou producteur mais il y a encore du progrès à faire.

(mine de rien ca fait très vision de droite individualiste qui a du mal à accepter qu’une oeuvre peut être le fruit d’un collectif)

Ca existe en fait. Pas le label « auteur » mais le label Art et essai existe bien.

Alors j’en avais parlé à la radio à l’époque de la sortie du film, mais je résume à très gros traits : j’avais pas bashé complètement le film, même si j’avais d’énormes problèmes avec son sous-texte socio-politique confus (comprendre : qui bouffe à tous les râteliers, en mélangeant « lutte des classes pour les nuls » et « genèse d’un incel dangereux » sans qu’on voit très bien le rapport), et sa mise en scène (techniquement aboutie, mais inepte sur le plan du langage ciné : chez Scorcese, les mouvements d’appareil sont signifiants, chez Philipps, ils font jolis, pour le dire très vite), ainsi qu’avec la question du traitement scénaristique des troubles mentaux, complètement aux fraises, pour ne pas dire indigne, même si c’est un thème porteur cinématographiquement (perception du réel, tout ça).
Je « sauvais » le film sur deux points : la performance de Phoenix, assez hallucinant dans ce rôle, et le potentiel sous-texte sur la question de l’humour. L’histoire de ce comique qui ne fait rire personnes, en décalage avec le corps social comme ses vannes sont en décalage avec son (non) public, c’est un peu celle de Philipps, qui de son propre aveu renonce au genre comique car il le pense sinistré. Et ça va un peu plus loin que le mec un brin irresponsable qui proclame à qui veut l’entendre en chouinant : « on peut plus rien dire aujourd’hui » (je sens que ce sera un argument de Lord :wink: ). Il y a un réel questionnement à mener sur le champ d’action des comiques aujourd’hui, quelque soit le médium d’expression.

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Plutôt pour les salles que pour les films eux-mêmes, non ?
Sinon, oui, c’est un assez bon équivalent.

Y a que ça que j’ai repéré.

Oui mais ces salles ont ce label parce qu’elles diffusent un nombre suffisant de films ayant eu aussi ce label

Pas mal de séries tv à ses débuts (comme tant d’autres) :

Ouh la, je ne sais pas si on peut sauter à cette conclusion aussi vite. C’est vrai que les Cahiers qui ont promu cette vision aux débuts des années était une bonne revue de droitards (voire d’extrême-droite, pour certains de ses rédacteurs), mais quand ils ont basculé dans le maoïsme à la fin des années 60, ils n’en ont pas changé leur fusil d’épaule pour autant (même si un Godard et quelques autres liés à la revue comme Chris Marker ont essayé de promouvoir des signatures « collectives » des films, avec le collectif Dziga Vertov par exemple). Ils sont restés sur leur définition du cinéma d’auteur, mais en essayant de promouvoir de nouveaux modèles de productions (en très gros : artisanat coopératif contre système industriel, ce qui décale un peu le cadre du clivage droite/gauche que tu évoques).
Mais bon, ça reste un exemple parmi d’autres.

OK.
Je me demande quel est le mode d’attribution de ce label dans les instances du CNC ; là aussi on doit procéder à des grosses généralisations à la serpe, j’imagine.

https://www.art-et-essai.org/11/criteres-de-recommandations-des-oeuvres

Ha non mais je te rassure, je te balance ça entre la poire et le fromage mais ca veut rien dire dans le détail ^^

(mais je pense qu’il y a une approche désacralisée de l’art, limite prolo, au sein de la production américaine et notamment celle de la fiction télé qui coince beaucoup avec la vision art et déconnecté de toute vision mercantile française qui a causé, je pense, beaucoup d’incompréhension et de conflit)

Ah, merci !!
Très très subjectifs, les critères, comme on pouvait s’en douter.

Oui bien qu’il y a des critères objectifs (l’age du film par exemple) et que c’est des label qui évolue (Mad Max, me semble t-il à ce label aujourd’hui).

Même la question du pays est intéressante par exemple avec la Corée et l’Inde qui ont un cinéma d’exploitation et de genre assez incroyable surtout pour l’Inde et de fait le gros blockbo indien pourrait avoir un label a&e en France du seul fait de sa nationalité

(et je pense que c’est le cas, je ne vois pas le CGR de ma ville programmé moult film indiens de ce type parce qu’il kiffe ce ciné)

Là-dessus je te suis tout à fait, c’est très vrai. Et c’est ce qui a valu à la critique française une certaine incompréhension de la part de certains (très) grand cinéastes américains (je pense à Lumet) qui pensaient qu’ils se pignolaient sur les mauvais films, en gros.

Et c’est bien dommage quand tu vois le dernier Rajamouli, « RRR », un énorme coup de boule filmique qui a illuminé mon été…

Ha non mais il le passe (enfin je crois, ce qui est certain c’est qu’il propose régulièrement des films d’actions indiens) mais pas par beauté ou amour de l’art mais parce qu’ils ont ce label ce qui permet à CGR de poser sa candidature pour obtenir la catégorisation art et essai pour ces cinés (et alors là en avant les brouzoufs)

Un lien de carriere plus qu un lien de réalisation ou de thématique entre ses différents films, alors, si je comprends bien.